• Dans la série rediffusion voilà un texte qui remonte à 2007 écrit pour Papier livre et dans lequel il fallait inclure la phrase « Je me couchai ensuite et je tombai dans un de mes sommeils épouvantables, dont je fus tiré au bout de deux heures environ par une secousse plus affreuse encore. »(Extrait du Horla de Maupassant)

    Wolfen
    Mais pourquoi me suis-je entêtée à continuer à ma lecture ? Près du feu de bois, je suis prise dans l’intrigue de ce livre d’horreur, mais voilà que la nuit tombant, les ruses de ces bêtes à l’esprit humain, de ces loups-garous, pour piéger leurs proies commencent à me faire gamberger, à éveiller des peurs d’enfant enfouies.
    Et pourquoi pas ?
    Pourquoi nos villes ne cacheraient-elles pas dans leur ventre, ces prédateurs sans pitié et rusés comme des diables ?
    Non décidément cette évocation, oh combien réaliste, de cris de nouveaux-nés, ce cri qui sait si bien éveiller en nous nos instincts de protecteur et qui nous conduit dans la gueule du monstre, sera la dernière chose que je lirai de ce livre.
    L’angoisse est trop forte, le « pourquoi pas » tourne encore et encore dans ma tête.
    Je ferme le livre, je l’enferme dans la bibliothèque pour que ces démons n’en sortent pas. Je dis au revoir à mes parents, reprends ma voiture pour rentrer chez moi.
    Il fait nuit.
    La ville déjà est presque morte …
    … Mais là sur le trottoir déambulant comme un seigneur dans son fief, je croise ce qui me semble, encore plongée malgré moi dans ma lecture, un immense chien noir.
    Et s’ils existaient vraiment ?
    Vite ma main se pose sur la fermeture de la porte de la voiture et le cœur battant la chamade, surveillant du coin de l’œil cet immense animal, j’attends que le feu passe au vert.
    Vite, vite, rentrer chez moi, mettre ma voiture au garage, sursautant au moindre bruissement du vent.
    Vite, vite, vite, monter mes 3 étages, fouiller d’une main fébrile dans mon sac, sortir mes clefs, ne plus savoir laquelle ouvre la porte, la trouver enfin, la poitrine prise dans un étau.
    Vite, vite, vite, vite, refermer enfin cette porte sur les terreurs de la nuit, allumer toutes mes lumières et comme l’enfant que j’ai été et qui avait peur du monstre tapi sous le lit, me sentir ridicule mais jeter quand même un coup d’œil dans toutes les cachettes possibles de l’appartement. Fanfaronner en me disant « mais ça ne va pas la tête ma fille, c’est un livre, rien que de la fiction ».
    Enfin, après m’être astreinte à tous les petits riens du soir, se doucher, manger, s’emmitoufler dans un pyjama douillet, après avoir vérifié plusieurs fois que tout est bien fermé, je me couche ensuite et je tombe dans un de mes sommeils épouvantables, dont je suis tirée au bout de deux heures environ par une secousse plus affreuse encore.
    Ils sont là tapis dans ma chambre, je n’ose allumer ma lumière si je le fais, ils vont me sauter dessus, n’est-ce pas une ombre plus sombre que les autres que je vois là dans le coin de la chambre ?
    Tant pis, je risque le coup je sors prudemment ma main de sous la couette et, le cœur au bord des lèvres, j’allume ma lumière.
    Eblouie, je cligne des yeux, sont-ils là ?
    Rien, il n’y a rien, le soulagement n’envahit, mais je n’arriverai pas à me rendormir, je n’oserai même pas essayer de me rendormir.
    Nuit après nuit, pendant 15 jours, m’abrutir de lecture pour tomber d’épuisement, les yeux brûlants, lumière allumée, dans un sommeil chaotique et fiévreux.
    Et enfin, enfin, une nuit bénie après avoir lu et relu mes collections de Boule et Bill et de Gaston Lagaffe, livres d’enfant merveilleux dont la joie et la douceur ont, comme un bouclier de contes de fées, repoussé mes terreurs d’adulte, enfin sombrer dans un sommeil réparateur sans cauchemar.

    Non, je n’ai rien inventé, ce grand chien noir je l’ai bien rencontré, cette terreur éveillée je l’ai bien vécue après la lecture d’une partie du livre de Whitley Strieber « Wolfen ». Même encore maintenant plus de 20 ans après, je ne peux penser à ce livre sans un frisson « Et si… ». Un des rares livres que j'ai abandonné pour cause de pétoche irrépressible.


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  • Un texte écrit pour les Fanes de Carottes et revu par In-folio. Je vous donne le thème à la fin sinon c'est trop facile de deviner dès le début qui est le narrateur.

    J'ai toujours vécu dans cette rue. Je ne l'ai jamais quittée.

    Bien sûr, je me souviens peu de mes premiers jours, j'étais petit et frêle mais tendrement soigné par mon père adoptif. De ce temps ne me reviennent en mémoire que de belles dames en robes longues, des voitures tirées par des chevaux, des cerceaux poussés par de jeunes enfants. A l’époque, je ne savais pas encore ce qu’étaient ces êtres étranges, tous ces géants m’effrayaient un peu, tant j’avais peur qu’ils ne m’écrasent.

    Puis j'ai grandi et forci. A ce moment là, j'ai commencé à observer mon entourage. Les jeunes me faisaient maintenant moins peur, les adultes passaient indifférents, mais les chevaux eux m’inquiétaient toujours avec leur taille impressionnante, je me sentais encore bien vulnérable près d’eux.

    A un moment donné, dans ma rue, il se mit à circuler de plus en plus de voitures, elles étaient étranges faisaient du bruit et dégageaient des mauvaises odeurs, les chevaux, qui alors ne me faisaient plus peur, devenaient de plus en plus rares.

    Je croisais souvent des nounous qui promenaient des bébés dans de grands landaus hauts sur roues.

    Ces petits m'intéressaient tout particulièrement, alors, au fil du temps, je les ai étudiés.

    C'était amusant d'assister à leurs premiers pas un peu chancelants, puis de les voir jouer, ou plutôt essayer, de jouer ensemble. D’ailleurs combien de fois les ai-je aidés à se cacher les uns des autres ? Bien souvent il y avait des disputes qui finissaient dans les larmes, puis dans les rires. Certains mêmes s’endormaient nichés tout contre moi, que c’était doux !

    En grandissant, ils venaient me confier leurs problèmes, leurs joies, leurs peines.
    Et puis, leurs amours naissantes aussi. Parfois leurs familles ne s'entendaient pas et mes petits amis étaient bien tristes, ils venaient parfois me confier leur peine et se jurer un amour éternel en me prenant pour témoin. Mais à cette époque, il fallait obéir aux parents, et très souvent, la mort dans l'âme, ils se séparaient et tentaient de trouver le bonheur autrement. J'étais bien peiné pour eux, mais je ne pouvais rien y faire malheureusement. D'autres, au contraire, s'unissaient et bientôt ils venaient me présenter leur progéniture. Quel plaisir pour moi !

    Bien sûr, il y avait aussi des personnes peu aimables, des commères qui, assisses sur le banc près de moi, critiquaient tout un chacun. Des hommes brutaux maltraitaient leurs épouses et leurs enfants, et elles venaient souvent là pour s’en plaindre à leurs amies… j’aurais tant aimé les aider.

    Souvent, j'accueillais les vieilles personnes qui venaient se reposer près de moi. Elles me racontaient leur vie, comme si je n'en avais pas déjà suivi une bonne partie.

    Et puis un jour, ce fut l'horreur. Les habitants de ma rue paraissaient terrifiés, beaucoup pleuraient. Certains des gamins que j'avais connu dans les langes revêtirent d'étranges costumes et partirent. Parfois, les compagnes de certains d'entre eux venaient me voir et sanglotaient près de moi, j'essayais de les consoler, mais ce n'était pas facile. Il n'y avait plus de joie, ni de lumière dans ma rue.

    Une nuit, il y eu un bruit effrayant, quelque chose explosa et plusieurs maisons s'effondrèrent. Des amis périrent, d'autres furent blessés. Moi-même je reçus un éclat qui fit une large entaille dans mon flanc et me laissa une cicatrice. Quand tout cela allait-il finir ?

    Cela vint un jour, d'énormes voitures sans roues passèrent, les habitants criaient des hourras, embrassaient les hommes assis sur ces étranges engins.

    Et petit à petit ma rue pansa ses plaies, certains de mes jeunes amis revinrent, les yeux hantés de choses que je ne verrai jamais. Et comme lorsqu'ils étaient enfants, après une bagarre, ils venaient se réfugier près de moi.

    La vie devenait de plus en plus trépidante, de plus en plus de voitures, des petites maisons remplacées par des immeubles, heureusement pour moi mon petit coin de rue fut transformé en square nous ménageant un coin de paix, à moi et aux enfants, de plus en plus nombreux, qui peuplaient la rue.

    Je n'aime guère l'hiver je me sens délaissé par mes jeunes amis, alors je m’endors mon rythme de vie est si différent du leur. Mais dès que le printemps revient, je peux à nouveau m'amuser de leurs jeux. Et en eux je retrouve les enfants que j'ai vu grandir, aimer, et partir parfois.

    Je commence à être vieux, à me sentir vieux. Régulièrement des hommes viennent me voir, m'auscultent.
    "Croyez-vous qu'il soit encore suffisamment en forme" leur demandent mes amis.
    "Oui, il peut encore vivre de nombreuses années"
    "Tant mieux, vous savez je l'ai toujours connu, mes parents et mes grands-parents aussi, elle serait triste cette rue sans lui".

    Et moi, dans le square, je secoue doucement mes feuilles pour leur faire comprendre que leur amitié me réchauffe et que ma rue est sans conteste la plus belle du monde.

    L
    e thème était intelligence végétale

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  • Défi du Samedi nous proposait d'écrire un texte en nous laissant guider par une musique. J'ai choisi celle-ci


    Your Heart Is So Loud - Colleen  

    Pépé Athanase (NDLR : pour ceux qui ne seraient pas au courant il s’agit de l’époux de Mémé Célestine et de l’arrière-grand-père de Mimi) s’installe près du feu dans son grand fauteuil. Ce soir, c’est veillée conte pour ses arrières-petits-enfants. Ils sont tous assis sur le tapis près de lui. Mémé Célestine observe tout ce petit monde du coin de l’œil en souriant et se plonge dans son sudoku. 

    « Aujourd’hui les petits » commence Pépé Athanase de sa belle voix profonde « je vais vous raconter une histoire triste ». 

    Il se penche et attrape sur une petite table près de lui une curieuse cassette ouvragée. 

    Il l’ouvre et une musique poignante s’en échappe. 

    Les enfants l’écoutent religieusement, ils savent bien qu’il ne sert à rien de presser Pépé Athanase qui racontera son histoire quand il le voudra. 

    La boîte passe de main en main pour finir entre celles de Mimi, qui la détaille de plus près pendant que Tom son chat bleu renifle la chose avec intérêt. 

    Il s’agit d’une sorte de boîte à bijoux, mais au lieu de la traditionnelle petite danseuse, Mimi découvre deux petits personnages, un jeune homme et une jeune femme habillés à la mode d’autrefois, chacun évolue d’un côté de la piste de danse et ne se frôlent qu’au milieu du bout des doigts. Une grande tristesse se lit sur leurs minuscules visages, Mimi en a le cœur serré. 

    « Il était une fois » reprend Pépé Athanase « une sorcière, belle comme une fée, intelligente et riche, mais c’était, hélas, une sorcière noire qui ne savait faire que le mal ». 

    « Il existe d’autres sorcières » interrompt Mimi. 

    « Oui, ma chérie, il existe de gentilles sorcières, mais laisse moi continuer. Donc cette sorcière était méchante et avait le cœur noir. Un jour, elle croisa au village qui dépendait de son château, un jeune homme qui venait d’arriver pour s’installer comme tailleur. Elle lui trouva belle allure et lui commanda aussitôt des robes. Il avait des doigts d’or et il lui amena des robes merveilleuses de légèreté et de couleur. La sorcière en les revêtant senti son cœur battre un peu plus fort. Elle décida donc de faire plus ample connaissance avec lui et l’invita à souper avec elle. » 

    « Il n’a pas accepté dis ? » coupe à nouveau Mimi. 

    « Mais si, il a accepté ma poupée, arrivé depuis peu il ne savait pas encore qu’il avait affaire à une sorcière. Il se rendit donc au château un soir de pleine lune, un peu emprunté dans son beau costume du dimanche, il tendit à la sorcière un modeste bouquet de fleurs en remerciement de son invitation. Le dîner fut somptueux, la sorcière était parée d’une des plus belles robes de notre jeune tailleur, les mets étaient divins, mais hélas, ils furent servis par une petite soubrette souffreteuse, mal fagotée et d’un physique assez banal. » 

    « Pourquoi hélas » intervient à nouveau Mimi. 

    « Veux-tu bien me laisser poursuivre ma toute belle et tu le sauras. Pourquoi hélas, mais parce que bien qu’elle fut peut attrayante, notre jeune tailleur tomba tout de suite éperdument amoureux de la délicate enfant, au grand dam de la sorcière qui s’en aperçut aussitôt. Elle décida quand même de séduire le jeune homme. Au fil des jours elle le tenta avec ses richesses, avec sa beauté, avec l’étendue de ses pouvoirs. Mais lui n’avait d’yeux que pour la jeune servante. Et un jour, croyant que la sorcière était son amie, il lui confia qui souhaitait épouser sa suivante. La sorcière en fut folle furieuse, mais elle fit bonne figure et lui annonça dans un beau sourire qu’elle leur offrirait un beau cadeau pour leurs épousailles, un cadeau qui leur permettrait de vivre longtemps côte à côte. » 

    « Aïe, aïe, aïe » s’écrient ensemble tous les enfants suspendus aux lèvres de Pépé Athanase. 

    « Oui, comme vous dîtes, aïe. Le jour du mariage, la sorcière fit venir les fiancés dans son château pour leur offrir son cadeau. Il s’agissait de la boîte que vous avez eue entre les mains. Elle la leur donna en les priant de la tenir chacun d’un côté afin qu’elle puisse les bénir. Naïfs, les deux amoureux obéir. Ils tinrent chacun un côté de la boîte, leurs doigts ne faisant que s’effleurer. Et la sorcière déclama « A jamais vous resterez côté à côte », les jeunes sourirent, heureux, quant elle repris avec un rire odieux « oui côte à côte mais sans jamais pouvoir vous enlacer » un éclair fulgura de ses doigts, la boîte tomba à terre, les fiancés s’étaient transformés en petites poupées qui se mirent à danser chacune de leur côté de la boîte, ne pouvant que s’effleurer les bouts des doigts lorsqu’ils arrivaient au milieu. La sorcière satisfaite de sa vengeance se débarrassa de la boîte qui fut récupérée par un de mes aïeux, celui-ci transmis la boîte et l’histoire à ses descendants comme je le fais aujourd’hui » 

    « Mais et la sorcière ? » s’enquière Mimi « elle n’a pas pu s’en sortir et comment les délivrer les pauvres ? »

    « Ca ma toute belle » répond Pépé Athanase « c’est une autre histoire »

     

    « Bof » fait un des enfants « c’est du flan tout ça, ce n’est rien qu’une vieille boîte à musique »

     

    Et tandis que ses cousins et cousines se lèvent pour aller profiter du chocolat chaud que Mémé Célestine leur a préparé, Mimi et Tom regardent la boîte à musique d’un air désolé. Tout à coup Mimi perçoit entre ses mains ce qui ressemble aux battements de deux cœurs qui résonnent à l’unisson. Interloquée, elle lève les yeux et croise le regard bienveillant de son arrière-grand-père. Celui-ci lui sourit « Tu entends n’est-ce pas ? Peut-être trouveras-tu le moyen de les délivrer, prends cette boîte elle est à toi »

     

    Mimi serre la boîte contre son cœur, remercie Pépé Athanase et avec Tom, ils commencent à réfléchir au moyen de libérer les prisonniers. Mais ça chers lecteurs, c’est aussi une autre histoire.

     

     

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  • Défi du samedi avait fait très fort. Il fallait répondre à la lettre suivante

    Mme Katia Laipouls-Scière                                           Vendredi 15 mai 2009
    Aide-soignante de jour
    à la Résidence des Écureuils
    28*** Berdoncière

    Madame, Mademoiselle ou Monsieur,

    Madame Mireille Icks vient de décéder, à l’âge de 94 ans, le 8 mai 2009, à la maison de retraite des Écureuils de Berdoncière.
    Avant de mourir, elle m’avait confié un petit agenda très usagé. J’y ai trouvé toutes les adresses notées au cours de sa longue vie. Certaines semblaient très anciennes. La vôtre y figurait.
    Quels étaient vos liens avec Madame Mireille ? A quelle époque de sa vie l’aviez-vous fréquentée ? Quels souvenirs avez-vous conservés d’elle ?
    Je ne l’ai connue que fort âgée. Elle se livrait peu. Je voudrais que vous m’aidiez à me faire une idée de son passé. J’ai entrepris d’écrire à toutes les personnes dont je suis parvenue à déchiffrer les adresses.
    Je lirai toutes les réponses et, au cimetière, je brûlerai votre lettre et laisserai tomber les cendres sur la modeste tombe de Madame Mireille. J’étais seule à suivre son enterrement.
    Vous serez aimable de m’envoyer votre lettre à l’adresse suivante : samedidefi@hotmail.fr, vous prendrez la précaution de préciser : “Tentative d'esquisser le portrait d'une inconnue.”
    Je vous prie d’agréer, Madame, Mademoiselle ou Monsieur, l’expression de mes sentiments les plus dévoués.

    Katia L.-S.

    P.S. : Ne vous étonnez pas qu’une aide-soignante d’une maison de retraite de campagne sache rédiger une lettre sans trop de  fautes d’orthographe, j’ai profité d’un des rares moments de lucidité hebdomadaire d’un gentil vieux monsieur de la résidence qui a accepté de relire mon brouillon en échange d’une sucrerie proscrite par la faculté “diafoirine”.

    Chère Madame,

    Je viens de recevoir votre courrier et il me rend fort perplexe.

    Effectivement, ma famille a bien connu une Madame Mireille, mais elle s'appelait Zède et non Icks.

    L'adresse à laquelle vous avez envoyé votre courrier est celle de la maison familiale depuis près de 200 ans, donc je suppose que la personne qui a rempli ce carnet connaissait effectivement notre famille.

    Cette Madame Mireille, quelque soit son nom de famille, est entrée dans ce que je me plais à appeler "les légendes familiales".

    C'est mon arrière grand mère qui m'a parlé pour la première fois de cette dame avec laquelle elle avait été amie un long moment.

    C'était une personne très étonnante qui lisait dans les cartes et préparait d'étranges philtres. Elle était très prisée à l'époque par les bourgeois de notre petite ville.

    Toutefois mon arrière grande mère était la seule à être proche d'elle, elles échangeaient, m'a-t-elle dit, de petits secrets, se soutenaient dans l'adversité, bref il s'agissait d'une belle amitié, d'autant que Madame Mireille avait prédit à mon arrière grand mère une vie heureuse à elle et à sa descendance et je dois dire que c'est bien ce qui se produit.

    Et puis, un jour sans que rien ne le laisse présager, cette dame a disparu sans laisser la moindre trace. Mon arrière grand mère a bien essayé de la faire retrouver, mais à l'époque vous vous doutez bien que les moyens d'investigation étaient fort limités.

    Pour en revenir à ce qui m'étonne le plus et je suppose que vous devez avoir compris, c'est l'âge que vous donnez à Madame Icks, 95 ans.

    Or lorsque mon arrière grand mère l'a rencontrée pour la première fois, Madame Mireille avait déjà près d'une cinquantaine d'années. J'ai donc fait un rapide calcul, votre Madame Mireille aurait donc eu plus de 150 ans, ce qui vous en conviendrez est un peu excessif même pour une personne avec ses dons.

    Votre Madame Icks devait probablement être la petite fille de notre Madame Zède.

    Juste un dernier détail, notre Madame Mireille avait, aux dires de mon arrière grand mère, une tâche de naissance en forme d'étoile au poignet, ce serait fort étonnant que votre Madame Mireille ait présenté la même caractéristique, non ?

    En souvenir de notre Madame Mireille, je me permets de vous adresser, en remerciement pour votre dévouement, un chèque qui vous permettra de fleurir la tombe de cette personne et de vous offrir un petit cadeau à titre amical.

    Cordialement

    Martine Vingtsept


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  • Pour Défi du Samedi : Pour la soixantième, on vous propose de jouer aux devinettes. Vous avez bien lu!
    Samedi prochain, seule la liste des participants ainsi que les textes non signés seront publiés et devront être écrit en arial 12. Ce sera à vous de deviner qui a écrit quoi. Le thème : l'acidité

    "Assis" dit Thé la maîtresse (pardon la professeure des écoles) en entrant dans la classe des petits Défiants.

    "Aujourd'hui rédaction"

    "Ah non" s'exclament-ils tous en choeur.

    "Ah si !" dit Thé "Le thème sera l'Acidité et vous êtes priés d'écrire en Arial taille 12, allez sortez vos feuilles et au travail"

    Ca grommelle dans les rangs.

    "Comment veux-tu arriver à faire des bons mots avec ça"

    "Et puis moi j'aime pas Arial"

    "Et d'abord comment veux-tu qu'on arrive à écrire en Arial, moi je sais écrire qu'en Script"

    "J'aime pas le citron"

    "J'aime pas le vinaigre"

    "Je m'en vais retourner dans les grandes plaines du far-west"

    "Et les montages photos comment on les fait en Arial je vous le demande"

    "Et moi qui aime mettre des petites images partout ben je vois pas comment ça va passer inaperçu"

    "Vous croyez que je vais arriver à caser Miss Chasseriaux là-dedans ?"

    "Et les vidéos vous en avez vu beaucoup vous en Arial"

    Bref, c'est la révolution dans la classe des Défiants, ils râlent après la 60ème consigne, faut dire que Thé la prof leur en donne à faire des rédacs, c'est de l'acharnement, au moins une toutes les semaines, comment voulez-vous ne pas être un peu acide après ça.

    "Acidité, acidité est-ce que j'ai une gueule d'acidité"

    "Ah si dit Te(b), il y a un truc auquel elle n'a pas pensé la prof, elle a pas dit s'il fallait écrire justifié, centré, à gauche ou à droite"

    "Ouais pas bon jusqu'à maintenant on est pas des masses à avoir écrit en centré"

    "T'es pas positif toi tiens !"

    "Non, je suis acide voilà"

    "Alors les enfants" dit assise Thé "ça avance ?"

    "On réfléchit"

    "De toutes façons nous on est pas acide on est tout doux et gentil"

    "Je ramasse les copies" dit Thé à ses élèves "Mais c'est quoi ça, c'est la révolution ? Il n'y a rien d'écrit sur vos feuilles"

    "Ah si" disent-ils "regardez en deuxième page"

    Et Thé la prof voit écrit en Arial taille 12 bien appliquée le même mot sur toute les copies "Acidité".

    Ca ne va pas être facile à noter ça !

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