• Les impromptus voulaient en savoir plus sur nos bibliothèques. Je vous emmène en visite.

    Ouf quelle journée aujourd'hui à l'infirmerie ! Ça n'a pas arrêté !
    "J'ai mal ici, j'ai mal là, j'ai le dos brisé, je perds mes feuilles, répare moi en premier je suis plus important que lui, non c'est moi !!!"
    Bref, une seule envie me retrouver tranquille à la maison et faire une séance de ronronthérapie avec ma Thalis.
    Mais, en ouvrant la porte de la maison, voilà que j'entends un brouhaha pas possible.
    "Moi je te dis que c'est moi qu'elle préfère"
    "Eh puis, ils font quoi ceux là ici à nous piquer notre travail"
    "Non, c'est nous ses préférés, vous voyez bien on est à la place d'honneur"
    Les petites voix bruissantes viennent de ce que j'appelle pompeusement ma "salle informatique" qui abrite aussi une bibliothèque et de mon salon-bibliothèque.
    Bon, j'envoie balader manteau, chaussures et sac et je me rue dans le salon.
    Premier coup d'œil, ma minette est sagement installée sur la plus haute plate-forme de son arbre à chat et à l'étage du dessous j'aperçois Elfie mon lutin de placard mort de rire, m'est avis qu'il n'est pas étranger à ce vacarme celui-là, il va falloir qu'il s'explique.

    Donc, me voilà au milieu de l'arène.
    Dans tous les coins, faut dire que je les ai stockés un peu partout, mes livres s'agitent, secouent les feuilles, battent des couvertures.
    "C'EST QUOI CE BAZAR" hurlai-je ?
    Quelques instants de calme et le leader "la forêt d'Iscambe" secondé par "le seigneur des anneaux" prend la parole.
    "Nous voulons savoir pourquoi tu ramènes des étrangers chez nous, tu ne nous aimes plus ? Et aussi on voudrait bien savoir qui tu préfères".
    "Et aussi pourquoi il y en a qui sont dans des bibliothèques à vitrines, alors que d'autres se retrouvent dehors à la merci de la poussière" ajoute "De peur que les Ténèbres"
    "Absolument, et pourquoi nous on est serrés comme des sardines" renchérit "le capuchon du moine". Mince, même si Frère Cadfael s'y met je ne suis pas sortie de l'auberge.
    "Et moi, tu m'as mis en morceau et j'attends toujours que tu finisses de me réparer" geint dans son coin "Féeries dans l'île". Oups, c'est vrai, comme on dit les cordonniers sont les plus mal chaussés, moi qui passe une partie de mes journées à réparer des livres, j'en oublie les tant aimés de chez moi qui sont bien malades.
    "Et pourquoi, et comment, et bla bla". Ils s'y remettent tous en chœur.
    "ON SE TAIT" braillai-je

    Un coup d'œil du côté de l'arbre à chat sur ce front là toujours une minette olympienne de calme et un Elfie gondolé de rire.
    Dans la salle informatique ça continue aussi de s'agiter mais comme ils sont de l'autre côté de la cloison je ne les vois pas, j'ouvre les portes de communication histoire que tout le monde m'entende bien.
    "Bon, alors d'abord si je ramène des livres de la bibliothèque c'est parce que je peux les rendre, parce qu'ici vous le remarquez bien il y a un sacré manque de place donc plus trop de possibilité pour adopter de petits nouveaux, ce n'est pas parce que je ne vous aime plus, je vous garde précieusement non ?"
    "Ouais à la poussière en haut du meuble living"
    "Désolée mais il fallait bien vous trouver une place, toutes les rayonnages sont pleins"
    "Ah ça oui on le voit bien qu'ils sont pleins, nous on est stockés sur plusieurs rangées en hauteur, en largeur et en profondeur, y en a marre de jamais voir le jour" piaillent en chœur les livres de poche confinés dans une autre petite bibliothèque.
    "Eh puis, on est toujours entre nous, c'est bien gentil de nous avoir classés par genre mais on s'embête à toujours ressasser les mêmes histoires, c'est de la ségrégation ça !"
    "Et les privilégiés, ceux que tu lis et relis ? Pourquoi ils ont droit à une étagère rien que pour eux, nantis va".
    "D'accord, d'accord, je le reconnais j'ai des préférés mais tous les lecteurs sont comme ça, on y peut rien ! Et même si je ne vous ai lu qu'une seule fois, il n'empêche que votre histoire me revient en mémoire quand je vous croise et que je me souviens du plaisir que vous m'avez donné.

    Bon, si vous voulez ce week-end, je vous époussette et je vous laisse vous trouver de nouveaux compagnons et tant pis pour l'ordre thématique, vous vous mettrez avec qui vous voulez, mais attention, je ne veux pas de vilains gestes vis-à-vis de ceux que vous appelez mes chouchous "la Vallée qui chante" "Hubert ou le chemin bleu" "le Seigneur des Anneaux" "La Forêt d'Iscambe" "Féeries dans l'île" "Scorpion" "Faërie, la colline magique". Je t'ai tout particulièrement à l'œil à ce sujet "Aztéca". Et on y va en douceur avec la Pléiade ce sont des fragiles. Je vous laisse jusqu'à vendredi pour choisir votre nouvelle communauté et ensuite je ne veux plus rien entendre jusqu'à l'année prochaine, c'est clair ?"
    "Ca roule" s'exclament mille (voire plus) petites voix.
    Et avant que j'ai le temps de dire "ouf" tous mes livres sautent de leur rayonnage et se mettent à danser au milieu du salon, à déborder dans la cuisine, le couloir, les chambres.

    "Oh non, je vous avais dit ce week-end !"

    Mais, ils sont tous tellement contents de s'ébattre et de nouer de nouvelles amitiés, que j'attrape ma minette et que je me réfugie dans la salle de bain pour un peu de détente. Quant à Elfie, je règlerai mes comptes avec lui plus tard, d'ailleurs comme à son habitude ce petit chameau a disparu.



    24 commentaires
  • Eh oui, Mémé Célestine a décidé de frapper à nouveau à ma porte. C'est la faute au Défi du Samedi qui voulait que de jeunes inventeurs présentent leurs créations (et en 2000 caractères seulement). Bien sûr le sang de Mémé n'a fait qu'un tour, quoi et les anciens alors ? Ils comptent pour du beurre m'a-t-elle demandé ?! Donc voilà son invention (en 2047 caractères).

    Mais Madame, ce concours est réservé aux JEUNES inventeurs !

    M'en fiche, vous n'aurez qu'à vous dire que vous avez devant vous 3 ou 4 jeunes inventeuses-trices de 20 ans. C'est quoi cette manie du jeunisme ?

    Face à Mémé Célestine le jury n'a aucune chance.

    Mémé est donc priée de présenter son invention.

    Je vous présenter le dentier, râtelier, berlingue multi-fonctions.

    Et tandis que les mâchoires du jury bées, Mémé se lance.

    Voilà donc un dentier qui va rendre les personnes âgés beaucoup plus indépendantes.

    Les diverses fonctions sont actionnées par une pression sur une dent définie.

    Canine gauche le dentier devient taille crayon, très pratique quand vous faîtes des mots croisés, que la mine casse et qu'il n'y a personne pour vous le tailler, le crayon !

    Canine droite le dentier devient broyeur indispensable quand on vous sert de la carne à la cantoche.

    Incisive gauche le dentier mord l'infirmière qui vous parle comme si vous étiez un demeuré ou un bébé dans les langes.

    Incisive droite le dentier planque les médicaments qu'on vous force à ingurgiter pour que vous vous teniez peinard.

    Bien sûr tous les déchets sont broyés et stockés pour élimination ultérieure.

    Molaire gauche libération d'un petit cachet goût et effet Calva.

    Molaire droite libération d'un petit cachet goût et effet caféïne.

    Ouais, même principe que la capsule de cyanure planquée pendant les opérations de résistance, mais en plus fun et vous pouvez bien sûr choisir le parfum. Maintenant en cas d'acharnement thérapeutique à vous de voir !

    Voyez, il a tout pour plaire mon dentier, il peut même faire radio et lampe de poche pour lire au pieu c'est vous dire, encore que dans ce cas là c'est pas facile de ne pas baver, mais bon ça peut s'améliorer.

    Enfin pas besoin de piles, tous les soirs un petit coup de manivelle et la dynamo repart pour un tour.

    J'oubliais pas besoin de le mettre dans un verre d'eau pendant la nuit, il est bien sûr auto-nettoyant.

    Je ne sais pas si Mémé Célestine et son dentier vont gagner un prix, mais en tout cas, le jury lui en a avalé sa langue.


    30 commentaires
  • Sur proposition de Photographe du dimanche, mon halloween à moi. Attention photographie garantie sans retouche aucune et qui mérite bien une petite histoire.

    C'était pendant, non pas l'horreur du profonde nuit, mais pendant une matinée lumineuse du jour d'halloween de l'année dernière. Je me promenais dans le petit bois, petit bois derrière chez moi, quand tout à coup une voix féminin m'interpella.
    "Bonjour"
    Etant d'un naturel poli et bien que ne voyant personne je répondis à mon tour "bonjour" tout en scrutant la forêt autour de moi pour trouver mon interlocutrice.
    Mais rien, rien de rien, non je ne vis rien de rien.
    Il y eu un petit rire et à nouveau la voix.
    "Ici"
    Et je la vis.
    Elle avait un visage souriant et me regardait avec bonté nichée au pied d'un arbre.
    Un peu interloquée par cette étrange apparition je lui demandais si elle acceptait que je la prenne en photo, ce qu'elle accepta avec beaucoup d'urbanité.
    Ensuite, je voulu bien sûr en savoir plus sur mon étrange compagne.
    "Je suis une sorcière d'Halloween bien sûr !"
    "Excusez-moi, mais je n'imaginais pas les sorcières d'Halloween comme vous"
    'Normal, moi je suis une sorcière du jour, j'apporte la joie sans les blagues, mais méfiez-vous évitez de sortir cette nuit"
    "Je vais suivre votre conseil je vous remercie"
    "Pas de quoi, bonne promenade et ouvrez bien les yeux lors de vos balades, je suis sûre que vous découvrirez mille merveilles"
    En cela ma sorcière du jour d'Halloween avait raison, maintenant je me promène les yeux bien ouverts sur les petites surprises cachées par la forêt et elles sont multitudes.
    Depuis, je suis passée à de nombreuses reprises devant cet arbre bien particulier, mais je n'ai pas encore revu mon amie la sorcière, elle doit attendre Halloween pour repointer le bout de son nez, je pense que j'irai faire un petit tour en forêt le 31 octobre on ne sait jamais, peut-être reverrai-je Ween.





    36 commentaires
  • Voilà la consigne de Défi du Samedi. C'est une idée de Véron. Elle lui a été soufflée par Jules Renard.

    La voici : "Les descriptions de femme ressemblent à des vitrines de bijoutier. On y voit des cheveux d'or, des yeux émeraude, des dents de perles, des lèvres de corail. Qu'est-ce, si l'on va plus loin dans l'intimité ! "

    Citation (de Jules Renard) trop... osée pour en faire le défi d'un samedi ? Trop osée ? Non, moi je dis : délicieusement osée. Qui osera ?

    J'ai osé !

    Messire le Comte s'est longuement entraîné dans sa chambre. Le troubadour le lui a affirmé, pour obtenir monts et merveilles de la Comtesse, que Messire le Comte vient juste de retrouver après 10 ans à guerroyer de-ci de-là, il lui faut la flatter.

    Il faut dire que Madame la Comtesse, depuis si longtemps délaissée, est un peu de mauvaise humeur et pas trop portée sur la bagatelle, il faut bien le reconnaître.

    Bref, avant de rejoindre sa douce moitié dans sa chambre, il a répété encore et encore le texte que le troubadour a écrit pour lui (et donc pour elle).

    Ma chère votre beauté m'éblouit (tu parles avec 10 ans de plus ma chère épouse vous n'êtes plus guère une galinette de l'année, mais bon si pour en arriver à mes fins il me faut en passer par là, courage allons-y).

    Bon donc, ma chère votre beauté m'éblouit, elle resplendit telle la cassette du joaillier (dans laquelle vous fîtes disparaître une partie de ma fortune pendant ma courte absence).

    Vos cheveux d'oryx, palsembleu non, d'onyx (quoi que soit ce truc, et encore le troubadour proposait obsidienne encore plus difficile ça) ruissellent sur vos épaules de nacre (l'une d'ailleurs un tantinet plus haute que l'autre).

    Vos yeux d'ambre rehaussent votre teint d'ivoire (jauni l'ivoire, mais passons).

    Vos lèvres tels des rubis mettent le feu à mon cœur (bon très franchement un peu plus bas, mais le troubadour affirme que ces compliments de soudard s'ils conviennent aux filles d'auberge ne sont pas pour les dames bien nées).

    Vos doux seins (qui commencent hélas ma mie à pendouiller) sont deux merveilleuses perles (baroques quant à la forme pas de doute) embellis par deux délicats tétons de… de… (pas rubis déjà utilisé, il a dit quoi ce maraud de troubadour) de… de…, ah oui, semblables à des grenats (que je vais arracher à coups de dents je le sens bien si ça dure trop longtemps cette ineptie).

    Votre taille d'albâtre ondoie comme un roseau (ah ben oui, le troubadour n'a pas trouvé de pierre précieuse qui ondoie).

    Bon, allez, que diantre j'y vais, je verrais bien sur place pour la suite.

    Et voilà Messire le Comte qui, tout sourire et idées libidineuses, se rend chez Madame la Comtesse pas plus heureuse que ça de récupérer un époux quelque peu défraîchi il faut bien le dire.

    Or donc, Messire le Comte, très concentré, régurgite le laïus du troubadour tout en se demandant in petto si celui-ci n'en saurait pas un peu trop sur son épouse.

    Il risque quelques caresses, fait glisser strate après strate les étoffes qui couvrent son épouse.

    Et enfin, il touche au but (si je puis m'exprimer ainsi). Le dernier jupon tombe et Madame la Comtesse, un sourire narquois sur les lèvres de rubis (voir plus haut) se laisse contempler par son époux proche de la syncope.

    Un gémissement monte aux lèvres de celui-ci. Il se revoit faire du tri dans son escarcelle et jeter une clé dont il ne voyait plus l'usage.

    Horreur, il s'agissait de celle qui ouvrait la splendide ceinture de chasteté ruisselante d'émeraudes, de rubis, de saphirs, de diamants, qui ceint et protège la délicate intimité de sa Dame.

    Hélas pour lui, il ne pourra poursuivre ses comparaisons bijoutières plus loin, tout au moins pas avant d'avoir fait venir un forgeron !


    20 commentaires
  • Pour les impromptus, il fallait commencer par le début, oui certes, mais par la première phrase et introduire un ou des instruments. Mission remplie. Un peu de patience pour la suite à mon récit de Samedi défi, Jacqlin et moi avons des choses à faire.

    Tous les soirs c'était la même farce.
    Une véritable cacophonie s'élevait du rez-de-chaussée. Cela devenait invivable pour l'immeuble Vivaldi.
    Un beau jour, ou plutôt un beau soir, Monsieur Violoncelle décida de prendre les choses en main, enfin avec l'archet.
    Il commença par faire le tour des voisins pour avoir leur avis.
    Les cuivres claironnèrent leur accord, les vents flûtèrent un oui unanime, les percussions ran-tan-plantèrent leur acquiescement, les cordes pizzicatèrent leur soutien.
    Monsieur Violoncelle descendit donc avec toute la pondération qui le caractérisait jusqu'à l'appartement des trublions qui troublaient l'harmonie de l'immeuble.
    Lorsqu'il arriva devant la porte de la famille Triangle, ses ouies frémirent d'horreur en entendant le vacarme qui régnait à l'intérieur.
    Du bout de l'archet il appuya sur la sonnette.

    La porte s'ouvrir rapidement sur Monsieur Triangle tout souriant.

    "Bonsoir, que puis-je pour vous ?" clinga-t-il.

    "Désolé de vous déranger, mais l'ensemble de l'immeuble m'envoie vous signaler que tous les soirs vous troublez la quiétude des résidants".

    Monsieur Triangle parut sidéré.

    "Mais, je fais de la musique comme vous".

    "Certes, certes, mais voyez-vous je crains bien que votre instrument ne soit guère au point. Peut-être pourrais-je vous aider à l'accorder".

    "Je vous en prie, entrez".

    Monsieur Violoncelle s'avança donc avec componction dans le salon du sémillant Monsieur Triangle. Il fut présenté à la famille et put enfin poser les yeux sur l'objet du litige.

    Plantés au milieu du tapis d'étranges créatures longilignes, avec 4 excroissances longues sur les côtés et une ronde au-dessus, chantaient à gorge déployée.

    "Oh, je comprends le problème" arpègeat-il à Monsieur Triangle "vos instrumains ne vocalisent pas la même chanson. Puis-je me permettre ?"

    Ayant obtenu l'accord de Monsieur Triangle pour intervenir, Monsieur Violoncelle joua un air tout simple et pria les instrumains de le chanter l'un après l'autre.

    Leurs voix étaient parfaitement justes et bien timbrées.

    En peu de temps, sous la direction éclairée de Monsieur Violoncelle, les instrumains apprirent à chanter en chorale, en canon, en solo ou duo.

    Bref, lorsque Monsieur Violoncelle partit sous les remerciements émus de la famille Triangle, l'harmonie était rétablie dans l'immeuble et au fur et à mesure de sa progression dans l'escalier, ses voisins applaudirent à son dévouement et à la beauté du son du nouvel instrument qui allait pouvoir se joindre à l'orchestre Vivaldi.


    8 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique