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Aymard
Aujourd'hui Bigornette a mis de l'Aymard au menu ! Bon appétit.
Aymard est un aimable canard. Il a élu domicile près de la petite mare de Bigorbourg. Attention, j'ai bien dit "près" pas "dans". Parce qu'étant à Bigourbourg vous vous doutez bien qu'Aymard n'est pas un canard comme les autres, d'ailleurs avez-vous connu beaucoup de canards s'appelant Aymard ?
Donc Aymard était un canard qui n'aimait pas l'eau. Il faut dire que caneton à peine sorti de l'œuf, un cousin malintentionné l'avait balancé à la baille alors qu'il ne savait pas encore nager (oui, ça se fait aussi chez les humains et nous sommes d'accord c'est stupide).
Bien sûr Maman Cane avec repêché son rejeton, mais depuis, pas moyen de l'amener à tremper ne serait-ce que le bout d'une palme.
Maman Cane en était fort marrie, rien n'y faisait ni cajolerie, ni menace, ni moquerie, Aymard restait fermement ancré sur ses positions, jamais il ne mouillerait sa petite personne.
Bien sûr Aymard, s'il ne nageait pas avait d'autres atouts. C'était un champion de course à pied, il fallait le voir se dandiner du croupion à toute allure, il était aussi un pro en insectes et en plantes, capable de vous donner la carte d'identité complète de chacun. C'était aussi un canard de garde qui prévenait de l'arrivée du moindre intrus. Bon tout cela était bel et bon, mais pour les autres palmipèdes, ce n'était pas un vrai canard.
Jusqu'au jour où, bien sûr, il y a forcément, un jour où dans mes petites histoires.
Jusqu'au jour où, disais-je donc, l'ami Paterne, le chat, pas le curé, se retrouva coursé par un chien étranger et sur qui sa diplomatie habituelle n'avait aucune prise, en plus, sa complice Belle Aggie n'était malheureusement pas là pour lui sauver la mise.
Notre Paterne détalait donc ventre à terre (et là c'est presque au sens littéral de l'expression qu'il faut le prendre dans la mesure où les pâtées de Pélagie étaient copieuses et goûteuses) devant le monstre baveux qui tenait absolument à le croquer.
Complètement affolé Paterne zigzaguait comme un fou à travers champs sans plus trop savoir où il se trouvait.
Brusquement, le sol se déroba sous ses coussinets et il fit un floc magistral dans la mare d'Aymard.
Il se mit à miauler au secours, il arrivait bien à patauger mais la nage ce n'était pas son truc.
Entendant les miaulements désespérés de son ami, Aymard battit des records pour arriver le plus vite possible sur les lieux du drame suivi de peu par Venceslas.
Le pauvre Aymard essaya bien de rameuter sa famille plumeuse, mais ceux-ci n'étaient pas assez véloces pour arriver à temps.
Faisant une brève prière à Saint Adjutor, Saint patron de nageurs (vous pouvez vérifier c'est vrai et en plus il était normand) et se jeta à l'eau. Après un bref moment de flottement (mot à comprendre au figuré) Aymard réussit à rétablir sa ligne de flottaison et battant des palmes comme un plongeur poursuivit par un requin, il arriva près de Paterne au moment où celui-ci buvait la tasse.
Il plongeât, passa sous le pauvre minet sonné pour le hisser sur son dos et regagna la berge en gîtant de toutes parts.
Pendant ce temps, Venceslas, d'une magistrale ruade, avait renvoyé l'affreux canidé dans ses buts.
Délicatement entre des grandes lèvres de peintre, il attrapa par la peau du cou un Paterne transformé en serpillière dégoulinante et le déposa sur la terre ferme où il se répandit en flaque.
Aymard quant à lui faisait le tour de la mare en cancanant de plaisir, c'était super chouette de nager en fin de compte.
Sur le bord de l'eau, le reste de la bande de canards était enfin arrivé et ils se mirent à applaudir (mais si à Bigorbourg les canards peuvent applaudir) à la fois le sauvetage de Paterne qui commençait à retrouver ses esprits et le fait de voir qu'Aymard avait surmonté sa phobie de l'eau.
Quand le héros regagnât la berge Maman Cane fière comme un paon (bon pas de réflexion voulez-vous !) congratulât son rejeton, tandis que Paterne lui débarbouillait le bec d'une langue râpeuse en ronronnant de reconnaissance.
Laissant les canards faire la fête pour le retour du fils prodigue en quelque sorte, Venceslas raccompagna Paterne qui pu se remettre de ses émotions réconforté par la chaleur d'Honorine, la gamelle de Pélagie et les tendres câlineries de Belle Aggie.
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Commentaires
1ABCMercredi 11 Novembre 2009 à 10:02Répondre
tes cartes postales sont très émouvantes! et tes arbresont bien transformé tout cela pour te dire que j'ai visité jusque là... bisous
Belle fable que celle d'Aymard ;
Bravo
Bises Martine
je ne suis pas de bonne heure à venir te lire , mais cela aurait été dommage que je loupe un si bel épisode
bisous de la grandmère des côtes d'armor23BigornetteSamedi 18 Janvier 2014 à 17:43Quel bonheur de lire ce conte..;car là franchement c'est le conte du canard Aymard qui n'aimait pas l'eau et se mit soudain à nager pour sauver son ami le chat... j'adore... un grand plaisir... tu as un vrai talent...et je suppose qu'à l'arrivée tu auras plusieurs petites histoires à mettre dans le même gros livre... bravo... bisous et grand merci... bonne journée à toi...24PATSYSamedi 18 Janvier 2014 à 17:43
Et voilà le corps des SDLMC (Sauveteurs De La Mare du Coin-coin) voit le jour. Il était temps, reste à enrôler d'autres Sauveteurs en puissance, mais je pense qu'il y a beaucoup de travail à faire au niveau de l'entrainement pédestre...Bisouches. Cronch à Thalis.
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