• Dana du Thème de la semaine demandait une lettre au Père Noël.
    Ayant manqué de temps, je vous remets les lettres que j'avais écrites l'année dernière.


    L'elfe secrétaire du Père Noël est bien embêté, il vient de tomber sur un paquet de lettres adressées à son patron et auxquelles il n'a jamais été donné suite. Il les lit, histoire de voir si cela a posé des problèmes aux enfants privés de cadeaux.

    "Heil Père Noël, pourrais-tu m'apporter du matériel de peintre. Signé Adolf"

    "Tovaritch Père Noël, j'aimerais bien avoir plein, plein de petits soldats pour jouer aux maîtres du monde avec mes camarades Benito, Hiro et éventuellement Adolf quand il aura fini de peinturlurer. Signé Joseph"

    "Très cher Père Noël, je m'embête dans mon grand château des Carpathes, ça serait gentil de votre part de m'apporter quelques chauves-souris que je puisse étudier les mœurs de ces charmants animaux. PS - Si possible des chauves-souris vampires seraient appréciées. Signé Vlad"

    "Cher et estimé Père Noël, mon père le docteur ne s'occupe pas beaucoup de moi, alors j'aimerais bien faire comme lui de l'anatomie, si vous pouviez m'apporter une mallette du parfait petit biologiste (surtout s'il y a des grenouilles à disséquer) je serais ravi, mon copain Igor me donnera un coup de main. Signé Franky junior"

    L'elfe jette un coup d'œil aux dates inscrites sur les lettres, que des vieux trucs. Bon au vu de ce que ces bambins avaient demandé, à part peut-être les chauves-souris, ce n'était que du classique. Il prend donc les lettres, les range dans les archives et s'attaque à la lecture des demandes de l'année.

     


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  • Le Père Noël est bien embêté.

    Il voudrait bien offrir un beau cadeau à la fois de Noël et de mariage à sa chère Mère Noëlle (pas de raison qu'on ne féminise pas le titre, et le politiquement correct s'il vous plait), mais voilà, que peut-on offrir à quelqu'un qui a tout ou qui du moins pourrait tout avoir d'un coup de baguette magique, parce que Mère Noëlle est une fée.

    Cela fait donc plusieurs jours que Père Noël a la tête dans les nuages, heureusement que les elfes veillent au grain et surveillent de près la préparation de la tournée de distribution des cadeaux.

    Finalement, le lutin en chef prend les choses en main et se plante devant son chef.

    "Bon, Patron, crachez votre Valda, c'est quoi le problème" (je sais le langage des lutins n'est plus ce qu'il était, mais que voulez-vous tout évolue)

    "Désolé, désolé, je sais je suis dans la lune, mais j'aimerais tellement faire plaisir à ma chère Noëlle" ses yeux se perdent quelques instants dans le vide "si tu savais comme elle était belle dans sa robe de mariée le jour de Noël quand elle m'a dit oui" soupire le romantique Père Noël.

    "Je sais bien, au cas où vous l'auriez oublié j'étais votre témoin, mais bon"

    "C'est vrai excuse moi, mais j'ai l'impression d'avoir été seul avec elle ce jour là, je ne voyais qu'elle" resoupire le Père Noël.

    "Sympa pour les copains" maugrée le lutin "Bon, alors si j'ai bien compris vous voudriez lui faire un cadeau qui sorte un peu de l'ordinaire, autre chose qu'une paire de chaussons ou un robot ménager, j'ai bien pigé !"

    "Tout-à-fait, je veux de l'extraordinaire, du magnifique, du jamais vu, du "

    "Ouais, ouais" interrompt le lutin "j'ai compris le principe. Elle aime quoi votre moitié au sens littéral du terme" rigole-t-il.

    "Elle aime les choses délicates"

    "Gâtée avec vous"

    "C'est malin, rigolo va. Bon les choses délicates c'est une fée quand même, les choses simples, la beauté, la douceur"

    "Un chat, ça n'irait pas ?"

    "Je te signale qu'on en a déjà une flopée, tu sais bien qu'elle recueille tous ceux qu'elle peut".

    "Exact, on arrête pas d'en avoir dans les pattes, ben je sais pas moi. Après tout c'est votre femme, creusez vous le chou, mais dépêchez vous demain soir il faut aller au turbin"

    Et sans plus de considération pour le dilemme du Père Noël, le lutin le plante là et repart au boulot.

    "On est pas aidé quand même" pense le Père Noël "mais après tout il a raison c'est ma femme, à moi de faire un effort. Délicat, simple, beau mais unique". Il soupire et regarde par le fenêtre la grande étendue blanche qui s'étend devant lui. "Voyons que manque-t-il ici ? Mais oui, bien sûr suis-je bête".

    Et voilà le Père Noël qui se rue dans le bureau du concepteur de bijoux pour fillettes.

    "Peux-tu me faire un beau bijou pour Mère Noëlle, un bijou en forme de fleur quelque chose de simple et délicat comme elle, un peu comme une aubépine, je sais qu'elle raffole de cette fleur"

    Nanti de ces instructions, le lutin bijoutier délaisse les strass pour les jouets et se plonge avec délectation dans les pierres précieuses qu'il garde pour le cas où. Il choisit de belles opales aux reflets irisés et les assemble, puis il file de l'or pour faire le cœur de la fleur. Il est très content de lui, mais cette fleur n'est pas assez vivante à son goût, les bijoux c'est bien joli mais c'est froid. Alors, il se rend chez son amie la lutine des fleurs et lui présente sa réalisation.

    "C'est un beau travail, en effet, mais tu as raison elle manque de chaleur. Laisse moi faire et reviens demain avec le Père Noël".

    Le lendemain le lutin bijoutier accompagné d'un Père Noël piaffant d'impatience se rendent chez la petite lutine des fleurs.

    Elle leur présente une belle boite rouge et l'ouvre.

    Là, admiratif le Père Noël découvre une petite fleur blanche et or, toute simple et délicate.

    Les larmes aux yeux il s'exclame "C'est ça, c'est tout-à-fait ça, c'est ma Noëlle".

    Ravi, il serre les deux lutins sur son cœur et part joyeux pour sa tournée sachant qu'il aura enfin un beau cadeau à offrir lui aussi à celle qu'il aime.

    Et le matin de Noël encore un peu fatigué de son travail de la veille, comme un enfant heureux il tend son cadeau à sa Noëlle qui l'ouvre et soupire de joie.

    Elle regarde son Noël avec des larmes dans les yeux et lui murmure "Merci mon cœur pour cette belle Rose de Noël". Elle l'enlace et ce qui se passe ensuite entre eux ne nous regarde pas. Qu'il nous suffisse de savoir que la rose de Noël, la seule fleur de l'hiver vient de naître de la tendresse d'un amoureux.

    Et voici une Rose de Noël qu'Alain a bien voulu me confier.



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  • COMPTEZ*-NOUS UNE EXISTENCE, (la vôtre, une imaginaire...) UN RÉCIT DE VIE...* et il n'y a pas de faute d'orthographe, comptez-nous une vie ! ! !

    Voilà quel était le Défi de Samedi


    Il se sent bien fatigué ce matin Saint Matthieu (NDLR : Pour bien comprendre la suite de l'histoire et pour les ignorants en hagiographie, sachez que Saint Matthieu est le saint patron des comptables, des banquiers et des changeurs). Il faut dire q'uil vient de consulter le planning et il a un sacré boulot qui l'attend aujourd'hui.

    Il entasse sur son diable (NDLR : Je n'y suis pour rien si ça s'appelle comme ça) les dossiers du jour et se dirige en soupirant vers son bureau.

    Il s'installe au milieu de son capharnaüm (NDLR : C'est au poste de douane de Capharnaüm que Matthieu exerçait son boulot et c'est là que Jésus l'a recruté. Et si ce mot désigne aussi un gros bazar c'est qu'il doit y avoir une raison), il allume son ordinateur, se branche sur sa session et appuie sur le bouton d'appel des clients.

    Le panneau d'affichage de la salle d'attente indique "n° 53 bureau SM" (NDLR : Non pas pour sado-maso, mais pour Saint Matthieu faut tout vous expliquer).

    Arrive une pétillante vieille dame, elle présente ses papiers et décroche à Saint Matthieu un sourire radieux bien qu'édenté.

    "Alors voyons : un mari mort à la guerre, a élevé seule ses 4 enfants, n'a jamais baissé les bras, à la retraite a fait du bénévolat. Bon, quelques petits larcins dans les magasins pour nourrir ses enfants, on ne va pas chicaner pour ça. Allez sur 100 je vous donne 90, voilà votre ticket pour l'entrée au Paradis, suivez les flèches dorées marquées au sol".

    Remerciements émus de la première cliente.

    Ensuite trois cas pas au top, de la lâcheté, de l'égoïsme, tout ça ce sont des points en moins et avec seulement 50 points un petit stage au purgatoire ne sera pas superflu.

    "n° 1007" (NDLR : Eh oui, déjà faut pas croire ça dépote là-haut, même s'ils ont l'éternité devant eux).

    Arrive un homme un peu rondouillard et une bonne bouille, il présente ses papiers.

    Saint Matthieu épluche "Eh dites, il manque la fiche de l'année 1942, pas normal ça !"

    Le monsieur pâlit un peu.

    "Bon je contrôle sur ma base de données. Oh, oh, 1942 rafle du Vel d'hiv. Dites, non seulement vous avez raflé, mais vous avez drôlement fouillé pour que personne ne vous échappe. Désolé mais là vous perdez 80 points d'un coup".

    "Mais" balbutie le monsieur "j'ai fait un bon mariage, j'ai bien éduqué mes enfants".

    "Exact c'est par ça qu'il vous reste 20 points, mais les objets volés aux juifs et les enfants envoyés au massacre, ça se paye".

    "Pourtant je n'ai pas été le seul à les emballer, et puis c'était les ordres, et j'ai vu que vous aviez laissé passer un collègue".

    "Oui, mais lui il s'est arrangé pour laisser filer des enfants, ça lui a valu des points en plus. Désolé en ce qui vous concerne c'est le ticket direct pour les pays chauds".

    Saint Matthieu appuie sur un bouton et une trappe s'ouvre sous les pieds du bonhomme.

    "Chaud devant" rigole Saint Matthieu "amusez-vous bien avec celui-là".

    "Merci Matt" lui répond-on.

    Débarque ensuite une femme adultère qui n'en mène pas large.

    "Je sais, je sais, je n'aurais pas du tromper mon mari".

    "Bof, il vous délaissait et puis vos amants vous les choisissiez par amour. Vous savez ça, Jésus il apprécie et n'oubliez pas que Marie Madeleine est une bonne copine. Pour le reste on dira passable 60 points ça passe juste".

    "Et mon mari ?" s'inquiète la dame "il a eu des maîtresses aussi, il est passé alors ?"

    "Ah lui, non direct au sous-sol".

    "Mais pourquoi ? Il a fait comme moi".

    "Si on veut, mais lui pas d'amour là-dedans et des pratiques franchement ignobles notamment avec des enfants, alors ça n'a pas fait un pli, il est parti bronzer et comme en plus il vous maltraitait, ça lui a fait un paquet de points en moins".

    Ensuite une petite pause autour de la machine à café où les Saintes et les Saints échangent potins et souvenirs.

    "La tête à Torquemada quant on l'a envoyé se faire rôtir, trop drôle".

    "Et Simon de Monfort quant il a croisé en descendant les Cathares qui montaient à mourir de rire".

    Ils taillent aussi des bavettes avec les confrères des autres religions.

    "Vous devez avoir du boulot avec tous ces attentats !"

    "M'en parlez pas, ces sacrés fanatiques croient se retrouver nez à nez, enfin je me comprends, avec des houris et zou direct avec vos dingues à vous à la trappe. Et vous avec la crise financière pas trop de banquiers ?"

    "Tu parles, on est plus en 1929, ils filent avec des parachutes dorés plutôt qu'avec une balle dans la tête, mais on les attend au virage".

    Et la journée reprend.

    Saint Matthieu voit passer un douanier. Bon, il n'est pas blanc-bleu, limite des 49, mais comme c'est un collègue il lui accorde un point de plus assorti quand même d'un long passage au purgatoire, on a ses faiblesses mais faut quand même pas exagérer.

    Il accueille ensuite un jeune homme décédé suite à une longue maladie qui râle qu'il n'a pas fait tout ce qu'il voulait sur terre.

    "Vous savez vous pouvez aller directement là-haut. Vous prenez un risque en redescendant".

    Mais non, le jeune homme est prêt à tenter le coup.

    Saint Matthieu l'adresse donc au chef de service Saint Pierre qui est seul habilité à traiter les cas complexes de réincarnation.

    Et voilà des prêtres.

    Celui-là a passé sa vie à se reprocher ses fantasmes vis-à-vis de ses belles paroissiennes, à s'infliger pénitence sur pénitence et à se venger sur ses ouailles en oubliant la simple charité. 25 malheureux points pour ses jeunes années et ouverture de la trappe.

    Celui-ci en revanche, bien qu'ayant vécu dans le "péché" avec une femme a fait rayonner la joie et le bonheur autour de lui, 98 points et direct chez Saint Pierre pour des félicitations.

    Le gros spéculateur mort sur un matelas de billet en laissant derrière lui malheur et désolation essaye bien d'acheter notre Saint Matthieu, mais inflexible il lui attribue zéro et direction le barbecue.

    Cette femme malheureuse qui avoue avoir euthanasié son enfant qui souffrait, est consolée et envoyée par l'ascenseur express rejoindre celui qui lui a tant manqué.

    La journée se termine enfin. Les chiffres de toutes ces vies qu'il a vu défiler jouent la sarabande dans la tête de Saint Matthieu.

    "Mais quand comprendront-ils qu'un peu d'amour fait gagner un maximum de points et qu'on se fiche de presque tout le reste" se dit-il désabusé. Il baille, éteint son ordinateur et s'en va goûter un repos bien mérité dans son NLH (NDLR : Nuage à Loyer Modéré, mais vous aviez deviné), mais peut-être avant une petite sortie avec les collègues pour se boire un petit coup d'hydromel au bar du coin.


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  • Le thème de la semaine de Dana était "Fenêtre ouverte". Voilà donc un petit texte qui sera suivi de quelques photos de fenêtres.

    Il fait nuit et chaud, la fenêtre est légèrement entrouverte et l'enfant dort profondément.

    Tout à coup, vient à passer par là un petit rêve débutant.

    Il voit la fenêtre, il voit l'enfant.

    Tout ému, il s'installe sur le rebord et dévore le petit des yeux.

    Va-t-il oser ?

    Ce serait son premier "client".

    Alors il hésite, il se sent tout timide.

    Et s'il n'arrivait pas à créer toutes les belles images qu'il a envie d'inventer pour ce petit être endormi.

    Bien sûr à l'école des rêves il a eu d'excellentes notes, il a passé son examen haut la main.

    Mais, il n'empêche, là au pied du mur, eh bien il a le trac.

    Et puis, allez courage, il faut relever le défi.

    Tout doucement, il se relève, se transforme en nuée et commence à s'infiltrer dans la chambre.

    Brusquement, il se fait bousculer.

    Tout tourneboulé, il tombe par terre et voit au-dessus de lui un petit cauchemar qui ricane.

    "Fallait être plus rapide mon p'tit vieux, maintenant le môme il est à moi et il va déguster je te le dis"

    "Non laisse le tranquille, il est tout petit, il est à l'âge des doux rêves, pas des cauchemars"

    "C'est ça, c'est ça, ben moi je te dis qu'il faut les endurcir dès le plus jeune âge, alors dégage poule mouillée"

    Le petit rêve était mortifié de s'être laissé bousculer, maintenant il est rouge de colère tant les paroles du petit cauchemar l'énerve.

    Alors il se relève, transforme sa douce nuée et une plaque bien dure, et vlan, il se rue sur le petit cauchemar qui n'en revient pas, d'habitude les petits rêves sont des poltrons.

    Eh bien pas celui-ci, petit cauchemar essaie bien de répliquer, mais il finit par filer ventre à terre à moitié sonné.

    La nuée en désordre, Petit Rêve est drôlement fier de lui, il lui a flanqué une bonne raclée à cet affreux jojo.

    Clopin-clopant, il se dirige vers le lit de l'enfant, bien fatigué, et au lieu de se glisser dans sa tête pour lui faire partager un beau rêve, il se love sur l'oreiller contre la frimousse du petit et Petit Rêve s'endort.

    Au matin, la mère vient réveiller son enfant.

    "As-tu bien dormi mon chéri"

    "J'ai fait un drôle de rêve maman, j'ai vu deux petits nuages un tout blanc et un tout noir qui se battaient devant mon lit"

    "Oh et tu n'as pas eu peur ?"

    "Un petit peu au début et puis le petit nuage blanc est devenu tout rouge, il flanqué une grande claque au noir qui est parti par la fenêtre"

    "Et que s'est-il passé après"

    "Après, le petit nuage blanc est venu se coucher près de moi et il s'est endormi, tu sais eh bien les petits nuages blancs, ils ronflent !"

    La mère se met à rire de bon cœur et se dit que son enfant ne manque pas d'imagination.

    Elle ne voit pas la petite nuée rose de confusion qui s'élève de l'oreiller pour se glisser en catimini par la fenêtre.

    L'enfant lui l'a bien vue.

    Il rit.

    "A ce soir, petit nuage, ce n'est pas grave tu sais si tu ronfles"

    Dehors, Petit Rêve se dit qu'après tout sa première mission a été plutôt réussie, il reviendra ce soir pour partager un vrai rêve avec son petit protégé.


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  • Un défi du samedi, une photo, une contrainte

    30351479

    Laissez aller votre imagination: Qui ? Quoi ? Comment ? Où ? Quand ? Pourquoi ?
    Contrainte: le texte devra être rédige sous format épistolaire.


    A l'attention de Monsieur le Maire de Pedzouille les Bains

    De la part de Madame la Baronne Cunégonde de Haute-Volaille - Neuilly

     

    Cher Monsieur le Maire,

    Mon époux le Baron et moi-même avions choisi votre si Charmante et si Pittoresque bourgade balnéaire pour nous ressourcer et nous reposer de notre Trépidante vie parisienne.

    Nous avions, pour se faire, loué une Adorable petite bicoque de 100 m2 sise sur une île à l'écart des plages surpeuplées par le petit peuple et accessible uniquement par barque.

    Nous pensions donc, en dépit du coût modeste de cette location (10.000 € la semaine) pouvoir bénéficier d'un minimum de quiétude qui nous eut permis, ainsi que je vous en entretenais plus haut, de nous aérer et de nous remettre de notre année consacrée aux conseils d'administration pour mon époux et aux bonnes œuvres et shopping pour votre servante.

    Las !

    Ce qui devait être une villégiature de rêve fut une catastrophe.

    La chambre que nous avions choisie, pour reposer nos pauvres corps fourbus et nos âmes lasses, ne possédaient que de Modestes rideaux de soie qui n'occultaient point la lumière matutinale et nous obligeaient à nous lever à l'heure, vous en conviendrez aisément, Indécente de onze heures du matin.

    Cet état de choses motive ma première plainte contre l'officine pharmaceutique de votre Charmant bourg.

    Ayant oublié mon masque de repos, je fus horrifiée de constater que l'apothicaire de Pedzouille n'avait point en stock ce type d'article hautement Utile et Civilisé.

    Bref !

    Il me fallut bien faire contre mauvaise fortune bon cœur dans la mesure où la Civilisation n'était point arrivée à votre porte.

    Non, ce qui motive ce courrier Indigné, voire Outré, vous me voyez fort Marrie d'employer des termes aussi Excessifs, c'est le sans-gêne Scandaleux de notre voisin le plus proche sis sur un escarpement rocheux en face de notre petit île.

    Sachez Monsieur l'Edile que toutes les nuits ce Malfaisant, cet Ehonté, n'ayons pas peur des mots, s'amusait à faire clignoter une puissante lumière qui venait avec une régularité Horripilante éclairer notre chambre dépourvue, je vous le rappelle, de panneaux occultants.

    De plus, étant des maîtres libéraux nous ne pouvions guère déloger nos domestiques des chambres que nous leur avions allouées et qui se trouvaient à l'opposé de ce Trublion.

    Monsieur le Baron et moi-même pensâmes qu'il s'agissait d'un boite de nuit pour le vulgus pecum.

    Nous cherchâmes donc à identifier ce Malappris !

    Las à nouveau ! Nous nous heurtâmes à l'Incompréhension voire à l'Ignorance crasse et à l'Insolence de l'indigène tenant la poste, une certaine Madame Suzanne, ainsi qu'à ceux de votre propre secrétaire de mairie, vous me voyez profondément Navrée de devoir vous en réferer.

    Je ne compris pas non plus pourquoi ces deux écervelées osèrent me rire au nez, oui Monsieur le Maire, me rire au nez !

    Voilà Monsieur le Maire, j'espère de tout cœur que vous pourrez faire cesser cette nuisance qui troubla notre repos bien mérité et que vous sermonnerez d'importance l'employée territoriale sous votre responsabilité et la Dame de la poste par la même occasion pour leur manque de Courtoisie et d'Efficacité.

    Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Maire, l'expression de mes très sincères et très distingués sentiments.


    - - - - -


    De Monsieur le Maire de Pedzouille les Bains

    A Madame la Baronne Cunégonde de Haute-Volaille - Neuilly

     

    Chère Baronne,

    J'ai lu avec Intérêt votre Missive de Réclamations qui a retenu Toute mon Attention.

    Je ne puis, malheureusement, lui donner suite.

    L'édifice qui vous causa tant d'Inconfort est le phare de la commune et ne peut être éteint, vous nous en voyez désolé.

    Si vous revenez parmi nous lors d'une prochaine Villégiature, je me ferai une Joie de vous offrir, sur mes deniers Personnels, le masque de repos qui vous manqua tant.

    Je vous prie de bien vouloir agréer, Madame la Baronne, l'expression de mes sentiments Respectueux et Républicains.


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