• Des lettres d'adieu pour Défi du Samedi. Petite contrainte pas plus de 500 mots.
    En voici donc quelqu'unes, enfin vu la taille ce sont plutôt des Post-it d'adieu


    Lettre d'adieu de la mante religieuse (ou plutôt de l'amante religieuse, dénomination proposée par une samedienne) : "Tu m'as fait perdre la tête, désolée pour la tienne"
    Lettre d'adieu à un pompier : "Plus de combustible, adieu"
    Lettre d'adieu à un plombier : "Je n'avais plus qu'une solution, la fuite"
    Lettre d'adieu à un gendarme : "Passez votre chemin, il n'y a rien à voir"
    Lettre d'adieu à un journaliste : "Un scoop pour toi, je te quitte"

    Lettre d'adieu à un cruciverbiste : "Je n'ai qu'une définition pour toi : Un peu plus définitif qu'au revoir"
    Lettre d'adieu à un pêcheur : "Pas la peine de sortir l'épuisette, je n'ai pas la taille requise il faut me relâcher"
    Lettre d'adieu à un dentiste : "Arrête de jouer avec ta roulette, je n'ai plus besoin de détartrage"
    Lettre d'adieu à un bibliothécaire (ou à un cinéphile) : "Désolée ton roman (ou ton film) vient d'afficher le mot fin"
    Lettre d'adieu à un plongeur sous-marin : "Arrête de me pomper mon oxygène"


    30 commentaires
  • Communiqué de Samedi Défi

    Depuis longtemps déjà la tribu de Secs avait soif.
    Il faut dire que la tribu des Humides avait fait main basse sur la totalité de l’eau courante, l’enfermant dans des réservoirs et des canalisations. Les Secs n’avaient accès qu’à l’eau de pluie quand elle voulait bien tomber.
    Ca ne pouvait plus durer ainsi, les Secs avaient de plus en plus soif. Ils se desséchaient, les plus durement touchés étaient les jeunes. Assez curieusement, les plus petits avaient été pris en charge par les Humides qui leur donnaient régulièrement de l’eau. Mais pour les Secs, ils n’étaient ni plus ni moins que des esclaves, d’ailleurs ils en payaient souvent le prix en disparaissant purement et simplement dans les maisons des Humides pour n’en ressortir que sous forme de cadavres.
    Il était temps de réagir, les Secs ne pouvaient plus se laisser ainsi assoiffer.
    Alors, la guérilla fut lancée.
    Des espions commencèrent leur quête.
    Il fallait savoir comment les Humides acheminaient l’eau des immenses réservoirs jusqu’à chez eux.
    Les Secs sentaient cette eau et cette senteur les rendait fous.
    L’apaisement de leur soif dévorante était si proche et en même temps si lointaine.
    Il fallut du temps aux espions pour remonter jusqu’aux diverses voies de diffusion du précieux liquide.
    Mais bientôt, de partout dans la région les informations affluèrent jusqu’aux représentants des tribus des Secs.
    Petit à petit, la carte des flux d’eau fut dressée.
    Il fallait maintenant agir de concert.
    Les plus forts d’entre eux entrèrent en action.
    Perçant la terre sèche, ils forèrent des tunnels jusqu’à atteindre enfin les sources multiples de leur désir.
    Ils attendaient maintenant le feu vert du Grand Sec pour lancer l’attaque finale.
    Et une nuit, l’ordre tant attendu retentit.
    Dans un dernier effort, les forts percèrent les canalisations.
    L’eau enfin libérée se rua au travers de la terre sèche et les racines purent enfin se gorger du liquide nourricier et l’envoyer nourrir les arbres, enfin ils allaient à nouveau pouvoir développer des bourgeons et des feuilles.
    Le lendemain, au réveil, les tribus des Humides s’aperçurent que l’eau n’arrivait plus à leurs robinets, ilsdécouvrirent que les racines des grands arbres de la forêt environnante avaient dévasté les canalisations et que l’eau précieuse qu’ils ne voulaient plus partager se répandait tout autour des leurs habitations.
    L’herbe commençait à perdre sa teinte jaune pour retrouver un vert éclatant, les arbres paraissaient plus forts, presque menaçants, les mettant au défi de voler à nouveau le sang de la terre pour leur seul profit.

     


    14 commentaires
  • A nouveau un texte écrit pour les Fanes de Carottes dans la catégorie "Liens" et qui a été retravaillé avec l'aide d'InFolio.

    Les pêcheurs viennent d’arriver, ils s’installent tranquillement sur un beau rocher confortable et commencent à sortir leur matériel. Concentrés, ils appâtent, et lancent leurs lignes. Puis ils attendent patiemment que «ça morde» en discutant.
    « Une bien belle journée pour pêcher, n’est-ce pas ? »
    « Oui, vous avez raison, avec ce temps les proies devraient être plus nombreuses. »
    « Tout à fait d’accord, on a beau dire, mais la météo joue quand même beaucoup. »
    « Absolument ! Avec les beaux jours, il y a beaucoup plus de bancs qui passent. »
    Un silence complice s’installe. Ils échangent quelques sourires et se laissent porter par la tranquillité du moment.
    Puis la conversation reprend, plus « professionnelle » :
    « Avec quoi appâtez-vous vos lignes ? »
    « Rien ne vaut une mouche fabriquée avec du cuir et du papier. C’est un peu fragile, mais bien présenté, c’est infaillible » répond le grand escogriffe au visage constellé de tâches de rousseur.
    « Certes, mais ceux qui mordent sont un peu coriaces, non ?»
    « Vous savez, une fois bien marinés et assaisonnés, ils deviennent tout à fait délectables et puis mon épouse connaît mille façons de les accommoder. Je vous assure que je n’exagère pas. Avec une seule belle pièce, elle est capable de réaliser au moins trois au quatre repas absolument divins… Et puis, il faut reconnaître que ça mord de plus en plus jeune. Et vous-même ? »
    Son voisin quitte un instant son bouchon du regard et sa face de lune semble s’illuminer : « Moi, mon appât préféré reste sans conteste la mouche scintillante, un beau reflet, de belles couleurs, plus c’est chatoyant mieux c’est. Mais il faut savoir choisir son coin. »
    « Et les proies sont goûteuses ? »
    « Ah, je dois dire qu'elles sont souvent aromatisées avec des parfums exotiques assez intéressants à tester. » 
    Se tournant vers le troisième un bon gros rondouillard, resté silencieux : « Et vous-même ? »
    « Moi, je ne m'intéresse qu'aux très jeunes. J'utilise donc des petites babioles faciles à saisir. Mais attention ! Elles doivent quand même être attractives, comme pour vous, il faut de la couleur. Toutefois, je dois dire que les prises sont rares, les petits restent très protégés par le banc, mais parfois ils s’éloignent et là hop, emballés. Et franchement, ça en vaut la peine, la chair est particulièrement délicate » répond celui-ci en agitant sa grosse tête.
    « Je dois reconnaître également » reprend le plus grand « que ce lien avec un autre monde est aussi une motivation supplémentaire. »
    « Absolument, on a une impression de puissance à se dire que quelque chose d’aussi fin que notre ligne peut faire la différence entre la vie et la mort. »
    « Je n’avais jamais pensé à ça, mais vous avez bigrement raison ! »
    Les trois pêcheurs retombent dans un silence contemplatif. Le nez levé, chacun surveille son bouchon avec application.
    Tout à coup, une ligne se tend.
    Vite, le pêcheur commence à tourner son moulinet pour ferrer sa proie. Dans le feu de l’action, ses taches de rousseur ressortent.
    C’est un fort beau spécimen. Après une lutte farouche, on entend un grand plouf. Il se débat. D’abord activement. Puis il perd en vigueur. Il commence manifestement à manquer d'air, mais reste toujours fermement accroché à l’appât, un portefeuille en peau de requin récupéré sur une précédente proie. Le pêcheur y voit là une certaine justice, étant lui-même de cette race. Enfin, l’homme commence à couler.
    Le pêcheur l'attrape avec son épuisette, l'assomme d'un bon coup de gourdin pour l'achever et le range soigneusement dans un grand sac noir. Satisfait de sa prise, il décide d’arrêter là sa partie de pêche. Il salue ses acolytes qui le félicitent et, qui, sereinement, reprennent l’attente en guettant les prises suivantes.
    Tandis que Monsieur Roussette s’en retourne en haute mer en frétillant des nageoires, Monsieur Poulpe, ne pouvant laisser ses bras oisifs, attrape un petit jouet qu’il envelop
    pe dans un papier cadeau multicolore. Monsieur Raie, quant à lui, un grand sourire éclairant sa face, accroche amoureusement des fards à paupières à d’autres hameçons.


    8 commentaires
  • Pour les Fanes de carottes il fallait une histoire à faire peur. Elle a été revue par Ekwerkwe. La lecture de cette histoire est donc à vos risques et périls.

    La jeune femme regarde sa roue à plat. Elle est arrêtée en rase campagne, à des kilomètres de tout, seul un petit bois à quelques centaines de mètres rompt la monotonie du paysage. La dernière bourgade qu'elle a traversée est loin derrière elle et la prochaine est tout aussi éloignée. Et le soleil commence à se coucher.

    Elle a monté la voiture sur le cric, sorti la roue de secours. Reste à desserrer les boulons.

    Elle commence à désespérer, quand tout à coup elle perçoit le son d'un moteur qui arrive.

    L'homme dans sa voiture voit la jeune femme en difficulté immobilisée au bord de la route.

    Il ralentit, plutôt jolie, ça peut peut-être valoir la peine de s'arrêter.

    Il freine, sort de son automobile et s'approche.

    Il affiche un large sourire, regarde bien en face, il sait à quel point la première impression est importante pour mettre les "proies" en confiance.

    D'une belle voix profonde, il interroge : "Puis-je vous aider ?"

    La jeune femme le regarde s'avancer, lui lance un regard méfiant d’abord, puis approbateur : bel homme, bien habillé, une voix ferme, un regard franc.

    Elle sourit à son tour : "Oui, volontiers, je n’arrive pas à venir à bout de ces sacrés boulons. »

    "Laissez-moi faire, c'est l'affaire de quelques secondes. Vous avez de la chance que je sois passé, on ne sait jamais sur qui on risque de tomber en pleine nuit."

    Il relève la tête, un sourire un peu narquois sur les lèvres, quelque chose de félin dans l’attitude.

    Elle secoue la tête, un peu tendue, son cœur se met à battre plus vite. Elle regarde au loin pour vérifier si d'autres véhicules ne sont pas sur le point de passer.

    L'homme continue de parler, de tout de rien, son ton en devient presque hypnotique.

    Après quelques minutes de travail, la roue est changée.

    Pendant qu'il range cric, manivelle et roue crevée, elle se glisse dans l'habitacle de sa voiture et attrape un rouleau d'essuie-tout pour qu'il puisse se nettoyer les mains.

    Nonchalamment, il s'appuie sur la portière, l'empêchant de la fermer. Il attrape les chiffons et commence à se frotter les mains tout en la fixant du regard.

    La voix un peu tremblante, elle lui propose une lingette pour finir de se dégraisser les mains, à son tour elle se met à parler de tout de rien pour essayer d’alléger l'atmosphère.

    Il continue à la regarder d'un air de plus en plus ironique, un chat contemplant une souris.

    Se sentant en état d'infériorité ainsi assise dans la voiture, elle attrape son sac et sort pour se tenir devant lui.

    Et tout à coup c'est l'attaque. Brutale, violente, un rire sec, un "On va bien s'amuser ensemble".

    Eclair argenté, choc, sang qui gicle, corps qui s’affaisse.

    Le rire à nouveau : "Oui, on va bien s'amuser".

    Le lendemain matin, les gendarmes entourent la voiture immobilisée sur le bas-côté. Ils ont été prévenus par un automobiliste affolé et à demi incohérent. Une voiture, la route, un corps, et du sang, du sang partout !

    Maintenant, après les premières constatations, ils attendent le responsable chargé de l'enquête sur le tueur aux montres, parce que penchés sur le corps martyrisé ils ont vu la signature que laisse ce tueur impitoyable, la montre de sa victime écrasée à l'heure de sa mort. Comme les papiers de la victime ont également disparus, ils ont transmis le numéro d'immatriculation et attendent le résultat.

    Bientôt, l'inspecteur chargé de l'affaire arrive. Il essaye de garder bonne contenance devant le corps, mais il a beau faire, à chaque fois le malaise le submerge, C’est pourtant déjà la dixième victime, il devrait s'y faire mais il ne peut s’habituer à la froide sauvagerie du tueur.

    Alors qu'à son tour il fait le tour de la scène de crime, il entend qu'on ouvre le coffre, et se retourne, furieux, près à incendier le coupable, lorsqu'il voit le regard fixe du jeune gendarme qui contemple ahuri l'intérieur du coffre.

    A son tour il s'approche et reste figé. Est-ce possible ? Dans le coffre, une bonne dizaine de sacs de femme s'entassent, couverts de sang.

    Tous les hommes présents s'entre-regardent, mal à l'aise.

    L'inspecteur s'éclaircit la gorge : "Eh bien au moins le collègue chargé de l'affaire du tueur aux sacs n'aura plus à s'arracher les cheveux, il semblerait que mon assassin ait réglé son problème."

    Il se tourne vers le corps affalé par terre, le costume chic réduit en lambeaux et imprégné du sang qui a coulé de ses multiples blessures. L'homme a sur le visage un air étonné.

    Chez elle, une jeune femme sort de son lit et s'étire avec tout l'abandon et le plaisir d'un tigre. Elle se
    souvient de la délicieuse rencontre d'hier soir. Les hommes sont tellement prévisibles : ils ne donnent jamais un coup de main sans espérer une contrepartie en nature. Celui-là était un peu trop sûr de lui et comme d'autres avant lui, il l'a payé de sa vie. Elle jette un coup d'œil sur le portefeuille de sa victime, le range avec les autres dans son tiroir à secrets et tout en sirotant un jus de carotte, commence déjà à se demander sur quelle petite route départementale elle va tendre son prochain piège

    .


    20 commentaires
  • Merci à Dana qui avec son thème de la semaine "un souvenir d'enfance heureux" me permet de ressortir ce petit texte qui date d'une bonne année lui aussi.

     

    Le cœur battant, je m'installe dans mon sulky.

    Mon cheval blanc piaffe d'impatience.

    Il est magnifique avec son poil brillant et sa longue crinière flottante.

    Je m'empare des rênes.

    Et ça y est le départ est donné.

    Nous nous élançons.

    Il lève haut les sabots.

    Je sens le vent qui emmêle mes cheveux.

    Nous fonçons dans l'espace.

    Nous allons gagner, c'est forcé.

    Nous sommes les meilleurs.

    Nous ne faisons plus qu'un.

    D'ailleurs c'es toujours avec lui que j'ai les meilleurs résultats.

    Mon cœur bat à grands coups.

    Au bord de la piste, les spectateurs nous encouragent.

    Nous nous envolons.

    Et tout-à-coup …

    … … … … …

    … … … … …

    … … … … …

    … … … … …

    … … … … …

    … … … … …

    … … … … …

    Une voix perçante traverse l'espace.

    "Ma p'tite poulette, c'est terminé !"

    Zut, mes dix minutes sont achevées, je souris vaguement à la petite dame toute ronde qui m'a sûrement accordé quelques minutes supplémentaires de rêve.

    Encore quelques coups de pédales et toute essoufflée, je viens garer mon sulky près des autres.

    J'en sors encore un peu chancelante de l'effort fourni et caresse la crinière de mon cheval de bois pour le remercier de ce bon moment de jeu.

    Mes parents me sourient.

    "Allez bonhomme, il est l'heure de rentrer, tu feras un autre tour demain".

    Oh oui, vivement demain que je m'envole à nouveau avec mon cheval, là sur ce petit parking près de la mer.


    Et me voilà avec mon cheval. Cette photo a été prise quand je devais avoir 3/4 ans. Mon père chtimi nous emmenait en vacances à Trépied qui se situe près du Touquet dans le 62. Sur le front de mer il y avait notamment un parking sur lequel était installée une écurie de ces sulkies à pédales, et c'était mon coin favori avec la superbe piscine qui a été détruite depuis. Ah ! Juste une précision, c'est bien moi "Bonhomme" c'est comme ça que ma mère m'appelait, et avec ma grand-mère j'avais le choix entre ma cocotte (beurk) et min fiu (autrement dit mon garçon, bref il ne faut pas s'étonner si par la suite j'ai développé un caractère de garçon manqué !



    Cette piscine d'eau de mer chauffée faisait 66 mètres de long et on se déshabillait dans des petites cabines privées multicolores. Elle a été remplacée par une piscine ludique, tant mieux pour ceux qui veulent s'amuser, tant pis pour ceux qui veulent nager, parce que mine de rien, la mer du Nord c'est pas chaud, chaud. La voici dans les années 30.

     


    28 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique