• Aujourd’hui pour Jill-Bill nous accueillons Damon dans la cour de récré.

    En ce beau matin, Wallis, la charmante peintre en "église" vaque tranquillement à ses affaires.

    Elle repeint l'intérieur de l'église de Bigorbourg, avec la bénédiction du Père Paterne et de ses ouailles ravis de découvrir, jour après jour, les mille et un secrets qu'elle cache dans ses vieilles pierres (l'église, pas Wallis ! Voyons).

    Wallis a décidé, aujourd'hui, de s'attaquer à un petit recoin planqué derrière le confessionnal.

    Elle commence par examiner les lieux, il ne semble pas y avoir beaucoup de sculptures à pomponner, mais un peu de peinture ne pourra qu'éclairer avantageusement cet endroit un peu tristounet.

    Wallis examine sa palette, voyons, voyons, un peu de jaune pâle, un ocre léger ou un joli bleu pastel ? Elle est en pleine réflexion lorsque floc, un petit caillou atterrit dans son gobelet d'eau.

    "Oh, j'espère que le toit ne va pas me tomber sur la tête" s'exclame Wallis avant de se replonger dans ses tubes de peinture.

    Bing, cette fois, c'est sur sa tête qu'un petit éclat de pierre rebondit.

    "Ouille, il va falloir que je prévienne le Père Paterne, son église est en train de partir en morceaux"

    Et, à nouveau Wallis retourne à ses pinceaux. Voilà, ce bleu paraît parfait. Et pendant l'heure qui suit notre jeune amie habille le mur d'un beau bleu qu'elle agrémente de motifs floraux d'une teinte un peu plus soutenue. Elle est satisfaite d'elle, mais elle s'aperçoit vite qu'elle n'est pas assez grande pour atteindre le haut de l'alcôve.

    Elle va chercher une échelle et comme un écureuil, elle l'escalade pour s'occuper du haut du mur.

    "Et si je mettais un bleu plus foncé ? Comme si la nuit était en train de tomber, oui, oui, oui !!! Allons-y !"

    Wallis se remet à peindre en sifflotant lorsque tout à coup, elle pousse un cri.

    Elle vient de tomber nez à nez avec une très curieuse statue, qu’est-ce donc, ça pourrait ressembler à une gargouille, mais une gargouille en intérieur c’est rare !

    Alors détaillons cette drôle de chose ? Ce doit être bipède, ça a une grosse tête avec des oreilles pointues dignes d’une chauve-souris croisée avec un éléphant d’Afrique, des grands yeux pas vraiment aimables, un nez qui a du se prendre une porte en acier.

    « Eh bien mon pauvre vieux, je ne sais pas à qui pensait celui qui t’as sculpté, mais il devait drôlement lui en vouloir. Bon, ceci dit ce n’est pas une raison pour te délaisser, hein ? Voyons, qu’est ce qui pourrait t’aller comme couleur ? »

    « A voir la façon dont tu es habillée, je vais me retrouver vert à pois roses ! »

    « Qu’est ce qu’ils ont mes vêtements, ils sont très bien mes vêt… » Wallis s’arrête le bec ouvert, avale sa salive et reprend d’une voix qui trémole (verbe dérivé du mot trémolos, ne cherchez pas dans le dictionnaire, je viens de l’inventer, je trouve que c’est mieux que trémule) « Euh qui a parlé ? ». Elle regarde à ses pieds, peut-être un gamin caché dans l’église, elle voudrait bien s’en convaincre parce que sinon l’autre explication, eh bien l’autre explication, elle sent qu’elle va avoir du mal à la digérer.

    « Moi, p’tite tête, comme si tu n’avais pas compris ! »

    Wallis respire un grand coup, s’agrippe fermement à son échelle et relève le nez. Ses yeux plongent dans ceux sardoniques de la pseudo-gargouille qui l’observent, goguenards. Et en plus, il lui tire la langue l’affreux malappris !

    « Bon, je disais, que tu as intérêt à ne pas me louper, parce que permets-moi de te dire qu’on a l’impression que tu es tombée dans tes pots de peinture ! »

    Wallis jette un rapide coup d’œil en direction de ses vêtements, en fait je devrais plutôt dire qu’elle se retrouve atteinte de strabisme divergent, un œil sur ses vêtements et l’autre ne lâchant pas le petit bonhomme qui la regarde tout en jouant ostensiblement avec les griffes qui ornent le bout de ses doigts.

    Donc ses vêtements, une belle jupe qui ressemble à un arc en ciel, un chemisier qui rendrait un paon tellement jaloux qu’il en perdrait ses plumes et un bandeau pailleté pour retenir ses longs cheveux, rien d’extraordinaire quoi !

    « Ouais, ma poulette, un oiseau de paradis ferait un infarctus en te regardant »

    « Non, mais dis donc, toi, je ne te permets pas ! Je ne suis pas ta poulette ! »

    « Ah, mais c’est qu’elle a du cran, la petite ! Je ne te fais pas peur peut-être ? »

    « Un petit peu, peut-être, mais je trouve que tu as une bonne tête, moche d’accord, mais bonne quand même ! »

    Le petit être manque de s’étouffer, il s’attendait à voir la donzelle dégringoler de son échelle et partir en piaillant et la voilà qui lui tient tête.

    Il prend le parti d’en rire « Tu me plais bien tiens, bon et si on discutait chiffons ? » et il lui décoche un sourire plein de dents (plein de beaucoup, beaucoup de dents)

    Wallis ne peut pas s’empêcher de respirer un bon coup, bon il n’a pas l’air d’un si mauvais diable. Tiens et d’ailleurs, elle interroge « Tu es quoi au juste ? »

    « Je suis la représentation des péchés des gens du coin, faut dire que juste au-dessus du confessionnal, je suis aux premières loges »

    « Euh, si je peux me permettre tu n’as pas l’air bien terrible »

    Le petit drôle pousse un gros soupir « Et non, les gens d’ici n’ont que des peccadilles à se reprocher, ah c’est sûr que je ne ressemble pas à mes confrères de certaines villes ! »

    Wallis sourit, amusée.

    « Tu sais, en fin de compte, je te trouve plutôt mignon ! Tu t’appelles comment ?»

    « Damon, en haut lieu on a jugé que le prénom Démon n’était pas fait pour moi, alors ils ont changé une lettre. Mignon, c’est vrai tu me trouves mignon ? » Et voilà notre succédané de démon qui se tortille d’embarras.

    « Oui très mignon et ce prénom te va très bien. Bon Damon et si on se mettait au boulot ! »

    Et au milieu des rires (ben oui, les pinceaux ça chatouille, on peut être en pierre et être quand même chatouilleux), Wallis s’applique à réaliser un beau costume pour Damon, le diablotin. Comment est ce costume ? Je vous laisse le plaisir de l’imaginer (je ne vais quand même pas faire tout le travail), une chose est sûre Damon est ravi et lorsque Wallis vient s’occuper de l’église, il la suit partout pour lui donner un coup de main. Je me suis même laissé dire qu’il commence à l’aider à peindre.

    http://i42.servimg.com/u/f42/09/02/08/06/damon10.jpg 

     Je remercie tout particulièrement Kri qui a bien voulu me prêter son « Damon » pour illustrer ma petite chronique de la semaine, Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne sa bouille me fait craquer. Je vous invite vivement (pour ceux qui ne la connaissent pas encore à aller visiter son beau site de photos et de mots ici).

    Attention sa photo n’est pas libre de droit.


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  • Wallis continue de repeindre l'église de Bigorbourg, elle s'est toutefois mise d'accord avec le Père Paterne pour ne pas aller aussi loin que la charmante chapelle que j'avais vu chez Nathie et que j'avais gardée dans un coin de ma tête pour une utilisation bigorbourgeoise.

    Merci à Nathalie de m'avoir prêté sa photo et pour son article c'est ici

     

    rose


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  • Wallis prénom de la semaine pour la Cour de Récré de Jill Bill. Mais où va-t-elle nous chercher tout ça ?

    Ce matin, comme tous les matins, le Père Paterne se rend dans son église histoire d'imiter Don Camillo et tailler une petite bavette avec Jésus et les habitants à demeure que sont l'ange Blaise toujours coincé dans son bigorneau et Doria la petite étoile semeuse de muguet.

    Mais ce qui change des autres matins, c'est la curieuse odeur de peinture qui règne. Venceslas, l'âne peintre se serait-il laissé enfermer ?

    Le Père Paterne commence donc une tournée d'inspection, vite bouclée car l'église de Bigorbourg n'a quand même pas la taille de Notre-Dame de Paris et que Venceslas est plus gros et moins furtif qu'un chat !

    Perplexe, il se gratte la tête et renifle une nouvelle fois, pas de doute ça sent bien la peinture.

    Il se met donc à fureter sous le regard bienveillant de Jésus dans les bras de sa mère. (Juste une parenthèse, il y a bien une croix au-dessus de l'autel, mais elle est vide, le Père Paterne est un sensible il préfère Jésus enfant plutôt que supplicié).

    Lorsqu'il passe près de la statue, il lui semble entendre un petit rire. Jésus et Marie se moqueraient-ils de lui ? Il lève la tête prêt à engager la conversation lorsqu'il reste sidéré.

    Depuis qu'il est prêtre à Bigorboug, cette statue a toujours été vaguement blanche, vaguement grise et là, ahuri, il contemple une vierge revêtue d'une somptueuse robe bleue parsemée de fleurettes jaunes, l'auréole bien dorée, le teint délicatement rosé avec un sourire cerise. Jésus, brun et potelé, est enveloppé dans … Paterne est tellement sidéré qu'il en choit sur le premier banc à portée, Jésus, donc, est enveloppé dans un plaid écossais vert et rouge.

    Oui, vous avez bien lu, l'enfant Jésus sourit de toutes ses dents au milieu d'un tartan que ne renierait aucun clan écossais.

    Le Père Paterne se creuse la tête, voyons, voyons, sa fidèle gouvernante Pélagie n'aurait quand même pas osé allonger son café matinal d'une bonne rasade de Calvados quand même !

    Il secoue le chef, histoire de s'éclaircir les idées et de dissiper ce qui doit être une hallucination, à nouveau il regarde la mère et l'enfant, et… ils sont toujours aussi, aussi, comment dire, aussi étonnants, voire détonants !

    Un brin égaré, il fouille l'église du regard, il ne voit décidément rien, pas d'âne farceur, pas de bigorneau mort de rire.

    Pour en avoir le cœur net, il va voir Blaise et l'interroge. Mais l'ange fait la sourde oreille et Paterne sent bien que ce coquin jubile.

    Un léger mal de tête commençant à se faire jour, il préfère sortir et aller se promener.

    Lorsqu'il revient, l'après-midi, lesté du délicieux repas de Pélagie, il envisage la vie avec beaucoup plus de sérénité. Il a sûrement dû rêver.

    Il entre à nouveau dans l'église et l'odeur de peinture est encore là ! C'est maintenant les deux colonnes qui encadrent Marie et Jésus qui se sont transformées. Les motifs végétaux qui les décorent arborent maintenant des teintes multicolores somptueuses. Paterne se rend même compte qu'il aperçoit maintenant des détails qui jusqu'à maintenant lui avaient échappé, ici des oiseaux se nichent entre les branches, là c'est le museau d'une souris qui pointe, ailleurs il devine la queue d'un renard qui disparait dans les profondeurs de la pierre.

    Bref, s'il n'avait pas les pieds sur terre, le Père Paterne crierait au miracle, encore qu'à Bigorbourg ce ne soit pas une impossibilité ! Mais que voulez-vous, il faut croire que son second prénom est Thomas parce qu'il décide de tirer ce mystère au clair.

    La nuit venue, il se glisse subrepticement dans son église. L'odeur de peinture est toujours bien là, mais en plus, il y a maintenant une lumière dorée qui luit, tandis qu'une voix douce chantonne.

    A pas de loup, Paterne s'approche et là, il découvre palette dans une main, pinceau dans l'autre, une charmante jeune femme, échappée des années "Peace and Love", cheveux parés des fleurs, revêtue d'une robe chamarrée, qui tranquillement s'occupe à peindre un angelot qui semble tellement content de ses belles ailes mauves qu'on le sent prêt à s'envoler.

    Le Père Paterne n'a même pas le temps d'interpeler l'étrange demoiselle que celle-ci se retourne et lui sourit.

    "Bonsoir mon père ! Que pensez-vous de mon travail ?"

    "Eh bien, euh" balbutie le Père Paterne "c'est un peu surprenant, je dois dire !"

    Un rire perlé lui répond "Surprenant certes, mais je ne fais que rendre à votre église les couleurs qu'elle ahttp://www.boutique-jourdefete.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/6/0/6037_1.jpg perdu au fil du temps."

    Paterne ne peut qu'opiner.

    Et maintenant, les Bigorbourgeois lorsqu'ils viennent faire un petit tour à l'église peuvent admirer les œuvres de Wallis et c'est chaque fois une surprise et un bonheur de se laisser porter par l'imagination de cette drôle d'artiste.

     

    (Vous avez bien sûr noté mon idée tordue : Wall pour les murs bien sûr)


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  • Aujourd'hui, notre maîtresse nous demande d'accueillir Dante dans notre cour de récré. Donc, nous avons un Dante grand poète d'un côté et de l'autre un prénom qui signifie endurant ou obstiné. Il convient donc de mixer un peu les deux.

    Depuis quelques jours, Marguerite, la partie bipède de la Société Marguerite et Marguerite, s'inquiète au sujet de la partie quadrupède de la même Société.

    En effet, Marguerite la vache n'a pas le cœur à l'ouvrage, elle se traîne, broute et rumine du bout des lèvres, bref elle a du vague à l'âme.

    Marguerite l'humaine essaye bien de lui redonner un peu d'appétit en lui proposant de belles herbes goûteuses, de tendres fleurs parfumées, en la brossant avec tendresse, mais non, Marguerite la vache continue à soupirer (si les vaches de Bigorbourg peuvent soupirer !).

    Et puis, la nuit Marguerite, la deux pattes, entend bien que son homonyme bovin sort en catimini de son étable et forcément quand vous pesez dans les 500 kilos ce n'est pas facile d'avoir le pas léger.

    Bref, Marguerite la grand-mère a décidé d'en avoir le cœur net. Ce soir, elle suivra sa protégée et espère bien découvrir ainsi ce qui la tracasse.

    Il est minuit et voilà Marguerite qui s'éloigne sur la pointe des sabots, suivie en douce par une Marguerite chaussée de baskets.

    L'une à la remorque de l'autre, les voilà qui atteignent bientôt le bois de Bigorbourg et s'y enfoncent.

    Marguerite meugle doucement et l'autre Marguerite entend un écho, manifestement quelqu'un répond.

    Les buissons qui bordent le chemin se mettent à bouger comme pris dans une tempête et apparaît (bon vous vous doutez bien de qui peut apparaître !) quelque chose plus sombre que la nuit. Marguerite, l'humaine regarde, sidérée, émerger du bois, une belle paire de cornes bien blanches qui semblent flotter au-dessus du sol.

    Son hoquet de surprise semble effrayer l'animal qui s'approchait car elle entend un grand bruit et le son d'un galop qui s'éloigne dans la nuit.

    Marguerite la vache se retourne et fixe sa vieille amie avec ce qui semble être du reproche dans ses grands yeux tout doux.

    Marguerite se sent un peu penaude mais surtout terriblement curieuse. Il va falloir que Marguerite bis s'explique. Mais ça ce sera pour demain quand il fera jour et les deux Marguerite rentrent à la maison, celle a quatre pattes traînant et rouspétant (se reporter à ma précédente remarque concernant les soupirs).

    Le lendemain, après une réunion au sommet du staff de la Société Marguerite et Marguerite, les deux associées se rendent en plein jour dans la forêt.

    Marguerite lance son plus mélodieux meuglement et après quelques instants d'attente elles entendent l'approche peu discrète de ce qui doit représenter une masse conséquente.

    La Marguerite de 50 kgs s'inquiète un peu, mais deux grands yeux noirs et sereins se posent sur elle, et c'est ce regard qui l'accroche avant qu'elle n'avise les deux cornes bien pointues qui les surmontent. En fermière expérimentée, Marguerite oublie vite son appréhension et s'approche du superbe taureau qui frotte son museau contre celui de Marguerite la vache (franchement je vais finir par m'y perdre au milieu de ce champ de fleurs). Elle le caresse doucement et ses doigts effleurent les bourrelets d'anciennes cicatrices qui constellent les épaules puissantes du nouveau venu. Elle sent les larmes qui lui montent aux yeux, nul doute qu'elle a devant elle un rescapé des arènes, comment est-il arrivé jusqu'ici et comment fait-il pour paraître si doux malgré ce qu'il a subi, elle ne le sait pas, ce qu'elle sait en revanche c'est que Marguerite bis semble sous le charme.

    Bien pour ce qui est de l'endurance et de l'obstination, je pense que je n'ai pas besoin de vous faire un dessin, mais en quoi Dante le taureau est-il un poète ?

    Peut-être bien parce qu'il aime passer du temps le nez en l'air à admirer les nuages, parce qu'il n'hésite pas àhttp://monia2009.m.o.pic.centerblog.net/buptq48c.gif cueillir délicatement du bout des dents des fleurs pour les offrir à sa belle et aux dames qui passent et peut-être aussi parce que grâce à lui la Société Marguerite et Marguerite a une corde de plus à son arc.

    C'est ainsi que lorsque le temps le permet, pour les mariages, les goûters d'anniversaire, les fêtes au village, le paisible Dante se laisse atteler à une charmante carriole bariolée et promène qui le veut bien dans les rues de Bigorbourg.


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  • Jill Bill nous demande d’inviter le très étrange prénom Germinie dans sa cour de récré.

    Ce matin, c’est le premier jour du printemps (je sais je suis un peu en retard sur le calendrier encore que !), Faustine, la dame des quatre saisons vient de se réveiller sous sa forme enfantine.

    Elle aime bien cette renaissance car elle lui permet de retrouver sa petite amie Germinie et de jouer avec elle.

    Tiens, Germinie d’ailleurs, où est-elle et que fait-elle ?

    Tandis que Faustine s’amuse à faire des couettes avec ses cheveux d’un blond tout clair et décide de revêtir une jolie robe bleu clair pour fêter le renouveau de la nature, Germinie de son côté se réveille de son long sommeil hivernal.

    Romphaire, le gardien du cercle des fées, est là, comme chaque année près à l’accueillir. Il attend avec impatience son apparition.

    Et voilà que justement, sous ses yeux émerveillés, le petit miracle se produit à nouveau.

    Au centre du cercle de champignons, une brume iridescente commence à se condenser. Elle vibre et tourbillonne tandis que les oiseaux tout autour se mettent à gazouiller de bonheur, eux aussi l’aime tendrement la charmante Germinie.

    Les couleurs se mélangent et dans un jaillissement triomphant le contour de la fée apparaît.

    Je vous arrête tout de suite, Germinie est sans conteste une fée, mais ne vous attendez pas à lire des mots comme ailes diaphanes, teint de rose, cheveux de lin, démarche de reine, bref toutes les expressions habituellement associées habituellement aux fées. Non, non, non, ce n’est pas le cas.

    D’ailleurs, si Romphaire et les oiseaux adorent cette demoiselle c’est justement parce qu’elle n’a pas ce côté inaccessible et hiératique de la plupart de ces belles personnes.

    Non, non, la petite silhouette qui se matérialise est résolument follette, des cheveux rouquins en bataille, des grands yeux violets, un nez retroussé et constellé de taches de rousseur, une bouche rouge comme une fraise des bois, des joues rebondies et creusées de fossettes, un corps dodu comme celui d’un bébé.

    Germinie, éclate de rire, se secoue comme un jeune chien envoyant le restant de brume qui la recouvre valser de-ci de-là. Elle saute joyeusement par-dessus le cercle de fées, attrape Romphaire qui en bougonne de plaisir et l’entraîne dans une valse endiablée qui le laisse essoufflé, le bonnet en bataille, mais tellement heureux.

    Puis, elle lui plante un gros baiser sur le nez, défroisse sa robe de vichy vert et file à toute allure rejoindre Faustine.

    Quelles joyeuses retrouvailles ! Les deux amies papotent, papotent, se racontant les dernières nouvelles, du pays des fées, de Bigorbourg, des bêtises des uns, des amours des autres, bref, deux petites filles pleines de vie qui se retrouvent dans la cour de récréation.

    Seulement voilà, ces petites filles là ont un travail bien précis à remplir et il est temps de s’y mettre.

    C’est qu’elles ont le printemps à mettre en route ces demoiselles !

    Mais, franchement, ce travail est aussi un plaisir et un amusement.

    Faustine attrape de belles balles et se met à jongler, les éclats de couleur qui s’en échappent s’en vont se glisser dans les graines enfouies qui donneront naissance aux fleurs.http://i42.servimg.com/u/f42/09/02/08/06/germin10.jpg

    Germinie elle préfère la corde à sauter et à chaque saut l’herbe reverdit et les oiseaux accourent en pépiant.

    Ensemble, elles surveilleront aussi les animaux nouveau-nés, elles se glisseront dans le jardin des hommes pour y semer des grains de folie.

    Chaque soir, elles se retrouveront dans la maisonnette de Faustine pour un repos bien mérité et elles se régaleront de chocolat et de chamallow, il ne faut pas croire, mais même si ces jeunes personnes sont parfaitement conscientes de leurs devoirs, elles savent aussi s’amuser comme les enfants qu’elles sont en ce début de printemps.


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