« Quand il fait une ânerie du genre vouloir changer la tuyauterie et te laisser sans baignoire pendant une semaine, tu ne lui dis pas qu’il est nul, c’est la plomberie qui était nulle, tu vois le principe.

Il se perd en voiture, si ma chérie ça leur arrive aussi mais ces têtes de mule refusent de l’admettre, dans ce cas, demande lui de s’arrêter à une boulangerie parce que tu as un petit creux et là fais toi expliquer le chemin à sa place, ensuite fais celle qui découvre le bon panneau sans le faire exprès.

Il s’entaille la main en essayant de bricoler, même chose, c’est le cutter qui est mal étudié et en plus tu peux le dorloter, là tu y mets le paquet, un homme c’est douillet alors n’hésite pas à lui dire qu’il est super courageux, oui c’est ça comme à un gamin qui s’est écorché le genou et qui ne veut pas qu’on le soigne.

Tu n’aimes pas les fleurs coupées, tu lui as dit et redit mais il s’entête à t’en amener, même chose tu le remercies d’un air énamouré, pardon ? Oui tu as raison c’est le geste qui compte, de toutes façons dis toi bien qu’il n’arrivera jamais à se souvenir de tes goûts, de la date de votre mariage, de ta fête etc, alors à toi de les lui rappeler mine de rien, tout en allusion tu vois ?

Bien sûr quand vous aurez des loupiots, arrange toi pour lui consacrer du temps parce que sinon il va te faire des crises de jalousie, si, si je t’assure, il y a même des moments où tu auras l’impression d’avoir un gosse de plus à la maison, tu vois le genre –c’est moi le chef et pas toi-.

Bref, tu fais comme si tu avais un gros chat à la maison, tu le caresse dans le sens du poil, tu lui gratouilles le ventre, et puis aussi tu t’arranges pour garnir correctement sa gamelle, tu peux me croire on a beau essayer de faire croire que ce n’est plus vrai, le chemin du cœur d’un homme, ça passe toujours par son assiette.

Bien sûr quand ça va pas au boulot, même chose c’est lui le meilleur et les autres qui sont nuls.

Comment ? Tu penses qu’il ne va pas gober ça. Me fais pas rire ma cocotte, moi ça marche depuis 70 ans, pas de raison que les bonshommes aient évolué depuis.

Comment ? Ils développent de plus en plus leur côté féminin et intuitif, si ça peut te faire plaisir de le croire, pas de problèmes ma poupée, mais dis leur qu’ils ressemblent à Gabin, quoi qui c’est ? Bon bref, à un mec qui ressemble à un mec d’aujourd’hui et tu verras si son côté féminin la ramène !

Admirative, voilà ce qu’il faut être pour qu’il te mange dans la main ton petit chéri »

Valériane avale tant bien que mal tout ce que Mémé Célestine lui révèle sur les hommes et elle doit bien reconnaître que son arrière grand-mère, sa grand-mère et sa mère (ainsi que ses tantes et autres) ne s’en sortent pas si mal que ça avec les hommes de la famille.

« Allez ma chérie, je te souhaite plein de bonheur » Mémé Célestine claque une bise à son arrière petite-fille qui s’en va encore un peu chancelante de tous ces scoops, et, se calant dans son fauteuil s’endort avec un sourire aux lèvres en pensant à toutes les couleuvres qu’elle a fait avaler à son cher Athanase qui n’y a vu que du bleu.