• Une petite rediffusion d'un texte de fin 2007

     

    L'écrivain est fatigué.

    Depuis 3 heures, il s'escrime sur cette page blanche. D'ailleurs, il ne sait même pas d'où elle vient cette page. Il a l'habitude d'écrire dans un cahier. Elle est comme un défi. Pourra-t-il commencer une histoire sur ce morceau de papier volant ?

    L'écrivain est épuisé.
    Depuis 6 heures les idées tournent et tournent dans sa tête, mais aucune ne daigne glisser le long de son stylo pour s'inscrire sur cette feuille maudite qui le nargue.

    L'écrivain est exténué.
    Depuis 12 heures, sans trêve, il fixe cette feuille. Son univers se réduit à cette blancheur abyssale. Sa tête se vide.

     

    L'écrivain n'existe plus.
    Depuis 24 heures, il était tétanisé devant son bureau. Le médecin alerté par son épouse vient de lui faire une piqûre et l'ambulance attend pour l'emmener à l'hôpital.

    Sur le bureau, la page blanche jubile, tout un roman vient de glisser du monde de l'écrivain dans le sien.
    Il sera un succès de plus pour elle.
    C'est si bon de vider le cerveau de ces êtres de l'autre côté du miroir et d'en faire des histoires.

     

    Doucement la feuille blanche arrive à se glisser dans la mallette du médecin. Qui sait peut-être un nouveau http://alfabianco.blogspirit.com/photos/medium_710709.jpgsuccès à la clé ?

     

    Ecrivains, attention, ne tombez pas dans le monde immaculé des pages blanches vampires.


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  • Un ancien défi du Samedi : Objets inanimés avez vous donc une âme ... Vous connaissez ces vers de Lamartine. Les objets qui nous entourent pourraient raconter bien des histoires si nous voulions leur prêter attention. Les paroles, les souvenirs, les plaintes, les joies ... d'un ou de plusieurs de vos objets familiers.

     

    Dans le lave-vaisselle un couteau et une fourchette taillent le bout de gras.

    "Si tu savais ce que j'en ai marre de couper de la barbaque morte, d'étaler du beurre, de couper du pain !" s'exclame le couteau.

    "Et moi, piquer dans la même bidoche, pelleter la purée ou les petits pois, ras le bol aussi" réplique la fourchette.

    "Remarque des fois j'arrive à déraper quand je m'attaque au pain et là, paf je coupe autre chose que de l'inerte" soupire le couteau avec bonheur.

    "Moi j'ai plus de mal, éventuellement quant elle fait la vaisselle à la main, j'arrive parfois à la piquer mais c'est pas évident" regrette la fourchette.

    Les deux ustensiles restent un moment silencieux, jettent un coup d'œil autour d'eux, la vaisselle qui les entoure reste paisible et paraît ne pas s'occuper de leur conversation.

    "Tu sais" reprend le couteau dans un murmure "parfois je rêve de trancher dans de la vraie chair vivante, de sentir le sang gicler sous mes dents, d'entendre autre chose qu'un petit ouille de rien du tout".

    "Oh oui" réplique la fourchette "m'enfoncer dans un oeil, dans un sein tendre ou dans un ventre bedonnant, que ce serait bon !"

    Toujours sur un mode confidentiel le couteau précise "J'ai entendu dire que certains d'entre nous, surtout les couteaux, arrivent à influencer, voire même à rendre fou celui qui le tient et ils se lancent dans des massacres délicieux. Ni vu, ni connu et c'est l'humain qui est accusé. Bien sûr après ils se retrouvent aussi enfermés dans des sacs mais quel moment de gloire quand même !"

    "Arrête, tu me fais saliver !" soupire la fourchette.

    Après un moment à soupirer de nostalgie ils se tournent l'un vers l'autre et s'exclament en chœur

    "Et si on essayait ?"

    Au même moment, une voix venue de nulle part retentit.

    "Nous, grand dieu de la vaisselle, ne pouvons vous autoriser à dévier de votre rôle subalterne de petit découpeur et de petite piqueuse, nous nous voyons dans l'obligation de vous éradiquer avant que vous ne perpétriez l'impensable et nous mettiez tous en danger !"

    Un grand silence s'empare du lave-vaisselle.

    "Tiens" s'exclame l'humaine qui règne sur la cuisine en ouvrant son lave-vaisselle "Que s'est-il passé ? Mon http://www.linternaute.com/acheter/commerce-equitable/diaporama/images/couverts.jpgcouteau et ma fourchette préférés sont tout abîmés !"

    Et elle sort un couteau édenté et une fourchette complètement tordue.

    "Tant pis, direction la poubelle"

    Amis humains faîtes attention au petit peuple de votre cuisine, sait-on jamais ce qui peut lui passer par la tête !


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  • Un autre défi du samedi : Les petits bruits de la maison la nuit vous tiennent compagnie ... Rassurants ou bien inquiétants ? Racontez-nous.Veuillez glisser dans votre récit le mot DIPLODOCUS.

    Bien nichée dans mon lit, j'écoute avant de m'endormir tous les petits bruits que murmure la maison et que l'on entend pas lorsqu'on est encore debout.

    Le ronronnement lancinant de la VMC qui énerve d'abord avant de bercer, le brusque démarrage du moteur du réfrigérateur, les discrets craquements des meubles, le cliquettement de l'horloge de la cuisinière, les petits roucoulements de ma chatoune qui explore son territoire nocturne et qui discute avec ses compagnons rangés dans l'armoire à chats, les chuchotis de mes lutins de placards, le vrombissement d'Errol mon dragon miniature qui se dégourdit les ailes.

    Bref, tous ces sons rassurants qui vous enveloppent comme dans un cocon et qui vous conduisent tout doucement vers le sommeil.

    Mais cette nuit là, un bruit bizarre me réveille. Sur le moment je me retrouve les yeux grands ouverts, sur le qui-vive me demandant pourquoi le sommeil m'a si brutalement quittée.

    Je n'entends pourtant rien sortant de l'ordinaire, alors qu'est ce qui m'a réveillée. Je cherche dans ma mémoire, un craquement, voilà je crois que c'est ça, un craquement.

    Qu'est ce qui peut bien craquer ? Dans ma tête je passe les pièces en revue, je ne vois rien susceptible de tomber et de produire ce bruit. Ca ne vient pas non plus des combles.

    Bon j'ai peut-être rêvé ou alors il s'agit de la branche d'un des arbres du jardin qui a décidé de vivre sa vie.

    Je me détends à nouveau et me reniche dans mon creux de lit, prête à repartir dans mes rêves.

    Et voilà, un nouveau craquement, cette fois-ci pas de doute je ne rêve pas, je dégage ma tête de l'oreiller et écoute de toutes mes oreilles, le bruit vient de l'entrée.

    Quelqu'un tenterait-il d'entrer chez moi ? Un petit frisson me parcourt mais c'est stupide la porte est bien fermée.

    Et encore une fois ce crac, suivi cette fois du miaulement indigné de ma minette qui déboule dans le couloir.

    Pas de doute si ma chatte de garde le dit, il y a bien quelque chose de pas normal qui se passe.

    Je ne vais quand même pas être moins courageuse que ma petite poilue que j'entends feuler devant la porte du couloir.

    Je mets mes lunettes, attrape ma petite lampe de poche, l'allume et me lève avec précaution, ne faisons pas trop de bruit.

    "Il se passe quoi" me demande Elfie mon lutin de placard

    "Je n'en sais rien, je vais voir"

    "Fais attention hein" répond-il, mais je constate que courageux, mais pas téméraire, il reste tranquillement niché dans mes pulls.

    Je rejoins ma terreur poilue qui, toute hérissée, renifle sous la porte de l'entrée.

    Figées l'une à côté de l'autre nous tendons l'oreille.

    Plus de craquements semble-t-il, mais comme un drôle de pépiement.

    Je respire un grand coup, écarte doucement mon fauve domestique et ouvre la porte et derrière que vois-je, un minuscule diplodocus pas plus gros qu'un poussin, tout encombré de son long cou et de sa queue démesurée et qui piaille comme un malheureux. J'ai juste le temps de l'attraper dans le creux de la main avant que ma panthère grise ne le croque.

    Et là par terre j'aperçois les morceaux de cette superbe pierre que j'avais ramenée de ma promenade dans les bois de ce matin.

    Mince, ce n'était pas une pierre mais un oeuf.

    "Pip" fait la drôle de petite chose assise dans ma main et qui enroule sa queue autour de mes doigts "Pip".

    Et flûte, ça mange quoi un diplodocus ?

    Décidément ma maison devient de plus en plus folle, il va falloir que j'explique à ma Miss qu'elle a maintenant un bizarre petit frère (ou petite soeur), que mes lutins de placard fassent du diplo-sitting dans la journée, qu'Errol mon mini dragon s'occupe un peu d'éduquer son préhistorique cousin et que demain nous trouvions un prénom à notre nouvel ami.

    Je ne peux m'empêcher de penser en allant me recoucher avec une chatte sous un bras, un diplodocus miniature sous l'autre, que la vie ne manque franchement pas d'imprévus.


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  • Un Défi du Samedi nous avait demandé de nous pencher sur la syllabe LU. J'avais donc écumé le Petit Larousse que je remercie vivement de sa collaboration.


    Bien chers amis.

    Aujourd'hui je prends la liberté de vous faire une conférence sur la syllabe LU. J'attendais cette possibilité depuis belle lurette. Rien à voir, je le précise avec un éventuel sponsor fabricant de gâteaux. Non, avec l'aide de Monsieur Larousse je vous invite à me suivre dans le monde étonnant et fascinant de la LU. Mais laissez-moi d'abord m'installer à mon lutrin, chausser mes lunettes et allumer le luminaire mis à ma disposition.

    Bien, alors voilà !

    Sur le coup d'une lubie vous pourriez éventuellement faire preuve de lubricité et vous précipiter luxurieux, lubrifiant à la main, dans un lupanar pour vous goinfrer d'œufs de lumps. Joyeux luron revêtu de lurex, faites quand même attention à ne pas attraper un lumbago cela ferait désordre en rentrant lundi au bureau.

    Vous pourriez aussi vous transformer en poète et ,au son du luth, regarder par la lucarne luire la lune dans le ciel tel le lumignon céleste qu'elle est. Vous en profiteriez pour admirer le vol des lucioles et essayer de deviner le passage d'êtres lucifuges tel le vampire lugubre.

    Vous pourriez également, comme un charmant lulu, vous précipiter dans une ludothèque et entamer de folles parties de jeux avec un luxembourgeois, un lusitanien et un luthérien de passage. Evitez toutefois la lutte, nous ne voudrions pas que vous vous luxiez quelque chose et que vous vous arrachiez la luette à force de brailler.

    Si vous être bucolique, embusquez-vous dans la luxuriante luzerne et épiez le charmant lutin en train de lutiner la minuscule lucilie tout en chevauchant un lucane bien lustré.

    Plein d'entrain, vous avez aussi la possibilité de dévaler les pistes allongé sur une luge, qui lunatique, s'amusera à faire un triple lutz et à vous planter dans le premier tas de neige venu.

    Enfin, méfiez-vous de Lucifer qui pourrait vous faire perdre votre lucidité en jouant avec votre esprit de lucre ou de luxure, vous seriez contraint pour retrouver la lumière de vous plonger dans des eaux lustrales.

    Je pourrais encore vous parler de lucernaire, de luddisme, de luffa, de lumachelle, de luminisme, de http://www.marquee-hire.info/photo-gallery-images/wedding-buffet-table.jpgluminophore, de lunule, de lupin, de lupuline, de lupus, de lusin et autres lut, lux ou luzule.

    Mais allons plutôt profiter du lunch luxueux qui nous est offert par notre lumineux hôte, j'ai nommé le ludique Défi du Samedi. Je vous remercie pour votre attention !


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  • Il s'agissait de répondre à une demande simple de Défi du Samedi "Miroir"

     

    "Bonjour. Tu sais que tu as une sale tête ce matin ? Mal dormi ou c'est juste une question d'âge ?"

    Et ça y est c'est reparti pour un tour !

    "Bonjour. Tu es trop aimable de me faire des compliments comme ça de si bonne heure, je n'ai pas l'habitude !"

    "Mais je t'en prie, c'est la moindre des choses entre partenaires !"

    Et ça continue comme ça toute la journée.

    Au bureau "T'as encore une mine fatiguée, tu ne vas pas me dire que c'est parce que tu travailles trop ?"

    Au restaurant "T'as trop mangé, bientôt tu vas déborder de tes fringues".

    Dans la voiture "Tu pourrais faire un peu plus gaffe, t'as pensé à regarder dans le rétro ?"

    Même dans la rue "Pas la peine de regarder ce pantalon, c'est pas dans tes moyens !"

    Bref, à nouveau je me demande ce qui m'a pris d'entrer dans cette sacrée boutique. C'est vrai que vu de l'extérieur son petit côté mystérieux m'avait séduite, une vitrine au verre fumé qui empêchait de bien voir les objets exposés, et l'enseigne qui ne renseignait pas plus sur le contenu du magasin "Incroyable !" disait-elle.

    Etant d'un naturel raisonnablement curieux, je n'ai pas pu m'empêcher de pousser la porte.

    C'était un sacré bric à brac là-dedans. L'œil avait du mal à distinguer les marchandises.

    Un mouvement attira mon attention, je m'avançai dans sa direction et je me retrouvai alors face à moi-même. J'avais devant moi un superbe miroir, une psyché en réalité.

    Je m'approchai et souris à mon reflet. Puis bien sûr, je commençai à faire le singe devant, des grimaces, des mouvements saccadés, bref je retombai en enfance.

    Et c'est là que j'aurais dû me méfier. Un détail, et pas des moindres, échappa à ce moment là à mon attention.

    Le propriétaire de la boutique se matérialisa brusquement près de moi. Je sursautai en avisant ce drôle de petit bonhomme au sourire figé sur les lèvres.

    Sans trop comprendre comment je me retrouvai l'heureuse détentrice de cette magnifique psyché et pour un prix défiant vraiment toute concurrence.

    Je l'installai dans un coin de ma chambre et ne pus m'empêcher de recommencer à gesticuler. Et là ! Je remarquai enfin le détail qui "tuait" ! Pas d'effet miroir ! Je m'explique, en principe dans un miroir lorsque vous levez votre main gauche, celle juste en vis-à-vis de votre reflet se lève, mais là non ! Mon reflet avec un sourire goguenard leva la main opposée à la mienne.

    Tous ses mouvements était la reproduction inversée et parfaite des miens.

    Je sentis mon cœur se mettre à battre un peu trop vite, un peu trop fort.

    Et je fus à deux doigts de m'évanouir quant une voix sortit de la psyché "Salut ! Comment va ? Satisfaite de votre achat incroyable ?"

    Morte de frousse j'accrochai un drap sur la psyché et filai ventre à terre jusqu'au magasin pour avoir des explications.

    Bien sûr, vous vous en doutez, plus rien si ce n'est quelques personnes regardant éperdument l'endroit où cette fichue échoppe aurait dû se tenir.

    Bêtement, je pensai qu'en gardant le reflet caché je n'aurais plus de problème.

    Grave erreur !

    Maintenant mon propre reflet me traque et m'adresse la parole dans chaque surface réfléchissante que je croise et d'ailleurs par moment je me demande qui est le reflet de qui ?


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