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Sidoine
Nouveau prénom de Bigornette, âmes sensibles s'abstenir
Aujourd'hui, branle-bas de combat dans la cuisine de Pélagie. On est le 14 novembre et le Père Paterne reçoit son ami le moine Sidoine pour sa fête.
Sidoine était un bon vivant qui aimait bien manger donc Pélagie va mettre les petits plats dans les grands. Ah, vous vous demandez pourquoi je parle de lui au passé ?
Tout simplement parce que le moine Sidoine a trépassé, raccourci d'une tête pendant la Révolution française. Cela se passait bien sûr hors de Bigorbourg qui a bien heureusement échappé à cette tourmente.
Pardon ? Comment ces deux là se sont-ils rencontrés et ont-ils fait ami-ami ? Eh bien voilà.
Le Père Paterne aime bien lorsqu'il a un petit moment de calme aller explorer la campagne environnante perché sur sa bicyclette, soutane au vent. Je sais, c'est dangereux, mais comme il semble que le Père Paterne reste sourd aux conseils de Prudence, celle-ci lui a délégué un ange gardien débutant pour empêcher la soutane de se coincer dans les roues ou le pédalier et ce n'est pas une partie de plaisir pour le pauvre apprenti.
Bref, ce 14 novembre là, le Père Paterne se retrouva face aux ruines d'un monastère qu'il n'avait encore jamais vu, ce qui ne manqua pas de l'étonner dans la mesure où enfant du pays, il connaissait le coin comme sa poche. L'endroit n'était guère engageant sous la lumière pâle de ce mois de novembre, mais le Père Paterne décida d'explorer plus à fond ce lieu étrange.
Il commença par déambuler dans ce qui était l'ancien jardin intérieur du cloître, envahi par les mauvaises herbes. Il avait bien du mal à se frayer un passage au milieu de ces herbes folles qui tentaient de le retenir. Son angelot personnel lui, pas fou, avait préféré rester près du vélo, après tout les ordres de Prudence portaient sur un Paterne roulant, pas un Paterne marchant.
Le Père Paterne cru apercevoir de la lumière dans ce qui était probablement le réfectoire de la communauté. Vaille que vaille, il y dirigeât ses pas.
Tout à coup, il buta dans quelque chose qui se mit à rouler.
"Aïe" fit une voix "Faites attention où vous mettez les pieds !"
"Excusez-moi" répondit Père Paterne avant de se demander qui pouvait bien parler "Mais où êtes-vous ?"
"En partie devant vous, en partie à 3 mètres sur votre gauche" repartit la voix.
"???" fit Père Paterne.
"Je sais, je sais" reprit son interlocuteur "C'est un peu dur à suivre, mais je suis maladroit et j'ai encore fait tomber ma tête. Si vous pouviez me donner un coup de main pour me remettre un peu en ordre, je vous en serais reconnaissant".
Père Paterne sentit ses cheveux se hérisser, mais la voix ne paraissait pas menaçante, il s'approcha en regardant où il mettait les pieds et son regard tomba sur une tête rondouillarde qui lui souriait amicalement. Un peu tendu, il ramassa le-dit appendice et se dirigeât vers sa gauche où il aperçut le corps sans tête, mais bien rembourré d'un moine enveloppé dans sa bure. Hésitant, il mit la tête souriante entre les mains tendues vers lui. Avec un soupir de contentement les deux parties se réunirent.
"Merci beaucoup mon Père, je me présente Frère Sidoine, ex-moine de mon état".
"Pas de quoi mon frère. Mais puis-je vous demander pourquoi vous n'avez point rejoint le royaume de notre Seigneur ? Quelques graves péchés vous retiendraient-ils dans cette vallée de larmes ?" Vous avez entendu comme il parle bien le Père Paterne, l'habitude des sermons !
"En fait, ma place est réservée là-haut, mais que voulez-vous j'ai beaucoup de mal à quitter cette terre où j'ai été heureux, même si ma fin fut un peu spectaculaire. Et pour tout vous dire je hante ce réfectoire à la recherche d'un des mets délicieux que nous concoctait le frère cuisinier".
"J'ai à mon service une cuisinière hors pair, si vous pouvez quitter votre monastère, je suis sûr qu'elle pourra vous régaler, enfin si les fantômes peuvent manger bien sûr !"
"Pas de problème" reprit le rieur Frère Sidoine "En revanche la journée va bientôt se terminer et je ne serai autorisé à revenir sur notre terre que le jour de ma prochaine fête".
"Qu'à cela ne tienne, je vous invite cordialement au presbytère pour le 14 novembre prochain, ce qui me donnera le temps d'en parler à Pélagie, ma gouvernante".
Pélagie prit l'annonce de la venue d'un revenant coupé en deux pour un repas gastronomique avec beaucoup de philosophie. Le Père Paterne n'en attendait pas moins de sa part.
Et c'est pour cela qu'aujourd'hui le Père Paterne et Pélagie accueillent à leur table un moine rubicond et heureux de se délecter encore une fois de bons petits plats. Pour éviter tout incident pouvant jeter un froid, comme une tête tombant dans le potage, Frère Sidoine a pris la précaution de nouer autour de son cou une large écharpe qui maintient sa tête bien en place s'il évite les mouvements brusques. A son arrivée Paterne le chat et Belle Aggie ont été un peu méfiants, les chats n'appréciant guère les revenants, mais quelques caresses bien placées ont eu raison de leurs réticences.
Et voulez-vous que je vous dise, le repas fut très gai, Frère Sidoine étant un homme plein d'humour et de gentillesse, bref un digne bigorbourgeois d'adoption.
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Commentaires
1CrocMercredi 25 Novembre 2009 à 07:53Répondre
ton imagination est plus que débordante ....quelle histoire nom d'un chat !!!
perdre sa tête , la récupérer et aller se restaurer ? ? ou la la ..heuresement que ça est bien passé !!
bonne soiré
bisous
c+je crois que nosu avons parlé du même Sidoine...mais moi c'était très "pédégogique", alors que toi il ya toujours cette poésie ...
bonne ournée19BigornetteSamedi 18 Janvier 2014 à 17:42hihi ! mais où vas-tu chercher tout ça ?... c'est super ! une idée venue d'on ne sait où mais efficace...on y croit et on se marre... bravo Martine tu m'épates... et puis qu'un moine à la tête coupée puisse encore se régalé c'est d'un optimisme qui fait du bien ... C'est vraiment "que du bonheur " de te lire... il va falloir que tu sortes des écrits imprimés ... forcément ! quel talent !hihi...Merci ... gros bisous et bonne journée à toi...20PATSYSamedi 18 Janvier 2014 à 17:42
Très bonne journée. Pour moi c'est Brrrrrrr ce matin.
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