• Pour les impromptus littéraires


    Les mots dansent devant mes yeux "Je sais tout" s'inscrit sur l'écran de mon portable en lettres de feu.

    Est-ce possible ?

    Vite, vite, je descends en bas du message pour voir le nom de l'expéditeur ou au moins son numéro de téléphone.

    Zut, numéro masqué ! Et zut de zut !

    Qui peut bien être ce correspondant qui me torture parce que j'ai déjà reçu ces messages comme celui-ci.

    Du style "Tu aimerais savoir n'est-ce pas ?" "Alors devine" "Et si !!!".

    Là, il y avait des numéros mais dès que je rappelais, je tombais sur des boites vocales indiquant que le numéro n'était pas attribué.

    Bref, des mauvaises plaisanteries à me rendre encore plus folle que je ne suis.

    Parce que moi j'aimerais bien tout savoir.

    Parce que depuis 15 jours que je me suis réveillée à l'hôpital avec pour tout bagage ce fichu téléphone que personne n'a réussi à tracer, vide de tout numéro, de tout message, je ne sais plus rien, plus rien de rien !

    Plus rien de rien sur moi, sur ma vie d'avant.

    Parce que je suis amnésique et que celui ou celle qui se moque de moi avec ses "Je sais tout" va finir par me rendre raide dingue !

    Alors OUI, je VEUX savoir !


    14 commentaires
  • defi36


    Madame Suzanne est bien embêtée.

    Il y a un paquet sur son paillasson.

    Or, elle n'a rien commandé et en plus le facteur ne monte jamais dans les étages.

    En plus, il est bizarre ce paquet, il y a simplement l'adresse de l'immeuble et Madame S en destinataire.

    Bon, à bien se creuser la tête, il n'y a qu'elle avec cette initiale ici.

    Un cadeau surprise peut-être.

    Elle le prend sous le bras et rentre chez elle.

    Curieuse, elle commence par l'examiner sous toutes les coutures, mais rien, aucun indice ne vient l'éclairer sur l'expéditeur ou sur le contenu.

    Alors, elle fait ce que tout le monde fait.

    Elle le secoue.

    "Aïe" braille le paquet

    De saisissement Madame Suzanne laisse tomber le colis.

    "Ouille, ouille, ouille" laisse échapper le sus-dit "pourriez pas faire attention, je suis fragile quand même".

    "Vous êtes un pa pa qui pa pa" bredouille Madame Suzanne fixant avec horreur le paquet à ses pieds.

    "Un quoi qui quoi" lui renvoie son nouveau compagnon.

    "Un paquet qui parle"

    "Ben oui, pouviez-pas le dire clairement la première fois" bougonne le paquet (si vous le voulez bien pour la suite du récit, histoire de ne pas me creuser la tête à trouver des synonymes au mot paquet, nous l'appellerons maintenant Paquet, avec un grand P)

    "Mais, faut me comprendre c'est la première fois qu'un colis me parle !" s'indigne Madame Suzanne.

    "Chez moi, les paquets parlent, les humains se taisent, voyez on est à égalité"

    "A égalité ? Mais les paquets ne parlent pas !"

    "Si, ils parlent la preuve"

    "Non, ils ne parlent pas !"

    "Si, ils parlent !"

    "Non, ils ne parlent pas"

    "Stop" braille Paquet toujours vautré par terre "on ne va pas continuer comme ça jusqu'à la fin du rouleau de papier kraft"

    "La fin du rouleau de papier kraft ?"

    "Ben oui, quoi jusqu'à la Saint Glin-Glin, si vous préférez"

    "La Saint Glin-Glin"

    "Et ho, vous avez fini de répéter ce que je dis, c'est lassant à la fin"

    "Excusez-moi, mais c'est la première fois que…"

    "Je sais" l'interrompt Paquet "c'est la première fois que vous parlez à un paquet parlant, j'ai compris l'idée, c'est bon, arrêtez de radoter".

    "Désolée, mais c'est drôlement perturbant de parler à … Euh, bref, vous faites quoi ici au juste ?"

    "J'étudie" répond doctement Paquet.

    "Vous étudiez quoi, si ce n'est pas indiscret"

    "Les hommes et leurs coutumes bien sûr"

    "Et vous êtes sûrs que de leur flanquer la frousse ça va aider pour votre étude, et vous venez d'où et vous en venez comment d'ailleurs"

    "Oh, oh, ça fait beaucoup de questions tout ça. Je viens d'une dimension parallèle. Comment ? Pas la peine de vous le dire, je sens bien que vous n'y comprendriez rien. Et pourquoi ? Pour voir si votre monde traite bien les paquets. Mais manifestement par ici, vos colis ont la tête vide, pas de coopération possible entre eux et non, dommage"

    Pendant toute la péroraison de Paquet, Madame Suzanne n'a pas arrêté de le regarder d'un regard suspicieux.

    Brusquement, elle le ramasse et se dirige vers la sortie.

    "Eh vous allez où là ?"

    "Ca ne vous regarde pas !"

    "Ah, non je vous vois venir vous voulez me balancer à la poubelle, pas question. De toutes façons même si vous le faites je reviendrai, alors pas la peine de vous fatiguer".

    Madame Suzanne s'arrête et pose Paquet sur la table de la cuisine.

    "Vous bricolez quoi là ?" interroge Paquet un rien inquiet.

    "C'est une blague, ça y est j'ai compris. En réalité, il y a un talkie walkie planqué là dedans et à l'autre bout des gosses qui se fichent de ma pomme ! C'est ça, hein sales mômes !" Madame Suzanne est hors d'elle ! Elle attrape de grands ciseaux et se dirige d'un pas menaçant vers Paquet.

    "Non, non, je vous assure je viens bien d'une autre dimension, ne faites pas ça vous vous en mordriez les doigts"

    "M'en fiche, faut pas me prendre pour une pomme"

    Et vlan, de grands coups de ciseaux dans le ruban adhésif et dans le papier.

    Et, ET

    PAF, ZOU, BANG.

    "Ah, voilà c'est malin ! Je vous avais dit de ne pas le faire" maugrée Paquet

    "On est où là ?" demande Madame Suzanne d'une toute petite voix "Je ne vois rien"

    "Où on est, entre nos deux mondes, voilà où on est grâce à vous, et ça va pas être coton de rentrer à la maison, je vous le dis moi ! Vous n'avez rien de trop urgent à faire j'espère ! Parce que là, on va devoir attendre que le Grand Facteur s'occupe de nous et pour savoir où on se situe sur sa tournée c'est une autre paire de manches"

    "Et on fait quoi en attendant ?" s'inquiète Madame Suzanne.

    "Et si on faisait vraiment connaissance ?" propose Paquet d'une voix guillerette.

    "Oh non" gémit Madame Suzanne "coincée je ne sais où, pour je ne sais combien de temps, avec un paquet bizarre et bavard, pauvre de moi !"

    "Bon, je commence. Alors voilà je suis né ….


    24 commentaires
  • Il y a quelques temps je vous avais mis un lien vers le site d'Abellion qui proposait un petit concours avec cette photo comme base de réflexion.


     

    J'ai reçu un prix dans la catégorie "Bobards". On se demande bien pourquoi. Il me semble pourtant que mon texte collait à la réalité :D

     

    "Ceci très chers amis est une cocotte minute pour cannibales ramenée au péril de sa vie par un ancêtre (enfin pas trop ancêtre quand même) du signataire de ce blog.
    Son utilisation était fort simple.
    D'abord on commençait par allumer un grand feu, effectivement cela ne diffère en rien de l'utilisation d'une marmite courante, mais il faut quand même vous dire que l'électricité ou le gaz en pleine jungle sont assez difficiles à trouver, donc le bois reste la source d'énergie principale.
    Donc, veuillez arrêter de m'interrompre, après avoir allumé un bon feu, nos cannibales remplissaient la partie du bas de l'engin d'une bonne eau de source non polluée, éventuellement d'eau de pluie, voire de l'eau du fleuve le plus proche, tout dépend du goût que l'on voulait obtenir pour la viande. Mais si, je vous assure le choix d'une eau goûteuse est indispensable pour obtenir une vapeur de qualité.
    Ensuite, dans la partie médiane, il s'agissait d'enfourner l'explorateur imprudent ou le missionnaire trop zélé capturé précédemment. Là vous aviez le choix, soit le mettre en entier, soit le débiter préalablement (non le préalable n'est pas une table cannibale).
    Puis il suffisait d'ajouter l'assaisonnement et l'accompagnement, de préférence appréciés par tous parce qu'il ne faut pas oublier qu'en l'occurrence tout le village pouvait profiter de l'aubaine.
    Après mettre le couvercle, bien le bloquer pour éviter toute sortie intempestive de la nourriture.
    Attendre soit que les cris de la nourriture s'arrêtent, soit que la cocotte siffle, malheureusement vous ne pouvez voir le sifflet qui se trouve de l'autre côté de la photo.
    Voilà il n'y avait plus qu'à déguster le "pote au feu"."

    Ici vous trouverez les autres textes et la vraie réponse sur ce bizarre ustensile

     



    28 commentaires
  • Ecrite pour les Parchemins de Bigornette, une histoire qui je l'espère va vous intéresser !

    Cette nuit-là le brouillard est dense, mais cela n'empêche pas le groupe de jeunes gens de s'engager dans la forêt.

    Ils étaient de passage dans ce petit village lorsqu'ils entendirent parler du village maudit. Aussitôt alléchés, ils voulurent en savoir plus et tannèrent l'ancien du village pour qu'il leur raconte l'histoire et ce en dépit de ses réticences évidentes.

    "Il existe paraît-il, au cœur de la forêt, un village maudit qui n'apparaît que le jour de la pleine lune. Des jeunes comme vous, inconscients, s'y sont rendu et ils n'en sont jamais revenus."

    "Mais vous-même, vous n'avez jamais eu envie d'aller voir ?"

    "Mon frère et son meilleur ami ont disparu comme ça, alors non, je tiens à ma peau"

    "A votre avis, il se passe quoi là-bas ?"

    Mais plus moyen de tirer quoi que ce soit du vieillard, ils arrivèrent juste à lui arracher une vague indication de direction : plein nord.

    Et les voilà en ce soir de pleine lune qui marchent au cœur du brouillard.

    Ils échangent rires et plaisanteries, mais le cœur n'y est pas vraiment, les bruits environnants, étouffés par la brume semblent bien mystérieux et un rien inquiétants.

    Petit à petit, les uns après les autres ils se taisent et continuent à progresser plein nord dans un bois qui se fait de plus en plus touffu, les taillis semblent vouloir les retenir, les branches les agrippent au passage comme pour leur dire d'arrêter leur progression, le sol lui-même paraît se dérober sous leurs pas pour les obliger à rebrousser chemin.

    Mais rien n'y fait, trop vaniteux les uns et les autres pour avouer la peur qui commence à leur nouer le ventre, ils préfèrent se regarder en ricanant avec dans les yeux la phrase de cour de récré "t'es pas cap" qui clignote.

    Brusquement, le brouillard s'estompe et la pleine lune éclaire un tout petit village digne d'un conte de fées. Les petites maisons à colombages et à toits de chaume sont entourées d'un riant petit jardin, les volets peints de couleurs vives s'ouvrent sur des fenêtres scintillantes qui laissent deviner le pétillement joyeux et rassurant d'un feu de bois.

    Ils se regardent, leur peur enfuie, Le meneur ricane "N'importe quoi les bouseux du coin, avoir peur du village des stroumphs !".

    Tout à leur contemplation émerveillée, ils ne se rendent pas compte que plus un son ne retentit autour d'eux.

    Seul l'un d'entre eux paraît encore sur le qui-vive.

    Brusquement, toutes les portes s'ouvrent d'un coup, révélant, à défaut d'un hôte en chair et en os, un intérieur pimpant et chatoyant, dans le même temps une douce musique se répand ainsi que les senteurs d'un délicieux repas.

    Ils arrêtent alors de se congratuler et de se taper dans le dos, et chacun d'eux comme hypnotisé par le spectacle se dirige d'un pas hésitant vers une maisonnette, Ils ressemblent à des papillons attirés par la lumière.

    Leur compagnon encore lucide essaye de les retenir, mais peine perdue.

    Les uns après les autres, ils entrent dans les pimpantes chaumières.

    Derrière eux, les portes claquent avec un bruit définitif.

    Alors, un son, comme un soupir de contentement envahi l'air tandis que les murs paraissent se tendre et se distendre comme une mâchoire en train de mastiquer et que des sons ressemblant à des branches se cassant retentissent.

    Enfin, après un temps qui lui a paru infini, le témoin impuissant entend comme un bruit de déglutition puis un léger rot de contentement suivi d'un soupir d'aise émanent du village. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas bénéficié d'un tel festin.

    Le lendemain, on retrouva le jeune homme errant dans les bois, mémoire et raison enfuient, bredouillant des mots sans suite. Et nul n'entendit plus jamais parler de ses compagnons.

    Quant à l'ancien du village, il haussa les épaules. Il aurait une histoire de plus à raconter aux futurs téméraires en quête d'émotions fortes.

    Ca va on ne tremble pas trop ?


    20 commentaires
  • La Petite fabrique d'écriture nous proposait d'écrire sur l'Aube de l'Humanité, ce très beau tableau de Joëlle.



    Je vous présente donc mon humanité à moi.

    Juste avant l'écrasement de l'astronef, dans un dernier effort le commandant de bord avait réussi à appuyer sur la bouton "Renaissance" et à libérer le module laboratoire.

    Maintenant, autour de celui-ci, les robots nourrices s'activaient.

    Ils commencèrent pas sortir les containers contenant les plantes et les laissèrent se répandre dans la nature rouge environnante. Si elles entraient bien en symbiose, ils pourraient alors passer à l'étape suivante.

    Quelques années furent nécessaires avant d'être sûr que l'expérience puisse se poursuivre.

    Quand plantes terrestres et plantes autochtones se développèrent ensemble sans rivalité, les robots sortirent du module les caissons renfermant les poissons, les insectes, les reptiles. Et à nouveau ils entrèrent en sommeil et attendirent. Puis, l'expérience se poursuivit avec les oiseaux et les mammifères.

    De nombreuses années furent nécessaires cette fois pour être bien sûr que tout se passait bien.

    Les robots eux, sans assistance humaine pour les maintenir en état de marche, tombaient en panne les uns après les autres.

    Lorsque le moment fut venu, les deux derniers robots réussirent à sortir les sarcophages contenant la dernière partie de l'expérience "Renaissance". Dans un dernier cliquètement, avant de sombrer dans un néant de métal, ils libèrent les humains qui attendaient depuis des centaines d'années en état de stase.

    Les cinq couples issus des 5 grands continents naissaient à l'âge adulte, leur enfance ils l'avaient passée à se développer dans un liquide nourricier.

    Ils se tenaient là à l'orée de ce monde nouveau, ne sachant que faire. Les scientifiques qui devaient leur enseigner le langage, les initier à la cueillette, à l'agriculture, à l'élevage, à la poterie, bref à toutes les activités humaines habituelles avaient disparus depuis bien longtemps.

    Les 10 se regardèrent, virent leurs différences. Leurs mains se touchèrent, puis elles effleurèrent les visages et les corps de leurs compagnons.

    Sur le visage de l'une d'entre eux naquit un sourire, les autres l'imitèrent et un sentiment étrange naquit en eux, ils ne savaient pas le nommer mais il leur faisait du bien.

    Un autre ouvrit la bouche et un son étrange sortit, les autres interloquèrent reculèrent un peu, puis à leur tour essayèrent de faire fonctionner leur langue et tous vocalisèrent des sons sans signification.

    Un autre sentit du fond de lui-même un son monter à sa gorge, il ouvrit grand la bouche et un rire sonore monta dans l'air. A nouveau, les autres l'imitèrent et pour la première fois la planète d'accueil fut parcourue de la vibration jubilatoire du rire.

    Les 10 se laissèrent envahir par cet étrange sentiment de bien-être. Ils se rapprochèrent les uns des autres et recommencèrent à se caresser, à s'explorer, à échanger sourire, rire, et ébauche de mots.

    Et soudain, l'une des femmes découvrit quelque part dans son cerveau une nouvelle façon de communiquer, de sa bouche s'envolèrent des notes du musique, sa mélopée était si prenante et si belle que les autres y firent chorus.

    Alors, des couples se formèrent, pas race par race comme le pensaient les scientifiques qui les avaient créés, non les types ethniques se mélangèrent sans préjugés, ceux-ci ne leur avaient pas été inculqués.

    Ils se dirigèrent vers la rivière, leur instinct leur faisant cueillir tout le long du chemin les fruits qui s'offraient, ils les goûtèrent, les firent goûter à leurs compagnons. Heureux, bien qu'ils ne sachent pas encore définir ce sentiment, ils entrèrent dans ce nouveau jardin d'Eden. A eux revenait le difficile privilège d'en faire un paradis ou un enfer.

    Pendant ce temps, perdue dans l'immensité de l'espace, une planète autrefois bleue, présentait au soleil une face noircie et désertée.



    22 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique