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Bizarre, vous avez dit bizarre
Madame Suzanne est bien embêtée.
Il y a un paquet sur son paillasson.
Or, elle n'a rien commandé et en plus le facteur ne monte jamais dans les étages.
En plus, il est bizarre ce paquet, il y a simplement l'adresse de l'immeuble et Madame S en destinataire.
Bon, à bien se creuser la tête, il n'y a qu'elle avec cette initiale ici.
Un cadeau surprise peut-être.
Elle le prend sous le bras et rentre chez elle.
Curieuse, elle commence par l'examiner sous toutes les coutures, mais rien, aucun indice ne vient l'éclairer sur l'expéditeur ou sur le contenu.
Alors, elle fait ce que tout le monde fait.
Elle le secoue.
"Aïe" braille le paquet
De saisissement Madame Suzanne laisse tomber le colis.
"Ouille, ouille, ouille" laisse échapper le sus-dit "pourriez pas faire attention, je suis fragile quand même".
"Vous êtes un pa pa qui pa pa" bredouille Madame Suzanne fixant avec horreur le paquet à ses pieds.
"Un quoi qui quoi" lui renvoie son nouveau compagnon.
"Un paquet qui parle"
"Ben oui, pouviez-pas le dire clairement la première fois" bougonne le paquet (si vous le voulez bien pour la suite du récit, histoire de ne pas me creuser la tête à trouver des synonymes au mot paquet, nous l'appellerons maintenant Paquet, avec un grand P)
"Mais, faut me comprendre c'est la première fois qu'un colis me parle !" s'indigne Madame Suzanne.
"Chez moi, les paquets parlent, les humains se taisent, voyez on est à égalité"
"A égalité ? Mais les paquets ne parlent pas !"
"Si, ils parlent la preuve"
"Non, ils ne parlent pas !"
"Si, ils parlent !"
"Non, ils ne parlent pas"
"Stop" braille Paquet toujours vautré par terre "on ne va pas continuer comme ça jusqu'à la fin du rouleau de papier kraft"
"La fin du rouleau de papier kraft ?"
"Ben oui, quoi jusqu'à la Saint Glin-Glin, si vous préférez"
"La Saint Glin-Glin"
"Et ho, vous avez fini de répéter ce que je dis, c'est lassant à la fin"
"Excusez-moi, mais c'est la première fois que…"
"Je sais" l'interrompt Paquet "c'est la première fois que vous parlez à un paquet parlant, j'ai compris l'idée, c'est bon, arrêtez de radoter".
"Désolée, mais c'est drôlement perturbant de parler à … Euh, bref, vous faites quoi ici au juste ?"
"J'étudie" répond doctement Paquet.
"Vous étudiez quoi, si ce n'est pas indiscret"
"Les hommes et leurs coutumes bien sûr"
"Et vous êtes sûrs que de leur flanquer la frousse ça va aider pour votre étude, et vous venez d'où et vous en venez comment d'ailleurs"
"Oh, oh, ça fait beaucoup de questions tout ça. Je viens d'une dimension parallèle. Comment ? Pas la peine de vous le dire, je sens bien que vous n'y comprendriez rien. Et pourquoi ? Pour voir si votre monde traite bien les paquets. Mais manifestement par ici, vos colis ont la tête vide, pas de coopération possible entre eux et non, dommage"
Pendant toute la péroraison de Paquet, Madame Suzanne n'a pas arrêté de le regarder d'un regard suspicieux.
Brusquement, elle le ramasse et se dirige vers la sortie.
"Eh vous allez où là ?"
"Ca ne vous regarde pas !"
"Ah, non je vous vois venir vous voulez me balancer à la poubelle, pas question. De toutes façons même si vous le faites je reviendrai, alors pas la peine de vous fatiguer".
Madame Suzanne s'arrête et pose Paquet sur la table de la cuisine.
"Vous bricolez quoi là ?" interroge Paquet un rien inquiet.
"C'est une blague, ça y est j'ai compris. En réalité, il y a un talkie walkie planqué là dedans et à l'autre bout des gosses qui se fichent de ma pomme ! C'est ça, hein sales mômes !" Madame Suzanne est hors d'elle ! Elle attrape de grands ciseaux et se dirige d'un pas menaçant vers Paquet.
"Non, non, je vous assure je viens bien d'une autre dimension, ne faites pas ça vous vous en mordriez les doigts"
"M'en fiche, faut pas me prendre pour une pomme"
Et vlan, de grands coups de ciseaux dans le ruban adhésif et dans le papier.
Et, ET
PAF, ZOU, BANG.
"Ah, voilà c'est malin ! Je vous avais dit de ne pas le faire" maugrée Paquet
"On est où là ?" demande Madame Suzanne d'une toute petite voix "Je ne vois rien"
"Où on est, entre nos deux mondes, voilà où on est grâce à vous, et ça va pas être coton de rentrer à la maison, je vous le dis moi ! Vous n'avez rien de trop urgent à faire j'espère ! Parce que là, on va devoir attendre que le Grand Facteur s'occupe de nous et pour savoir où on se situe sur sa tournée c'est une autre paire de manches"
"Et on fait quoi en attendant ?" s'inquiète Madame Suzanne.
"Et si on faisait vraiment connaissance ?" propose Paquet d'une voix guillerette.
"Oh non" gémit Madame Suzanne "coincée je ne sais où, pour je ne sais combien de temps, avec un paquet bizarre et bavard, pauvre de moi !"
"Bon, je commence. Alors voilà je suis né ….
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Commentaires
1CécileLundi 1er Décembre 2008 à 01:13RépondreOh! là là, quelle histoire! J'aime mieux que ce soit arrivé à Mme Suzanne. La pauvre, mais bon je te connais ça ne va pas durer longtemps, tu vas l'aider au plus vite.
Bises et bonne semaine Martine Yvette
On veut la suite ! Je reste sur ma faim.Bravoooo ! Et la suite ??? La suite ??? Il n'y a que toi pour imaginer un paquet qui parle... Un truc dans le paquet,bon,mais LE Paquet... lol !!!! Bizarre,intriguant,mais super !!!! Biz
Clap clap!!!! Excellent travail.... Heureusement que j'ai ouvert mes deux colis avant de venir te voir sinon je ne sais pas si j'aurai osé...lol
je ne sais si c'est une de tes histoires pour enfants, mais je suis cliente de tes contes originaux pleins d'humour !
bravo Martine !
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