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Igor
Le petit prénom charmant de Bigornette pour cette semaine : Igor
Igor est le coq de Bigorbourg. Pour être tout à fait exacte, c'est le coq de l'église.
Celui qui se trouve en haut du clocher et qui se balade au gré du vent.
Notre ami Igor est un fort bel oiseau au plumage cuivré. Il a été créé il y a fort longtemps par le forgeron du village.
Depuis Igor surveille SON village comme s'il s'agissait d'un poulailler.
Il connaît tout le monde, les anciens et les nouveaux habitants, les "normaux" et les surnaturels.
Il est la mémoire de Bigorbourg et il peut en raconter des choses.
Selon le sens du vent il peut regarder Pélagie s'agiter dans le presbytère, suivre des yeux la jeune Léonce lorsqu'elle va se promener dans les bois, se délecter de loin des gâteaux de Thècle, s'amuser des facéties des animaux en chair et en os qui vont et viennent dans les rues.
Les oiseaux du coin viennent régulièrement tailler une petite bavette avec lui et lui racontent les derniers potins, il a beau avoir une vue perçante et une position élevée l'ami Igor, il y a quand même des choses qui lui échappent.
Bref, il estime que sa vie dans l'ensemble n'est pas désagréable, à un bémol près ! Il ne supporte plus les cloches qu'Anthelme fait sonner à toute volée. Elles lui filent mal à la tête, elles lui donnent des fourmillements dans les pattes, le font trembler de la crête à la queue. Pour tout dire, ça devient intenable et il estime qu'en 300 ans (voire plus, il a un peu perdu la notion du temps) il a fait preuve de beaucoup de patience !
Il a donc décidé de réagir.
Depuis quelques temps tout le village est réveillé au petit (vraiment très petit) matin par des cocoricos tonitruants, la trompette de Pélagie à côté ressemble à un tout petit cui-cui de poussin nouveau-né, c'est dire !
Bien sûr tout le monde se demande à qui appartient ce coq exaspérant.
Mais les habitants ont beau guetter, rien de rien.
Et vient un moment où tout le monde est sur les genoux par manque de sommeil, voire pour cause d'insomnie à guetter le Cocorico triomphant.
Même Mademoiselle Zita n'est plus en mesure de calmer les insomniaques et pour tout dire elle-même se retrouve un peu trop gonflée d'énergie.
Un climat de suspicion se met à régner, et s'il s'agissait d'un plaisantin maniant un MP3 et amplificateur, allez savoir. Et voilà que nos Bigorbourgeois commencent à se regarder de travers, du jamais vu.
Il est temps que quelqu'un prenne les choses en main.
Prudence, l'ange gardienne a depuis belle lurette repéré Igor qui fait son fier du haut de son clocher, elle sait que c'est lui la cause de tout ce tohu-bohu, d'ailleurs un de ses apprentis ange gardien particulièrement copain avec les oiseaux a appris par l'un d'eux qu'Igor n'était pas étranger à cette perturbation.
Bien que n'ayant guère apprécié les gallinacés de son vivant (sauf peut-être rôtis), elle se décide à jouer une fois de plus les intermédiaires.
Elle plane donc jusqu'en haut du clocher et interroge Igor sur le pourquoi du comment, et enfin, celui-ci peut s'adresser à quelqu'un doté d'un peu plus de jugeotte que ces têtes en l'air d'oiseaux. Il lui explique donc qu'il en a ras la crête des cloches de l'église et que tant qu'elles résonneront, eh bien lui il chantera et toc.
Prudence va donc en référer en haut lieu, l'archange Gabriel fatigue parfois un peu des extravagances de Bigorbourg, mais bon à côté de ça ce village l'amuse et le distrait de ses occupations routinières.
Il invite donc Prudence à contacter Madame Thècle et celle-ci trouve dans ses grimoires une potion qui va parfaitement faire l'affaire pour régler "l'Affaire du Coq fantôme" comme l'appellent les habitants exténués.
Et un soir de pleine lune, Thècle perché sur Herbert son fidèle balai et Prudence font une proposition tout à fait honnête à Igor, proposition accueillie avec enthousiasme par le perturbateur.
Thècle arrose donc Igor avec sa potion spéciale et le lendemain matin, pas un bruit, les habitants ahuris se réveillent sur le coup de midi après une longue nuit (et matinée) de sommeil réparateur. Le coq fantôme s'est tu !
Tout à son bonheur, Anthelme se rue sur ses cloches et les fait chanter à plein poumon (pardon à plein battant).
Les cocoricos indignés vont-ils recommencer le lendemain ?
Mais non, deuxième nuit tranquille, Bigorbourg respire.
Seules Prudence et Thècle savent ce qui se passent. Maintenant dès que les cloches se mettent à sonner, Igor quitte le clocher pour aller survoler son cher village et ses alentours, il en profite pour mettre le bec dans les affaires des uns et des autres avec délectation, découvrant de nouveaux petits secrets.
Et quand les cloches se taisent, il retourne au bercail.
Vous vous demandez si on s'est rendu compte que le coq du clocher n'était pas toujours à sa place ? En fait non parce qu'un des apprentis de Prudence vient le remplacer le temps de sa promenade et comme Prudence est pleine de sagacité elle a établi un planning pour que ses apprentis se relaient en haut du clocher, elle n'a pas envie de se retrouver avec une grève sur les bras pour cause de travail fatigant pour les nerfs.
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Commentaires
1ABCMercredi 13 Janvier 2010 à 09:32Répondrehihi... tu m'as encore fait rêver en m'emmenant dans ce village étonnant, voilà le coq qui revit... ça me fait d'autant plus sourire, que j'ai emporté mon APN à la bibliothèque hier pour prendre le coq de mon clocher (juste à côté) en photo et il faisait trop froid, j'ai pas de gants (pas moyen d'en trouver dans mon petit coin de campagne) Alors j'ai renoncé à ma photo en pensant que je le ferai par temps plus chaud...Peut-être n'était-il pas là après tout... hihi... je me marre, si il était là ... je l'ai vu...en tout cas ce village est particulièrement gratiné... il s'en passe des choses... j'adore... bisous Martine et Merci pour tes écrits en forme de conte...je ne m'en lasse pas...
La morale de ton histoire est plus agréable
Bises
Une très belle histoire...comme quoi y a pas que dans les villes...
Et une histoire qui finit bien!
le coq et les cloches ça faisait beaucoup en effet -
voilà un problème de réglé sans heurts -
mais actuellement combien de Parisiens ou autres se plaignent du chant du coq et du son de cloches - je désaprouve ces réclamations -
la société actuelle ne supporte plus rien !!
un bel article plaisant à lire
bisous Lady marianne
L'idée du coq est rigolote, il commence à y avoir beaucoup de monde dans ce drôle de village !
Belle soirée, bises, Lylyah je savoure toujours autant....
rien de tel qu'une bonne médiation pour régler calmement les problèmes...
merci
vraiment un bonheur de te lire
bisous de la grandmère des côtes d'armor
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