• Je continue à peupler mon petit village créé pour les prénoms de Bigornette.

    Père Paterne est apprécié des ses ouailles, même si parfois ils trouvent qu'il les incite un peu trop à mettre la main à la poche pour diverses réparations ou bonnes oeuvres. Mais bon, ils savent aussi que le jour où ils auront besoin d'un coup de pouce Père Paterne et Pélagie seront là pour les soutenir donc ils s'exécutent sans trop rechigner.

    Et puis, lorsque certains braves osent franchir les frontières de leur petit bourg pour faire un peu de tourisme, ils n'hésitent pas à lui ramener un petit souvenir d'un goût parfois sujet à caution, mais comme dit la sagesse populaire "c'est le geste qui compte".

    Donc voilà qu'un jour un paroissien très fier de lui, il faut dire qu'il avait osé aller jusqu'en Suisse, autant dire le bout du monde, ramena au Père Paterne un superbe coucou !

    Le père Paterne, toujours diplomate, remercia avec effusion son paroissien et voyant que celui-ci, comme un gosse, piaffait d'impatience, il soupira, alla chercher escabeau, marteau et clou et installa la maisonnette bariolée sur le mur en face de son bureau. Bien sûr, la chose dénotait un peu au milieu de l'austérité de la bibliothèque du presbytère. Mais bon comme le dit aussi la sagesse populaire "à cheval donné on ne regarde pas les dents".

    Après le départ de son aventureux paroissien, père Paterne s'assit à son bureau et contempla le coucou. Ah pas à dire il mettait de la gaieté avec ses couleurs éclatantes, ses feuilles de bois, ses poids en forme de pommes de pin.

    Bien sûr le paroissien lui avait expliqué comme faire fonctionner l'engin avec moult détails techniques qui franchement passaient un peu au-dessus des oreilles du père Paterne.

    Le tic-tac de l'engin était un peu perturbant, mais après tout il avait pris l'habitude de ne plus faire vraiment attention au carillon de l'église donc ce tic-tac finirait bien par s'évanouir aussi.

    La seule chose que père Paterne avait oublié, c'est qu'un coucou eh bien ça fait coucou.

    Alors qu'il était bien plongé dans la rédaction de son sermon du dimanche à venir, le coucou fort sournoisement décida que c'était le moment de chanter onze heures.

    Et le voici qui sorti de son nid pépiant à qui mieux mieux, père Paterne faillit rester accrocher au lustre tant il sursauta et il eut bien du mal à obliger son cœur à cesser de battre la chamade. Belle Agie et Paterne le chat qui faisaient paisiblement la sieste dans un rayon de soleil, se retrouvèrent hérissés comme des goupillons à bouteilles et prêts à escalader les rideaux pour régler son compte à la chose.

    Père Paterne jeta un regard furieux à l'oiseau et brusquement il éclata de rire.

    Manifestement, son paroissien était tombé sur un horloger suisse et plaisantin, si, si ça doit exister !

    Le coucou qui ouvrait un large bec pour brailler l'heure ressemblait à un canard !

    Père Paterne remis de ses émotions décida donc de le baptiser Donald, après tout Pélagie avait bien nommé sa cuisinière Honorine.

    Et depuis, eh bien ma foi, Père Paterne prend de plus en plus de plaisir à rédiger ses sermons au doux tic-tac de Donald et ses coucous lui offrent parfois de fulgurantes inspirations et lui permettent de trouver des formules chocs qui secouent ses paroissiens comme il faut. D'ailleurs il arrive même que Père Paterne déclame à haute voix son sermon et il est sûr et certain que parfois Donald du fond de sa maisonnette fait entendre des Coucoins satisfaits quand celui-ci est bon. En quant il se tait ? Père Paterne reprend sa plume et se remet à l'ouvrage.

    Comme quoi on a souvent besoin d'un plus petit que soi, même s'il est de bois !


    18 commentaires
  • Et si nous faisions connaissance d'un autre habitant de notre petit bourg ? Aujourd'hui je vous présente Monsieur Crépin. Monsieur Crépin est un très habile artisan, Le cuir n'a aucun secret pour lui. Il vous transforme la plus banale peausserie en une magnifique oeuvre d'art, qu'il s'agisse d'un sac à main, d'une paire de chaussure ou d'une ceinture.

    Il était arrivé un jour, personne n'a jamais bien su d'où, avec son épouse la très discrète Madame Crépin et ils s'étaient installés dans la vieille cordonnerie que son ancien propriétaire venait d'abandonner pour cause de départ vers le paradis des chausseurs.

    Ils avaient tout de suite plu au reste de la population ce charmant petit couple au sens littéral du terme. Ils étaient petits, fluets, avec une bonne figure avenante, discrets mais pourtant ouverts à la conversation, encore que personne n'était capable de se souvenir de quoi ils avaient bien pu parler ensemble. Chose amusante ils ne s'habillaient qu'en vert, mais de toutes les nuances de vert possibles et imaginables ce qui amusait beaucoup nos villageois qui ne détestent pas un peu d'originalité comme vous avez déjà pu le constater.

    Au début bien sûr, sa façon de faire pour vous fabriquer une nouvelle paire de chaussures avait de quoi décontenancer les clients. Il les faisait se percher sur une sorte de petite estrade, pieds nus, puis il tournait doucement autour d'eux en murmurant entre ses dents des choses bizarres que personne ne comprenait. Ce simple "tour d'horizon" lui permettait de noter dans sa tête, sans utiliser mètre, papier et crayon, votre pointure, vos cors douloureux, la courbe de votre voûte plantaire, bref c'était comme si votre pied se dessinait en 3 dimensions dans sa tête.

    Et avec ça rapide comme l'éclair notre petit cordonnier, votre paire de chaussures étaient prêtes dans la semaine et lorsque vous glissiez vos pieds dedans, vous aviez l'impression de chausser une bonne vieille paire de pantoufles bien confortables.

    Bref, lorsque ses clients repartaient ils marchaient sur un petit nuage. Et petit à petit toute la population de notre petit bourg se mit à avoir une démarche de danseur toute en souplesse et en légèreté, même les plus anciens se sentaient pousser une nouvelle paire de pieds.

    Lorsqu'un petit ressemelage était nécessaire, Madame Crépin vous proposait thé, café et petits gâteaux, tandis que son époux passait dans son atelier pour rendre une seconde vie à vos chaussures. Ce petit moment de détente était un moment délicieux qui vous faisait presque espérer que vos chaussures nécessiteraient bientôt une nouvelle petite révision.

    Les sacs que Monsieur Crépin fabriquait et que Madame Crépin habile coutière et brodeuse décorait avec goût semblaient ne jamais rien peser sur votre épaule. Quant à ses ceintures, elles épousaient votre taille avec délicatesse et même après un repas copieux n'avaient jamais besoin d'être débouclées.

    Bref, notre petit bourg avait hérité d'un sacré cordonnier.

    Il avait juste un petit secret.

    Lorsque le soir tombait et que sa journée de travail s'achevait, Monsieur Crépin rejetait en arrière ses cheveux abondants et ses oreilles apparaissaient, d'étranges oreilles longues et pointues. Dans le même temps son teint devenait comme diaphane. Puis, il montait l'escalier pour rejoindre son épouse et plus il montait, plus il devenait petit, léger, dansant, vif comme un lutin.



    22 commentaires
  • Et un nouveau personnage. Bigornette nous propose aujourd'hui le prénom Honorine.

    Pélagie, la bonne du Père Paterne, est un cordon bleu, mais il faut reconnaître qu'on lui donne un coup de main. Qui est ce "on" ? Ce "on", c'est Honorine.

    Honorine est une belle noire, costaude et dure au travail. Il faut dire qu'avec Pélagie il ne faut pas rester les deux pieds dans le même sabot.

    Honorine est donc là depuis déjà bien longtemps et seconde toujours avec beaucoup d'efficacité Pélagie, même si parfois elle se permet quelques caprices, mais bon comme Pélagie elle n'est plus de première jeunesse.

    A elles deux elles concoctent de délicieux petits plats au Père Paterne, à Belle Aggie, à Paterne le chat et à tous ceux qui passent à l'occasion demander conseils, parfois au bon père mais le plus souvent à Pélagie, et là tandis que Pélagie conseille, Honorine fournit le café et les petits gâteaux.

    Et puis Pélagie la dorlote son Honorine, depuis le temps qu'elles se connaissent toutes les deux, elle la connaît par coeur. Elle sait quand il est temps de l'alimenter, quand l'heure du grand nettoyage arrive, quand il faut parfois la rudoyer pour qu'elle daigne se décider à travailler.

    Pardon ? Il y a quelque chose qui vous chagrine amis lecteurs ? Oh mon dernier paragraphe vous paraît peu respectueux pour Honorine ? Attendez, je relis ....

    Ah, effectivement, excusez-moi, j'ai en effet oublié de vous préciser une petite chose.

    En fait Honorine, c'est le petit surnom familier que Pélagie a donné à la superbe cuisinière à charbon noire et cuivre qui trône dans la cuisine du presbytère depuis un temps plus que certain.

    Pour les plus "anciens" d'entre vous replongez-vous dans votre enfance, il n'y avait pas ce type de cuisinière chez votre grand-mère ?

    Eh bien je peux vous dire que Pélagie et Honorine font un sacré tandem et bien que parfois le père Paterne tente de convaincre Pélagie qu'il serait peut-être temps d'entrer dans "l'ère moderne", Pélagie têtue, freine des quatre fers et s'accroche à son Honorine bec et ongles. On ne change pas une équipe qui gagne non mais ! D'autant que les chats du presbytère apprécient grandement de se lover tout près d'elle lorsque le froid s'installe.


    26 commentaires
  • Et on continue avec les prénoms du mercredi de Bigornette. Aujourd'hui Lazare. Venez je vous emmène continuer la visite de mon petit bourg (Bigorbourg ? Sagabourg ? C'est encore à voir).

    Un jour débarqua de la ville un Môssieur. Môssieur Lazare. Il avait été un grand médecin à Pâris. Dès le début, ses grands airs défrisèrent les habitants de notre petit bourg. Il acheta une belle maison en pierre à côté du presbytère. Tous les jours on le voyait se promener dans le village, les champs et les bois environnants. Il se contentait d'un bref hochement de tête lorsqu'il croisait l'un de ses nouveaux concitoyens.

    Bref, les habitants de notre charmante bourgade le regardaient plutôt d'un sale oeil, mais bien braves comme ils l'étaient certains pensaient qu'il avait peut-être eu "des malheurs". La situation perdura quelques temps, jusqu'au jour où ...

    Jusqu'au jour où l'une des plus vieilles habitantes vint à trépasser. En rentrant chez lui, Monsieur Lazare passa devant le serein petit cimetière niché autour de l'église. Le vieux fossoyeur le Père Tombe était en train de creuser la dernière demeure de la vieille dame. Seulement le brave homme n'était plus, loin s'en faut, un tout jeune homme mais n'ayant pas trouvé de successeur, il continuait vaille que vaille à creuser ses trous.

    Monsieur Lazare allait passer son chemin après son hochement de tête habituel lorsqu'il vit le Père Tombe se frotter les reins en gémissant. Quelque chose en lui fit comme un saut périlleux. Il s'approcha du vieil homme et à la grande stupeur de celui-ci, il tomba la veste, lui prit la pelle des mains et sans s'occuper de ses beaux vêtements, il se mit à creuser avec entrain. Le Père Tombe en resta bouchée bée.

    Lorsque le trou fut aux dimensions réglementaires, Monsieur Lazare en sortit et prenant le Père Tombe par le bras, il l'entraîna chez lui, examina son dos et lui prescrivit quelques médicaments. Inutile de dire que cet étrange comportement fit rapidement le tour du pays.

    Un autre jour, Monsieur Lazare arriva sur les lieux d'un accident de charrette, le conducteur était tombé et s'était fait rouler sur la jambe, la-dite jambe se retrouvant cassée. Monsieur Lazare prit les choses en main. Il envoya l'un chercher des morceaux de bois, l'autre du tissu, il découpa le pantalon de l'accidenté, réduisit la fracture, bricola une attelle de fortune et à nouveau emmena ce nouveau patient chez lui où il lui plâtra la jambe.

    Bref, l'opinion du village concernant Môssieur Lazare changea du tout au tout.

    Timidement, les uns après les autres les villageois commencèrent à lui exposer leurs bobos, petits et grands. Au début ils eurent bien peur de se faire renvoyer avec pertes et fracas, mais non, Monsieur Lazare toujours courtois les accueillait, les écoutait, les réconfortait et les renvoyait chez eux avec conseils et médicaments. Lorsque, heureusement peu souvent, l'un des villageois décidait de rendre l'âme, il accompagnait le Père Paterne pour soutenir le voyageur.

    Comme Monsieur Lazare ne voulait pas être payé, ses "patients" prirent l'habitude de déposer chez lui, qui un bon petit plat, qui un gâteau, un pâté ou des oeufs frais.

    Et l'on vit avec plaisir Monsieur Lazare se détendre, il souriait franchement, taillait une petite bavette avec les uns et les autres au cours de ses promenades, il continuait à aider le Père Tombe à creuser si le besoin s'en faisait sentir et donnait un coup de main à l'entretien du petit cimetière.

    Et savez vous le plus beau ? Un jour, il alla faire un tour à la SPA et il en revint avec une étrange créature orange dont les yeux exorbités le fixaient avec un amour sans borne. Ce bizarre animal, un chien sembla-t-il, reçu le charmant petit nom de Casimir.




    20 commentaires
  • Je continue à m'amuser avec les prénoms de Bigornette. Aujourd'hui je vous présente Casimir. Il faut que je trouve un nom à mon petit village, si vous avez des idées. Bigorbourg, Prénomville, allez des idées !!!

    Belle Aggie, la petite sorcière noire aux yeux verts et Paterne, l'angélique minet blanc aux yeux bleus, en ont assez ! Casimir, le monstre orange, n'arrête pas de les traquer dès qu'ils ont le malheur de risquer une patte en dehors du jardin du presbytère, ce n'est plus supportable, il faut lui montrer qui sont les patrons non mais !

    Qui est Casimir, eh bien on pourrait dire que c'est un chien, mais alors un chien d'une race très très indéfinie, un corps plutôt rond, une tête ovale, presque pas d'oreille et des yeux globuleux, un aboiement qui ressemble à une toux, une queue tortillée comme celle d'un cochon et un pelage orange, il n'y a pas d'autre terme qui puisse s'appliquer à cette couleur bizarre, en plus il est vraiment très laxiste sur l'hygiène ce qui déplait souverainement à nos chats raffinés, bon l'avantage c'est qu'ils le sentent arriver de loin. Le maître de Casimir ? Nous en parlerons une autre fois.

    Pour le moment, les chats de presbytère sont réunis en symposium pour décider de la meilleure façon d'empêcher Casimir de continuer à les enquiquiner.

    Après ce brain storming, la gent féline décide de tendre un piège à Casimir, il va voir de quel bois ils se chauffent ce gros pataud !

    Belle Aggie s'installe sur le montant du portail du jardin, laissant traîner une patte avec langueur et la queue juste hors de portée des sauts de l'ennemi qui s'égosille à qui mieux mieux.

    Pendant ce temps, Paterne se glisse hors du jardin par un chemin détourné puis à son tour il se met bien en vue, mais toujours, avec ce sens de la géométrie qui caractérise les chats (mais si celui qui leur fait deviner où le milieu exact du lit), juste à la limite des sauts indignés de Casimir qui décidément ressemble à une grosse grenouille, orange d'accord, mais grenouille quand même.

    Belle Aggie à son tour en profite pour descendre dignement de son poteau et se diriger en catimi vers un autre point stratégique du trajet défini par nos deux stratèges poilus. Et elle se fait ensuite remarquer par un miaou discret et de bon aloi.

    Nouvelle ruée de Casimir qui n'a pas encore compris que les chats le faisait tourner en bourrique.

    Et de saut en saut, voilà notre trio qui arrive devant une grange que son propriétaire a décidé de repeindre d'un jaune, comme dire ? D'un jaune vif, voilà et même très vif pour tout dire. Il y a là une échelle et une multitude de pots de peinture plus où moins bien fermés.

    Ah vous commencez à comprendre.

    Voilà donc notre trio d'enfer qui déboule sur le chantier, nos chats grimpent à l'échelle et voilà Casimir, fou de rage qui leur emboîte le pas, seulement il est beaucoup moins agile que nos petits amis poilus et voilà l'échelle qui commence à prendre du gîte et qui tout doucement, mais sûrement bascule sur le côté. Mais tandis que nos deux félins s'envolent comme deux anges, le pauvre Casimir roule au milieu des pots de peinture comme une grosse boule de bowling et STRIKE la peinture s'envole en un élégant geyser pour retomber en pluie sur le pauvre Casimir.

    Après avoir bien ri, les deux complices s'approchent de leur ennemi et l'aide à se remettre sur pattes. Tout contrit et tout étonné de ce geste d'amitié, Casimir promet de les laisser tranquilles, bon quant à dire qu'ils vont devenir les meilleurs amis du monde, il y a un pas que nous ne franchirons peut-être pas encore.

    Et tandis que l'ami Casimir qui se retrouve parsemé de grosses taches jaunes et rondes du plus bel effet rentre penaud à la maison, le duo félin très satisfait de lui-même retourne patte dessus, patte dessous, la queue en forme de point d'interrogation satisfait, vers le presbytère où les attendent le repas succulent de Pélagie et les caresses du Père Paterne. En un mot la vie est belle !


    16 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique