• Et un petit verre de Pétrus pour la cour de récré de Jill Bill, un !

    Petit Pierre est très en colère mais aussi très très triste.

    Depuis de nombreux jours, un des grands de l'école se moque de lui, parce qu'il est petit justement ou parce qu'il a les cheveux d'un beau roux flamboyant ou parce que lorsqu'il a perdu un de ses dents de lait il a dit à ses copains que la petite souris allait passer et que ce affreux, vilain, méchant, beurk, pouah, caca, l'a entendu, a ri méchamment et a osé dire que la petite souris n'existait pas !

    Bref, ça fait maintenant un moment que Petit Pierre passe des larmes à la colère et malgré toute leur bonne volonté, Mademoiselle Agathe l'institutrice et ses parents n'arrivent pas à lui faire dire ce qui ne va pas.

    Aujourd'hui c'est le week-end, Petit Pierre est dans le jardin de ses parents et pour se passer les nerfs, il shoote dans tous les cailloux qui passent à portée de ses baskets.

    Quand tout à coup !

    "Aïe, ça va pas la tête ? Tu m'as fait mal !"

    Sidéré Petit Pierre se baisse et là devant lui, il y a un minuscule, mais vraiment minuscule bonhomme tout habillé de gris.

    Petit Pierre bougonne "T'as qu'à pas être en gris, et t'as qu'à pas être si petit et t'as qu'à pas ressembler à un bête de bête caillou !"

    Le petit être se redresse de toute sa microscopique taille, toise l'enfant boudeur et affirme "Oh, toi tu as un gros, gros problème. Je suis sûr que je peux t'aider !"

    "Pfff" souffle Petit Pierre "T'es trop minable pour pouvoir m'aider, et pis personne y peut m'aider d'abord !"

    "Non, mais dis donc, qui t'as permis de me traiter de minable ? C'est parce que je suis plus petit que toi ? Oui, c'est ça le problème n'est ce pas ? Toi tu es le plus petit de quelqu'un qui te traite aussi de minable ! Je me trompe ?"

    Petit Pierre en reste d'abord bouche bée, puis il tombe par terre, il éclate en sanglots et déballe tout à ce microbe d'inconnu, tout ce qu'il n'a pas osé dire à sa chère Mademoiselle Agathe ou à ses parents. Il explique les mots méchants, les tapes, les croche-pieds, les bousculades, toutes les humiliations que le grand lui fait subir quand personne ne les regarde.

    Et quand tout est sorti, Petit Pierre renifle un grand coup, se passe le dos des mains sur les joues pour essuyer ses larmes et essaye de reprendre son souffle en hoquetant.

    Pendant ce temps le petit bonhomme a réussi à se hisser sur le genou de l'enfant qu'il tapote gentiment.

    "T'en fais pas mon grand, je vais te donner un coup de main. Quand tu retourneras à l'école lundi, je m'installerai sur ton épaule et je te dirai ce qu'il faut lui répondre à ce grand méchant"

    "Mais il va te voir"

    "Non, il n'y a que toi qui puisse me voir. Au fait, je m'appelle Petrus, tu sais ce que ça veut dire ?"

    "Non, je sais pas !"

    "Ca veut dire petit caillou, nous avons presque le même prénom, c'est rigolo non ?"

    Tout-à-coup, comme le soleil se levant après un gros orage, voilà que l'espoir déboule dans le cœur de Petit Pierre. Il a trouvé quelqu'un qui le comprend, quelqu'un qui va l'aider, il n'en doute pas une seconde.

    Et lundi, nos deux amis s'en vont à l'école. A l'heure de la récréation Petit Pierre se fait coincer par son tortionnaire qui commence à lui dire des horreurs, mais voilà que Pétrus se met à dicter ses réponses à Petit Pierre et celui-ci les renvoie comme des cailloux vers le Grand.

    Et ces paroles font mouche, elles lui font mal, comme les siennes ont fait mal à Petit Pierre, le voilà qui semble rentrer dans sa coquille comme un escargot menacé, il tourne les talons et s'enfuie sous le regard satisfait de Petit Pierre qui a même eu le temps d'apercevoir une larme couler sur la joue de son ennemi.

    "Et voilà" dit Pétrus "il ne t'ennuiera plus maintenant"

    "Chouette, tu vas rester avec moi, hein et puis tu me souffleras plein de méchantes choses à dire aux autres, et ce sera moi le chef !"

    "Non, non, mon petit ami, il ne faut pas agresser les autres juste pour se sentir important ce n'est pas bien, et puis si tu dis des méchancetés à tes amis, tu crois qu'ils continueront à t'aimer ? Maintenant tu es assez fort pour te défendre mais, il ne faut pas abuser de ce pouvoir surtout. Promis ?"

    Petit Pierre pèse le pour et le contre. C'est vrai qu'il n'a pas envie de perdre ses amis alors il acquiesce.

    "D'accord, promis. Mais, dis tu ne vas pas partir, on va rester copains ?"

    Pétrus se met à rire doucement "Bien sûr mon petit bonhomme, on va rester copains, mais j'ai d'autres enfantshttp://4.bp.blogspot.com/-oXr-9AhHJMk/TpWOjIZjwOI/AAAAAAAABS4/kCu4y2VDs0A/s1600/sad_jour_sans_noir_blanc_bonhomme_mimi.jpg à aider alors, maintenant il faut que j'y aille"

    Et hop, tout à coup plus personne n'est perché sur l'épaule de Petit Pierre. Il pousse un soupir et s'en va rejoindre ses camarades de classe.

    Inutile de dire que Mademoiselle Agathe et ses parents sont très heureux de le voir redevenu lui-même.

    Et le vilain garçon ? Il semble avoir compris la leçon et se tient tranquille maintenant, espérons que ça dure !


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  • Hier, j'ai laissé la pauvre Théodora toute dolente. Va-t-elle surmonter sa dépression, va-t-elle retrouver son cher époux ? Vous allez bientôt le savoir.

    Bien sûr à Bigorbourg, les nouvelles bonnes ou mauvaises font vite le tour de la population. Ainsi le petit Aubain a appris à sa grande amie l'ondine Olive que Théodora ne faisait que picorer un peu de nourriture.

    Ni une, ni deux, Olive prend vite les choses en main ! Ainsi, depuis quelques jours Pernelle découvre devant sa porte des herbes aquatiques qui ont l'air particulièrement goûteuses et il faut croire qu'Olive les a un chouia enchantées, parce que Théodora s'en régale. Tout doucement elle reprend des forces et des formes, son cou retrouve son bel arrondi, sa blessure cicatrise bien et son aile meurtrie se fait plus mobile et vigoureuse. Pernelle en est toute heureuse bien sûr.

    Augusta de son côté est toujours préoccupée par la façon dont il va être possible de rassembler les amoureux.

    Durant la convalescence de Théodora et profitant de l'hiver, un petit groupe de bigorbourgeois mettent sur pied une opération de grande envergure pour faire passer l'information concernant le lieu de villégiature forcée de la belle.

    C'est ainsi qu'Olive envoie la nouvelle par le biais de ses sœurs des cours d'eau.

    Eve la reine de la forêt dépêche quelques membres du petit peuple dans les bois environnants pour que, de proche en proche, le renseignement soit transmis dans les endroits les plus reculés (un peu comme dans les 101 dalmatiens si vous voyez ce que je veux dire).

    Landry le vent et son complice Marius l'éclair mettent sur le coup tous les parents qui passent au-dessus de Bigorbourg.

    Quant à Géraud, notre ravi sculpteur de nuages, il emploie tout son art à transformer les nuées en gracieux cygnes qui se mettent à voguer dans toutes les directions.

    Bref, tout est fait pour prévenir la famille de la belle Théodora, qui mise au courant des efforts des uns et des autres, et pour les remercier de leur implication, s'emploie à essayer d'oublier son angoisse et donne un coup de main à Augusta la baby-sitter en racontant de belles histoires de princesses transformées en cygnes (à moins que ce ne soit le contraire).

    Un beau matin, le printemps déboule. Le cœur de Théodora se met à battre plus fort. Va-t-elle avoir des nouvelles ? Seront-elles bonnes ou mauvaises ?

    Elle s'est installée sur la rivière et passe son temps, le cou tendu, à regarder passer les V des oiseaux revenant de migration. Espérant à chaque fois, mais toujours déçue. Tous ses amis en sont aussi bien malheureux.

    Alors que l'espoir va finir par sombrer, voilà qu'on entend au loin un bruit étrange, comme celui d'une trompette. Aussitôt Théodora commence à s'agiter et de doux sifflements de bienvenue lui échappent. Elle a reconnu son cri, il arrive.

    Et devant les curieux réunis pour assister à la réunion des amoureux, voilà qu'un superbe cygne noir se pose sur l'eau, glisse vers Théodora et enlace son cou au sien. Un peu partout des larmes de bonheur coulent et des hourras s'élèvent.

    A quelques temps de là, Théodora et son époux offrent à Bigorbourg une bien belle surprise. Sept superbes petits cygneaux d'un beau gris viennent rejoindre leurs parents sur l'Olive. Et les paris sont ouverts, de quelle couleur seront-ils lorsqu'ils seront plus grands ?

    Je ne pense pas que cygne blanc et cygne noir puissent s'apparier, mais à Bigourbourg tout est possible. En revanche, non les cygnes ne sont pas muets, la preuve avec cette petite vidéo. De même ils ne mangent pas de poissons, mais sont bel et bien végétariens.

     


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  • Aujourd'hui c'est Théodora qui est l'invitée de la Cour de récré de Jill Bill.

    Ce matin-là, le jeune Aubain tambourine à la porte de Monsieur Lazare, déclenchant les aboiements de Casimir qui finissent de tirer du lit le docteur bénévole de Bigorbourg. Les cheveux en bataille, les yeux papillotant il ouvre la porte à un petit garçon qui trépigne d'impatience

    "Vite, vite, vite ! Il va mourir, il va mourir !"braille-t-il

    Un peu secoué Monsieur Lazare interroge "Qui va mourir ?"

    "L'oiseau, le bel oiseau ! Vite, vite, vite !"et voilà qu'Aubain attrape par la main un docteur de pyjama, robe de chambre et pantoufles et le tire vaille que vaille jusqu'au jardin municipal.

    Et là, Monsieur Lazare découvre un beau cygne dont le plumage blanc est ensanglanté par une blessure qui raye une de ses ailes. Ses yeux profonds paraissent déjà partis ailleurs.

    Tout doucement les deux acolytes s'approchent du blessé qui émet un léger sifflement de douleur et de mise en garde.

    "Va vite chercher Pernelle et Thècle"s'écrie Monsieur Lazare tendant une main apaisante à l'oiseau. Mais celui-ci est si faible que ses yeux se ferment.

    Dès que la petite fermière et la sorcière sont arrivées, le trio prend en charge le pauvre animal. Aubain dûment remercié et assuré d'avoir des nouvelles de sa protégée, file vite à l'école, pressé de raconter son aventure à ses camarades.

    "Ce sont des plombs" rage Pernelle

    "Il y a des coups de balai qui se perdent"enchérit Thècle

    Mettant en commun leurs connaissances, qui en médecine, qui en herboristerie, qui en manipulation d'oiseau, le blessé est emmené chez Monsieur Lazare et soigné. Enfin, la blessée comme le découvre rapidement Pernelle.

    "Théodora, elle s'appelle Théodora" décrète Thècle "elle est un cadeau tombé du ciel"

    "Va pour Théodora"acquiesce Monsieur Lazare qui maintenant que sa patiente est dûment pansée, ne rêve plus que d'un grand bol de café.

    Et voilà que Théodora se réveille et effrayée par cet entourage inconnu, se met à siffler de détresse. Un bref aboiement de Casimir semble la tranquilliser, mais elle continue de trembler.

    "Je vais l'emmener à la ferme"propose Pernelle "Augusta mon autruche saura la rassurer et je pourrai la nourrir"

    Presque aussitôt dit, presque aussitôt fait. Théodora est doucement enroulée dans un drap pour éviter qu'elle ne se blesse plus en se débattant puis placée dans la voiture de Monsieur Lazare qui toujours en pyjama, mais ayant troqué ses chaussons contre des chaussures, la conduit à la ferme de Pernelle.

    Augusta prend très volontiers en charge la nouvelle venue et fait tout ce qu'il faut pour la réconforter.

    Mais hélas, Théodora ne semble plus avoir le goût de vivre, c'est à peine si elle touche aux herbes goûteuses que Pernelle lui propose. Sa tête paraît trop lourde pour son cou gracieux, ses yeux débordent de peine.

    Pernelle a beau bien connaître les animaux, elle ne peut deviner que Théodora a peur que les coups dPA170031e fusil qui l'ont blessée et séparée des siens n'aient aussi tué son cher époux. Même s'il a survécu comme nt vont-ils pouvoir se retrouver ?

    Et au fil des jours la belle Théodora se laisse dépérir. Pernelle se désespère, comment la pousser à manger plus pour reprendre des forces ? Augusta elle, de son côté, se demande comment il va être possible de retrouver le mari de Théodora lorsque le printemps reviendra.

    Bref, voilà deux questions auxquelles il sera répondu demain car mon histoire commence à être déjà un peu longue !




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  • Et un petit Béryl pour la cour de récré de Jill Bill, un !

    Le petit Béryl s’embêtait bien.

    Il vivait depuis bien longtemps à Bigorbourg. Pour être exacte, il y vivait sa mort depuis plusieurs siècles.

    Béryl était né en un temps où peu d’enfants atteignaient l’âge adulte. Le pauvre petiot s’était éteint soufflé par une maladie comme une chandelle à la mèche trop courte.

    Il n’avait que 6 ans à l’époque et comme beaucoup d'enfants de cette époque éloignée il n’avait pas eu l’enfance insouciante qu’ont les nôtres sous nos latitudes.

    Mais, rassurez-vous, je n’ai pas l’intention de faire pleurer dans les chaumières.

    Béryl, dans son malheur, avait eu la chance d’habiter à Bigorbourg. Vous allez comprendre pourquoi.

    Sur le terrain où sa famille avait vécu, une charmante petite maison avait été construite. Elle avait fini par être habitée par Félicité, mais si, vous savez bien, la fantômette farceuse, l’amie de Prudence l’ange gardienne de Bigorbourg.

    Qu’elle ne fut pas la surprise de Béryl, lorsqu’un beau minuit, il se trouva nez-à-nez avec Félicité trépassée depuis peu. Bien sûr, il la connaissait de vue hantant sa maison depuis toujours, mais d’un naturel timide, il n’avait pas osé se risquer dehors et c’était la première fois qu’il avait l’occasion de rencontrer un autre fantôme en chair et os, enfin si je puis dire !

    Félicité n'ayant pas eu le bonheur d'avoir un enfant (une certaine guerre passée par là l'avait privée de son fiancée) trouva ce petit bout d'homme tout à fait craquant et entreprit de l'apprivoiser et de faire son éducation.

    Mais attention, une éducation ludique. Béryl n'avait pas besoin de savoir des tas de choses inutiles pour les fantômes, du genre pourquoi : moins plus moins font plus (franchement quel intérêt ?), mais en revanche il fallait l'aider à perdre sa timidité et surtout lui apprendre à s'amuser comme un enfant.

    Félicité convoqua donc avec célérité Monsieur le Comte Amédée de Saint Frusquin, le bon moine Sidoine et l'ange gardienne Prudence pour faire bonne mesure.

    Un peu ahuri de se retrouver brusquement, après des siècles de solitude, avec des parents (Félicité et Amédée qui lui aussi dépourvu de descendance décida d'adopter cet enfant surnaturel) et des oncle et tante, Béryl se laissa volontiers "éduquer".

    Amédée fit de lui son aide conteur pour les enfants de Bigorbourg.

    Sidoine, bénéficiant de sorties exceptionnelles (il n'est en effet autorisé à quitter le Paradis que le jour de sa fête) lui appris à se délecter des senteurs délicieuses des petits plats concoctés par des cordons bleus comme Pélagie. Rien de tel qu'une bonne odeur pour donner des couleurs à un honnête fantôme.

    Félicité et Prudence quant à elles l'investir des pleins pouvoirs pour faire des niches aux Bigorbourgeois imprudents ou tête en l'air.

    Félicité se chargeant de l'éducation des apprentis anges gardiens avec Prudence, Béryl fut envoyé dans les foyers bigorbourgeois pour cacher les clés des têtes en l'air impénitents, dérégler les réveils de ceux qui sont systématiquement en retard, bricoler le moteur de ceux qui roulent trop vite, mais aussi pour consoler les chagrins d'enfant, câliner les chats, chiens et autres NAC en l'absence de leurs deux pattes. Et puis Béryl étant un gentil gamin, ses blagues ne duraient jamais bien longtemps et n'étaient guère méchantes, juste ce qu'il fallait pour faire comprendre qu'unehttp://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcTJyhjFQVg9MHktuU0sSppEMcCt47JhSRlcSGeGU5Q8pVwW89at6cnbrIG4 petite présence amicale et farceuse vous accompagnait parfois.

    Il n'est donc pas étonnant que l'expression "il y a (ou il n'y a pas) péril en la demeure", soit devenue "Il y a (ou il n'y a pas) Béryl en la demeure" (je sais elle était facile celle-là).

    Et depuis, il arrive que des bigorbourgeois attentifs voient passer dans la nuit les silhouettes en partie transparentes de deux grandes personnes encadrant une plus petite qui sautille de bonheur.


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  • Aujourd'hui, Dagoberte arrive dans la cour de Récré de Jill Bill. J'ai fait au plus simple.


    "Quelle idée, mais quelle idée avons-nous eu de lui donner ce prénom" se lamentaient la mère et le père de Dagoberte.


    Certes, certes, ils voulaient un prénom original, un prénom ne se terminant pas bêtement en ine ou en a, un prénom qui leur rappellerait leur joyeuse enfance. Tout cela est parfaitement légitime nous sommes bien d'accord, et puis à Bigorbourg, on n'est pas un prénom bizarre près, mais il aurait été bien que les géniteurs de Dagoberte se souviennent aussi, qu'à Bigorbourg, les prénoms ont une fâcheuse tendance à s'amuser.


    Donc, depuis sa naissance, les pieds en avant forcément, Dagoberte n'avait pas cessé de prendre ses parents à rebrousse-poil. Ceci dit la maman aurait du se méfier, un bébé qui ne vous donne pas l'impression d'avoir une paire de côtes en trop, qui ne vous oblige pas à vous lever 10 fois par nuit pour aller faire pipi, qui daigne bouger sous la main caressante de son papa, ce n'est pas normal !
    Ce n'était pas un cri qu'elle avait poussé à la naissance, mais un éclat de rire. L'obstétricien avait d'ailleurs failli la laisser tomber de saisissement.


    Elle avait ensuite dédaigné le lait au grand désespoir des infirmières qui, heureusement pour Dagoberte, s’étaient aperçues par hasard qu'ayant déjà toutes ses dents elle préférait croquer les pommes qui se trouvaient sur le plateau de sa maman, maman déjà un tantinet dépassée par les évènements.


    A leur grand plaisir ses parents découvrirent que Dagoberte faisait ses nuits sans les réveiller. Inutile de dire que leur joie fut de courte durée, puisqu’à l'âge où, en principe, les enfants dorment tranquillement de 23 h à 5 h (ne donnons pas de fausses idées aux futures mamans qui pensent dans leur grande naïveté qu'une nuit complète c'est 20 h / 8 h), notre Dagoberte mettait le bazar.


    Pour l'endormir, après quelques tâtonnements les berceuses, et tout particulièrement "le bon roi Dagobert" qui déclenchait chez elle des hurlements de rage, furent proscrites, et les parents épuisés durent se rabattre sur un bon rock de derrière les fagots ce qui nécessita quelques mises au point avec les voisins qui avaient un peu de mal à comprendre cette étrange éducation.


    A l'âge requis pour la nourriture solide, elle décida de vivre de lait, d'eau fraîche et de jus de fruits.
    Bien entendu elle sut courir avant de marcher, très déstabilisant pour des parents qui s'attendent à voir leur bout de chou choir sur ses fesses rebondies, tant pis pour les vidéos !


    Après avoir appris à lire, Dagoberte s’attaqua au grand soulagement de ses parents à l’art de la conversation, encore fallait-il bien assimiler que lorsqu’elle disait oui, il fallait entendre non, mais qu’en revanche lorsqu’on lui disait oui elle comprenait bien oui et pas non, vous suivez là ? Bref, ses parents durent s’adapter vaille que vaille à ces acrobaties linguistiques.


    Les dits parents voyaient arriver avec angoisse le moment de l’entrée à l’école. Leur fille savait lire, ne risquait-elle pas de désapprendre, et son écriture serait-elle normale ou en miroir ? Et comment réagiraient ses copains de classe en se prenant une tape en guise de bisou ou en la voyant pleurer quand il s’agirait de rire, sachant que pour elle les pleurs étaient des rires. En un mot, comme en cent, les cheveux des parents de Dagoberte prenaient de belles teintes blanches.


    Mais, comme à Bigorbourg, tout problème trouve sa solution, celle-ci arriva un beau matin avec un camion de déménagement. La maison voisine vit débarquer une famille composée d’un père et d’une mère standards et d’un garçonnet du même âge que Dagoberte.


    Celle-ci intriguée, alla à sa rencontre, sous les yeux inquiets de ses parents.http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L422xH600/poulbot_4-c908b.jpg
    « Bonjour » fit le petit garçon
    « Bonjour » répondit Dagoberte. Ces parents en tombèrent par terre, elle venait de dire bonjour et pas bonsoir, quel était ce miracle ?


    Le miracle était le prénom de ce petit garçon qui remit les idées de Dagoberte et la vie de ses parents à l’endroit. Son prénom ? Vous l’avez deviné bien sûr : c’est Eloi !


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