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Par
Martine27 dans
La Page d'Ecriture le
27 Avril 2009 à 00:39
A nouveau un texte écrit pour les Fanes de Carottes dans la
catégorie "Liens" et qui a été retravaillé avec l'aide d'InFolio.
Les pêcheurs viennent d’arriver, ils s’installent tranquillement sur un beau rocher confortable et commencent à sortir leur matériel. Concentrés, ils appâtent, et
lancent leurs lignes. Puis ils attendent patiemment que «ça morde» en discutant.
« Une bien belle journée pour pêcher, n’est-ce pas ? »
« Oui, vous avez raison, avec ce temps les proies devraient être plus nombreuses. »
« Tout à fait d’accord, on a beau dire, mais la météo joue quand même beaucoup. »
« Absolument ! Avec les beaux jours, il y a beaucoup plus de bancs qui passent. »
Un silence complice s’installe. Ils échangent quelques sourires et se laissent porter par la tranquillité du moment.
Puis la conversation reprend, plus « professionnelle » :
« Avec quoi appâtez-vous vos lignes ? »
« Rien ne vaut une mouche fabriquée avec du cuir et du papier. C’est un peu fragile, mais bien présenté, c’est infaillible » répond le grand escogriffe au visage constellé de tâches de
rousseur.
« Certes, mais ceux qui mordent sont un peu coriaces, non ?»
« Vous savez, une fois bien marinés et assaisonnés, ils deviennent tout à fait délectables et puis mon épouse connaît mille façons de les accommoder. Je vous assure que je n’exagère pas. Avec une
seule belle pièce, elle est capable de réaliser au moins trois au quatre repas absolument divins… Et puis, il faut reconnaître que ça mord de plus en plus jeune. Et vous-même ? »
Son voisin quitte un instant son bouchon du regard et sa face de lune semble s’illuminer : « Moi, mon appât préféré reste sans conteste la mouche scintillante, un beau reflet, de belles couleurs,
plus c’est chatoyant mieux c’est. Mais il faut savoir choisir son coin. »
« Et les proies sont goûteuses ? »
« Ah, je dois dire qu'elles sont souvent aromatisées avec des parfums exotiques assez intéressants à tester. »
Se tournant vers le troisième un bon gros rondouillard, resté silencieux : « Et vous-même ? »
« Moi, je ne m'intéresse qu'aux très jeunes. J'utilise donc des petites babioles faciles à saisir. Mais attention ! Elles doivent quand même être attractives, comme pour vous, il faut de la
couleur. Toutefois, je dois dire que les prises sont rares, les petits restent très protégés par le banc, mais parfois ils s’éloignent et là hop, emballés. Et franchement, ça en vaut la peine, la
chair est particulièrement délicate » répond celui-ci en agitant sa grosse tête.
« Je dois reconnaître également » reprend le plus grand « que ce lien avec un autre monde est aussi une motivation supplémentaire. »
« Absolument, on a une impression de puissance à se dire que quelque chose d’aussi fin que notre ligne peut faire la différence entre la vie et la mort. »
« Je n’avais jamais pensé à ça, mais vous avez bigrement raison ! »
Les trois pêcheurs retombent dans un silence contemplatif. Le nez levé, chacun surveille son bouchon avec application.
Tout à coup, une ligne se tend.
Vite, le pêcheur commence à tourner son moulinet pour ferrer sa proie. Dans le feu de l’action, ses taches de rousseur ressortent.
C’est un fort beau spécimen. Après une lutte farouche, on entend un grand plouf. Il se débat. D’abord activement. Puis il perd en vigueur. Il commence manifestement à manquer d'air, mais reste
toujours fermement accroché à l’appât, un portefeuille en peau de requin récupéré sur une précédente proie. Le pêcheur y voit là une certaine justice, étant lui-même de cette race. Enfin, l’homme
commence à couler.
Le pêcheur l'attrape avec son épuisette, l'assomme d'un bon coup de gourdin pour l'achever et le range soigneusement dans un grand sac noir. Satisfait de sa prise, il décide d’arrêter là sa
partie de pêche. Il salue ses acolytes qui le félicitent et, qui, sereinement, reprennent l’attente en guettant les prises suivantes.
Tandis que Monsieur Roussette s’en retourne en haute mer en frétillant des nageoires, Monsieur Poulpe, ne pouvant laisser ses bras oisifs, attrape un petit jouet qu’il enveloppe dans un papier cadeau multicolore. Monsieur Raie, quant à lui, un grand sourire éclairant sa face, accroche amoureusement des fards à paupières à d’autres hameçons.
8 commentaires
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Martine27 dans
La Page d'Ecriture le
27 Avril 2009 à 00:39
A nouveau un texte écrit pour les Fanes de Carottes dans la
catégorie "Liens" et qui a été retravaillé avec l'aide d'InFolio.
Les pêcheurs viennent d’arriver, ils s’installent tranquillement sur un beau rocher confortable et commencent à sortir leur matériel. Concentrés, ils appâtent, et
lancent leurs lignes. Puis ils attendent patiemment que «ça morde» en discutant.
« Une bien belle journée pour pêcher, n’est-ce pas ? »
« Oui, vous avez raison, avec ce temps les proies devraient être plus nombreuses. »
« Tout à fait d’accord, on a beau dire, mais la météo joue quand même beaucoup. »
« Absolument ! Avec les beaux jours, il y a beaucoup plus de bancs qui passent. »
Un silence complice s’installe. Ils échangent quelques sourires et se laissent porter par la tranquillité du moment.
Puis la conversation reprend, plus « professionnelle » :
« Avec quoi appâtez-vous vos lignes ? »
« Rien ne vaut une mouche fabriquée avec du cuir et du papier. C’est un peu fragile, mais bien présenté, c’est infaillible » répond le grand escogriffe au visage constellé de tâches de
rousseur.
« Certes, mais ceux qui mordent sont un peu coriaces, non ?»
« Vous savez, une fois bien marinés et assaisonnés, ils deviennent tout à fait délectables et puis mon épouse connaît mille façons de les accommoder. Je vous assure que je n’exagère pas. Avec une
seule belle pièce, elle est capable de réaliser au moins trois au quatre repas absolument divins… Et puis, il faut reconnaître que ça mord de plus en plus jeune. Et vous-même ? »
Son voisin quitte un instant son bouchon du regard et sa face de lune semble s’illuminer : « Moi, mon appât préféré reste sans conteste la mouche scintillante, un beau reflet, de belles couleurs,
plus c’est chatoyant mieux c’est. Mais il faut savoir choisir son coin. »
« Et les proies sont goûteuses ? »
« Ah, je dois dire qu'elles sont souvent aromatisées avec des parfums exotiques assez intéressants à tester. »
Se tournant vers le troisième un bon gros rondouillard, resté silencieux : « Et vous-même ? »
« Moi, je ne m'intéresse qu'aux très jeunes. J'utilise donc des petites babioles faciles à saisir. Mais attention ! Elles doivent quand même être attractives, comme pour vous, il faut de la
couleur. Toutefois, je dois dire que les prises sont rares, les petits restent très protégés par le banc, mais parfois ils s’éloignent et là hop, emballés. Et franchement, ça en vaut la peine, la
chair est particulièrement délicate » répond celui-ci en agitant sa grosse tête.
« Je dois reconnaître également » reprend le plus grand « que ce lien avec un autre monde est aussi une motivation supplémentaire. »
« Absolument, on a une impression de puissance à se dire que quelque chose d’aussi fin que notre ligne peut faire la différence entre la vie et la mort. »
« Je n’avais jamais pensé à ça, mais vous avez bigrement raison ! »
Les trois pêcheurs retombent dans un silence contemplatif. Le nez levé, chacun surveille son bouchon avec application.
Tout à coup, une ligne se tend.
Vite, le pêcheur commence à tourner son moulinet pour ferrer sa proie. Dans le feu de l’action, ses taches de rousseur ressortent.
C’est un fort beau spécimen. Après une lutte farouche, on entend un grand plouf. Il se débat. D’abord activement. Puis il perd en vigueur. Il commence manifestement à manquer d'air, mais reste
toujours fermement accroché à l’appât, un portefeuille en peau de requin récupéré sur une précédente proie. Le pêcheur y voit là une certaine justice, étant lui-même de cette race. Enfin, l’homme
commence à couler.
Le pêcheur l'attrape avec son épuisette, l'assomme d'un bon coup de gourdin pour l'achever et le range soigneusement dans un grand sac noir. Satisfait de sa prise, il décide d’arrêter là sa
partie de pêche. Il salue ses acolytes qui le félicitent et, qui, sereinement, reprennent l’attente en guettant les prises suivantes.
Tandis que Monsieur Roussette s’en retourne en haute mer en frétillant des nageoires, Monsieur Poulpe, ne pouvant laisser ses bras oisifs, attrape un petit jouet qu’il enveloppe dans un papier cadeau multicolore. Monsieur Raie, quant à lui, un grand sourire éclairant sa face, accroche amoureusement des fards à paupières à d’autres hameçons.
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