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La voleuse de livres : les citations
Une définition absente du dictionnaire. Ne pas s'en aller : un acte d'amour et de confiance que les enfants savent souvent traduire.
Chaque mur était couvert d'étagères pleines à craquer et pourtant impeccables. On distinguait à peine la peinture. Sur le dos des volumes noirs, rouges, gris et multicolores, les titres étaient imprimés en lettres de toutes les formes et de tous les formats. Liesel avait rarement vu quelque chose d'aussi beau. Elle sourit, émerveillée. Dire qu'il existait une pièce comme celle-ci ! Petit à petit, la pièce rétricit, jusqu'à ce que la voleuse de livres puisse atteindre les livres en quelques pas. Elle passa le dos de la main le long de la première étagère, écoutant le frottement de ses ongles contre la moelle épinière de chaque volume. On aurait cru le son d'un instrument de musique ou le rythme saccadé d'une fuite. Elle utilisa ensuite les deux mains et fit la course entre les rangées. Et elle rit à gorge déployée, d'un rire haut perché. Quand elle s'arrêté, un peu plus tard, elle recula et resta plusieurs minutes au milieu de la pièce, le regard allant des étagères à ses doigts et de ses doigts aux étagères. Combien de livres avait-elle touchés ? Combien en avait-elle palpés ? Elle recommença alors, plus lentement, cette fois, la paume des mains tournée vers les livres pour mieux sentir le dos de chacun. C'était un toucher magique, de la beauté pure, tandis que des rais de lumière brillante tombaient d'un lustre.
Au cours des années à venir, il ne volerait pas le pain, il le donnerait. Preuve à nouveau que la nature humaine est pétrie de contradictions. Le bien et le mal en proportions égales. Ajoutez juste un peu d'eau.
Ce n'était toutefois pas ce que Liesel avait à l'esprit. Elle était dans son élément, parmi les livres du maire aux couvertures de toutes les couleurs, avec leurs titres gravés en lettres dorées ou argentées. Elle sentait l'odeur des pages. C'est tout juste si elle n'avait pas le goût des mots qui s'accumulaient autour d'elle.
Journal de la mort : 1942. Et puis il y a la Mort. Moi, la narratrice. Qui me fraie un chemin dans tout cela. En surface : imperturbable, impassible. En dessous : défaite, déconcertée, déboussolée.
Il y a une différence entre le coeur d'un humain et le mien. Le coeur humain est une ligne, tandis que le mien est un cercle, et j'ai la capacité infinie de me trouver au bon moment au bon endroit. En conséquence, je trouve toujours des humains au meilleur et au pire d'eux-mêmes. Je vois leur beauté et leur laideur, et je me demande comment une même chose peut réunir l'une et l'autre. Reste que je les envie sur un point. Les humains ont au moins l'intelligence de mourir.
En fait, ce n'est pas seulement un livre qu'Ilsa Hermann donna à Liesel Meminger ce jour-là. Elle lui donna aussi une raison de passer du temps dans le sous-sol, son endroit préféré, d'abord en compagnie de Papa, puis de Max. Elle lui donna une raison d'écrire ses propres mots, de constater que les mots l'avaient aussi ramenée à la vie. "Ne te punis pas." Liesel entendait de nouveau les paroles d'Ilsa Hermann. Pourtant, la punition et la souffrance seraient présentes, tout comme le bonheur. C'était cela, l'écriture.
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Commentaires
1CATH LA CIGALEVendredi 2 Novembre 2007 à 08:29Répondre
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