-
Venceslas
Le défi de Bigornette répond aujourd'hui au doux prénom de Venceslas
Venceslas est l'arrière-tout-plein-d'arrière-petit-fils de Dimitri. Mais si vous savez bien l'âne qui aida Blaise à baptiser Bigorbourg.
Notre Venceslas est, comme de bien entendu, un âne qui sort du commun.
Tout petit déjà, il savait tellement bien se faire comprendre que les deux pattes renchérissaient à qui mieux-mieux "il ne lui manque que la parole" ce qui agaçait prodigieusement notre ânon dans la mesure où les-dits deux pattes ne comprenaient pas la moitié de ce qu'il voulait leur dire.
Il décida donc de mettre au point une technique pour lui permettre de communiquer avec ces êtres inférieurs, mais somme toute attachants, après tout ce n'était pas de leur faute s'ils étaient un peu limités.
La transmission de pensée échoua, les humains n'étaient pas assez réceptifs et le seraient-ils jamais ?
L'écriture lui posait un problème, ses sabots manquant de prises pour attraper un stylo.
Il essaya aussi de parler mais ses hi-han, bien que modulés avec précision énervaient vite ses interlocuteurs.
Mais un jour, il entendit son jeune protégé (je vous rappelle que nous sommes dans une famille qui pratique la parité : un enfant/un âne) raconter une histoire qu'il avait apprise à l'école, celle d'un certain Roland Dorgeles et d'Ali Boron l'âne peintre.
Il comprit vite que c'était de l'esbrouffe. En fait Ali Boron se contentait d'agiter sa queue à laquelle était attaché un pinceau plein de peinture, bref rien de vraiment spectaculaire, mais l'idée était bonne.
Venceslas décida donc de devenir artiste peintre.
Bon, une fois la décision prise restait à la mettre en pratique.
Hors de question d'utiliser ses sabots qui comme il l'avait déjà constaté n'étaient pas assez agiles, sa queue manquait aussi de souplesse et en plus il lui aurait fallu garder constamment la tête tournée, des coups à se choper un torticolis. Non ne restait qu'une possibilité : sa bouche, de grandes dents, des lèvres souples et préhensiles, cela ferait parfaitement l'affaire. Il s'entraîna à dessiner par terre avec un petit morceau de bois, cela fonctionna parfaitement.
Maintenant il lui fallait trouver pinceaux, peintures et toiles.
Voilà qui relevait du défi.
Un jour que son jeune deux pattes laissa traîner son matériel de dessin, Venceslas fit un essai. Les crayons s'usaient trop vite, il n'arrivait pas à décapuchonner les feutres, pas plus qu'à ouvrir les tubes de peinture qui de plus s'écrasaient sous ses sabots. Bon inutile de dire que son jeune ami fut un peu furibond de voir l'état dans lequel il retrouva son matériel, ce à quoi sa mère (comme toute mère qui se respecte) rétorqua qu'il n'avait qu'à ranger ses affaires.
Tout cela était bel et bon mais n'arrangeait pas notre quadrupède.
Il partit donc se promener dans le bourg à la recherche du matériel adéquat.
Aidé par toute la clique des animaux du coin, Belle Aggie, Paterne et Casimir en tête (plus d'autres que vous découvrirez peut-être un jour) il découvrit le nirvana du peintre.
Un des habitants (se reporter aux parenthèses précédentes) adorait peindre et repeindre chez lui, il possédait donc dans sa remise pléthore de pinceaux et de pots de peinture.
Venceslas, aidé de ses amis à quatre pattes, profita d'un jour d'absence du brave homme pour s'emparer des pots et des pinceaux.
Ne restait qu'à trouver la toile adéquate, ce qui fut rapidement réglé lorsqu'ils arrivèrent dans le jardin du presbytère où Pélagie avait mis à sécher les draps du Père Paterne.
Belle Aggie et Paterne lestèrent le bas du drap pour empêcher qu'il ne bouge, Casimir aida à ouvrir les pots de peinture et Venceslas après un moment de concentration intense, s'empara d'un pinceau, le trempa dans la peinture et commença son tableau.
Bientôt on vit apparaître sur le beau drap blanc une maison de rêve perdue au milieu d'un foisonnement de fleurs multicolores et près de laquelle jouaient enfants et animaux.
Malgré quelques petites fautes de style Venceslas était très fier de son oeuvre, en revanche Pélagie lorsqu'elle découvrit l'Oeuvre commença par pousser des cris d'orfraie qui alertèrent le Père Paterne. Rapidement toutefois ils restèrent bouche bée d'admiration devant la fraîcheur de la représentation.
Entre-temps, le peintre et ses complices s'étaient cachés pour attendre la réaction des deux pattes et ma foi, ils furent fort satisfaits.
Le Père Paterne refusa que Pélagie détruisit cette étrange oeuvre d'art et la fit tendre dans l'église, qui n'était plus à une originalité près.
Les habitants mirent quelques temps avant de trouver qui était le "coupable" parce que Venceslas mis en appétit se mit à peindre nuitamment sur toutes les surfaces blanches qu'il put trouver et c'est ainsi que bon nombre de maisons se trouvèrent agrémentées de fresques murales délicieusement fraîches et naïves.
Un jour bien sûr Venceslas fut pris sur le fait par des villageois ébahis et admiratifs qui, malins, lui procurèrent le matériel ad hoc et mirent ses tableaux en vente dans les galeries des grandes villes environnantes.
Venceslas resta pour tous ceux hors de Bigorbourg, l'artiste mystère mais cela ne le dérangeât pas et en plus il pouvait maintenant communiquer parfaitement avec ses deux pattes à l'aide de petits croquis vite faits, bien faits. Voulez-vous que je vous dise, "Elle est pas belle la vie ?"
-
Commentaires
A la fois ce brave venceslas qui enfin arrive à s'exprimer et surtout toi qui nosu conte de bien belles histoires tous les mercredis.....
En as tu fait un recueil????eh bien au moins il t'a inspirée hihi !
une belle page d'écriture pour Bigornette !!
de l'imagination avec un âne -
j'aime les ânes au regard si doux !!
bravo
bises lady marianne
je voudrais bien que venceslas me donne des cours je voudrais tant savoir peindre
je dis toujours devant un beau paysage
c'est dommage que je ne sois pas artiste peintre
mes filles qui sont gentilles (ce sont mes filles) me disent personne ne t'empêche d'essayer!!
je vais aller de ce pas voir si la bonne du curé n'a pas mis de drap à sècher!!
ha ha !
bisous de la grandmère des côtes d'armor
Plus sérieusement je pense que les animaux ont des émotions eux aussi, dans la mesure où ils connaissent la tristesse, la joie... ils ont une conscience aussi, ils savent ce qu'est la mort alors que nous non, il faut nous l'expliquer.
Elle m'a bien plu cette histoire Martine, en plus, j'adore les ânes.
Bien belle idée et ton histoire prend forme au fil des semaines25BigornetteSamedi 18 Janvier 2014 à 17:43Elle est très belle ta vie et j'aime ta façon de la voir car tu nous emmènes dans un monde qui me plait de plus en plus... j'adore cette idée de l'âne artiste pour deux raisons, j'aime les ânes, j'aime la peinture et je trouve que Venceslas est un fort joli prénom pour un âne... Donc j'adore ce que tu nous compose au fil des mercredi... Merci Martine , tu les fais bien vivre mes prénoms... bisous et belle journée...
26PATSYSamedi 18 Janvier 2014 à 17:43
Va vraiment falloir que je m'installe à Bigorbourg, je m'y sentirais comme un Poissons dans l'eau, chez ces habitants qui trouvent naturel tous ce qui ferait fuir en hurlant leurs contemporains.
Allons de ce pas, l'âme en joie, affonter le stress des Assistantes Sociales et donner un peu de baume au coeur aux démunis.
J'AIME LA VIE, oui oui oui !!!!
Ajouter un commentaire
Super
Zoupie