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Tournesols
Pour les impromptus de la semaine dernière il fallait écrire un petit texte commençant par les mots mis en gras. Voilà ma contribution.
Elle avait apporté des fleurs de tournesol, elle lui tendit le bouquet sans un sourire, sérieuse et concentrée.
Il la contempla.
Elle était belle, des cheveux noirs libres et vivants comme la crinière d'une pouliche sauvage, des yeux d'un bleu de ciel d'été, un corps qu'une statue grecque aurait pu lui envier. Tout en elle l'avait séduit.
Elle était vêtue comme la dernière fois d'une robe rouge dansante qui mettait en valeur ses cheveux et son teint mat.
Elle le regarda longuement puis, comme il n'esquissait aucun geste pour le prendre, elle posa le bouquet sur la table basse du salon. Elle tourna les talons et s'en alla.
Pas un mot ne fut prononcé d'un côté comme de l'autre. C'était inutile, il savait ce qu'elle attendait de lui.
Le lendemain, à nouveau, elle était là, son bouquet à la main, le fixant, attendant un mot, un geste de sa part.
Mais, pas plus que la veille il ne bougea.
Il en fut ainsi tous les jours qui suivirent. Elle était là, attendant.
Jour après jour, il commença à trembler.
Jour après jour, sa résolution vacilla de plus en plus.
Jour après jour, sa raison perdit pied petit à petit.
Ses nuits n'étaient plus qu'insomnies, ces journées après la, maintenant, traditionnelle rencontre du matin, une longue suite de peurs et de sursauts.
Puis, un matin, enfin, la digue céda.
Elle était là, en rouge, son bouquet d'or à la main, attendant sans un mot, sans un bruit.
"Tu as gagné" souffla-t-il "je vais le faire".
Pas un son ne franchit ses lèvres, elle se contenta de le suivre du regard tandis qu'il enfilait son manteau et lui emboîta le pas dans la rue.
Il n'osait la regarder.
Enfin, ils arrivèrent devant un bâtiment administratif, ils entrèrent l'un derrière l'autre.
"Que puis-je pour vous Monsieur ?" demanda le planton.
"Pourrais-je vois l'inspecteur en charge de l'affaire de la disparition de Mademoiselle Vincente ?"
"Avez-vous des renseignements à lui apporter ?"
"C'est moi qui l'ai enlevée, assassinée et enterrée dans le champs de tournesols au lieu-dit Auvers".
Voilà c'était fait.
Il perçut du coin de l'œil un bref scintillement de rouge et d'or, un soupir de contentement que le planton pris pour un courant d'air parcourut le commissariat pour s'éteindre au loin sur des tournesols gorgés de soleil.
Elle était libre, son bourreau allait payer.
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Commentaires
ouh la la elle est terrible ton histoire... fantastique un peu... une victime contraint son bourreau à se dénoncer...
j'aime bien
bises et douce soirée
béa kLa chute est terrible Martine bravo !... une autre, une autre !Super ce bout de texte Martine, tu as la plume facile pour les suspenses en plus !! à quand ton roman... je serai sur la liste :)) sérieusement c'est magnifique à lire et tout coule bien. Bravo à toi.
Pensée
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mes annonces de nouvel article proviennent d'OB....decidement je n'arrive pas à me faire à l'autre plate forme...
bisous