-
Sabine
Notre maîtresse Jill Bill est de retour, voilà une bonne nouvelle ! Dans sa cour de récré pour aujourd’hui voilà Sabine.
Ce matin, Landry, le petit vent de Bigorbourg, se repose dans le clocher à côté de ses mères adoptives les cloches Gudule, Guduline et Gudulette et de son frère adoptif l’éclair Marius, lorsqu’il entend des pleurs.
Sur le moment, il pense qu’il s’agit d’un des enfants du bourg qui fait un caprice (si, si, ils peuvent en faire, tout n’est pas toujours rose quand même) ou qui vient de se faire mal et il n’y pense plus.
Quelques instants plus tard, de nouveaux sanglots éclatent. Il va à la fenêtre du clocher et regarde dehors (je sais, je sais, comment fait un petit vent pour regarder ?). Rien en vue, pas d’enfants malheureux qui traînent.
En revanche, voilà qu’il sent des perles d’eau glisser sur lui. Il lève le nez et …
Oui, bon, je vois qu’il faut tout vous expliquer ! Certes le vent est invisible, alors imaginez-vous un petit bonhomme ailé comme un chérubin, mais en moins dodu, forcément, il doit pouvoir être rapide et se faufiler partout et les chérubins sont généralement bien potelés. Voilà ça y est vous l’avez dans l’œil le petit Landry un petit ange mais transparent qu’on ne peut repérer qu’au léger frissonnement de l’air autour de lui. Pour les grands vents c’est la même chose mais avec une taille XL voire XXL !
Donc, il lève le nez pour essayer de repérer d’où viennent ces gouttes. C’est bizarre vu que le ciel est tout bleu. Igor le coq du clocher aurait-il un problème ? Non, c’est un dur de dur il ne pleurerait pas.
Landry décide donc de sortir du clocher, tout doucement pour ne pas déranger ses mères adoptives qui sont de vénérables centenaires.
Marius l’éclair méridional étant en pleine sieste, se contente de le suivre du coin de l’œil (si un éclair peut avoir un œil, même deux d’ailleurs et une langue bien pendue en ce qui concerne Marius !)
Landry se dirige vers les plaintes et voilà qu’il tombe sur un minuscule nuage accroché à la girouette d’Igor. Le pauvre petit est coincé, il n’arrive pas à se dégager de ce drôle d’hameçon et Igor n’a pas le cou assez long pour l’aider.
Landry arrive donc à point nommé pour lui donner un coup de main.
Le petit vent s’approche du nuage, un joli nuage un peu rosé, tout délicat comme un gros morceau de coton bien duveteux.
Son arrivée, pourtant discrète, fait sursauter la gracieuse nuée, qui laisse échapper un nouveau gémissement de peur et de douleur.
« Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur » murmure Landry « Qui es-tu ? Est-ce que je peux t’aider ? »
Une petite voix fluette qui coule et gazouille comme un ruisselet le supplie « Oh oui, s’il te plait, je suis accrochée, j’ai mal et ma famille est partie, elle ne pouvait pas m’attendre »
Landry est outré ! Qui a osé délaisser cette charmante créature !
« On t’a abandonné ? C’est drôlement méchant ça ! »
« Non pas vraiment, ma famille a un rôle important à jouer, elle doit aller donner à boire à des champs morts de soif qui sont loin d’ici et moi, je ne suis pas encore assez forte pour arroser comme il faut »
« Ah, j’ai compris, tu es un nuage de pluie, c’est ça ? »
« Oui, je m’appelle Sabine (*), c’est une dame du ciel qui m’a appelée comme ça. Tu peux m’aider s’il te plait ? »
Landry s’approche donc de Sabine et, délicatement, il dégage la pointe de la girouette qui la maintient prisonnière.
Et les voilà tous les deux face à face, le chérubin transparent et la gracile nuée. Tous les deux se regardent dans les yeux et si un bigorbougeois levait le nez, il pourrait voir se détachant sur le bleu du ciel, deux taches roses miroitantes.
Marius, curieux, contemple le spectacle et en riant il déclenche le bang de son coup de foudre.
Il y a maintenant une nouvelle habitante dans le clocher de Bigorbourg, la petite pluie Sabine qui accompagne son ami Landry pour pleuvoir quelques gouttes sur les fleurs assoiffées.
Les trois mères de Landry regardent avec bienveillance la nouvelle venue et sourient avec malice de l’air béat de leur fils adoptif.
(*) Comme d’habitude petit tour sur internet pour me renseigner sur les Sabine. J’ai trouvé ce dicton qui m’a bien plu (c’est le cas de le dire) « Pluie à la Sainte Sabine est une grâce divine ».
-
Commentaires
Alors ? Ca bine ?
Non... Sabine.
"Un bon binage vaut un arrosage" disent les jardiniers, si en plus Sabine est là... Quel trésor.
Tu vas pouvoir faire un livre pour enfant de toutes tes belles histoires. C'est vraiment joli.
Bonne soirée. Bisous
Merci beaucoup ! Les chroniques restent encore du domaine du rêve, mais qui sait un jour peut-être
C'est une belle histoire d'amour entre le gentil vent et le petit nuage rose ! J'aime bien !
Ajouter un commentaire
conteuse incomparable..., tu publies les chroniques de Bigorbourg ?